Chapitre 9

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A peine Poirot, Hastings, Jones et Vermont avaient-ils investi le bureau de ce dernier que le téléphone sonna.

Le commissaire décrocha.

- Vermont... Quand ? ... Faites-le monter. grogna-t-il.

- Un problème ? demanda Poirot.

- Oui et non. La France vient de nous diligenter un inspecteur de la brigade financière sur l'affaire Servier. Il attend à l'accueil depuis plus d'une heure... Je n'ai pas le temps de vous déposer à l'hôtel...

Déjà trois coups étaient assénés à la vitre opacifiée.

- Entrez ! gronda le commissaire.

La porte s'entrouvrit et un visage affichant un sourire contrit apparut dans l'entrebâillement.

- Commissaire... Mr...

- Inspecteur Dutois. Brigade financière.

Un homme d'une grande taille poussa la porte et doubla d'un pas assuré le pauvre agent resté paralysé à l'entrée.

Le français était châtain foncé, aux yeux verts, élégant dans un costume trois pièces anthracite en flanelle de belle qualité.

Poirot se raidit. Durant un centième de seconde, il avait cru voir débouler Beitling comme des mois auparavant dans son appartement de Whitehaven Mansions.

- Enchanté, je suis le commissaire Vermont. Laissez-moi vous présenter Sam Jones, le capitaine Hastings et Hercule Poirot.

Entendant prononcé son identité, le détective sortit de ses songes.

- Enchanté... J'ai entendu parler de vous sur le continent européen. Avez-vous la même notoriété au nouveau monde ?

Poirot s'apprêta à répondre mais resta la bouche ouverte.

- ... Je suis ici au sujet de Bernard Servier qui, dois-je vous le rappeler, était le président d'une des plus importantes entreprises plasturgiques de France.

Dutois s'était déjà détourné du détective pour s'entretenir avec le commissaire.

- En quoi la brigade financière est-elle concernée par ce décès ? intervint Sam Jones.

- Bernard Servier était sous haute surveillance dernièrement.

- Et pour quelle raison ? demanda Poirot d'un air pincé, fâché du peu d'intérêt que Dutois lui avait porté quelques instants auparavant.

- Nous le soupçonnions de fraudes, de transferts d'argents vers certains comptes à l'étranger. Ce que nous appelons communément les paradis fiscaux. Les rumeurs quant à nos suspicions avaient bien entendu inquiété nombreux actionnaires et partenaires de Servier. A son retour, il aurait été dans l'obligation de s'expliquer et de fournir, devant son conseil d'administration et devant les tribunaux, des éléments gageant de sa bonne foi face aux preuves que nous aurions réunies, une question de temps.

- Mais Servier n'a plus rien à démontrer maintenant. soupira Hastings.

- Je suis donc ici pour mettre au clair les circonstances de la mort de Servier. Il aurait très bien pu être assassiné. En effet, devant un tribunal, il n'aurait pas été le seul à écoper. D'autres têtes seraient tomber.

- Lesquelles ? demanda Vermont.

- Nous enquêtons sur ces personnes. Mais nous n'avons pour le moment que très peu d'informations.

- Bernard Servier aurait-il pu organiser son séjour à Leadville dans l'unique but de rencontrer ces mêmes personnes afin de décider de la suite des événements ? souleva Poirot.

Poirot : La femme en bleu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant