Chapitre 1 : Lumière

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Arya. 17 ans. Mes seuls souvenirs. Je commençais juste à me réveiller. Autour de moi, des ténèbres impénétrables. Quand mes yeux furent habitués à l'obscurité ambiante, je pus discerner enfin formes et contours. Allongée sur un vieux matelas troué soutenu - non sans difficultés - par un cadre de métal piqueté de rouille, je tentais vainement de me rappeler par quels moyens j'en étais arrivée à cet état-là. Rien. Je n'ai de souvenirs que ceux qui se sont installés dans ma tête dès l'instant où j'ai ouvert les yeux. 

M'asseoir fut la décision la plus importante que je pris dans les 5 minutes suivantes. Ou peut être 10. Ou même seulement 30 secondes. Je n'avais aucune perception du temps. Seulement une vague idée dont la pièce dans laquelle je me trouvais était un grand pavé de béton dans lequel un vieux lit avait été installé. Même boulonné au mur, pour plus de précision. Dans le fond de la salle cependant, en me décidant enfin à jeter un coup d'œil circulaire autour de moi, je parvins à distinguer les contours de ce qui me semblait être un grand coffre en bois. Il avait l'air ... seul. C'était le seul meuble digne de ce nom que j'avais vu depuis mon réveil. 

Me lever fut, au début, une chose impossible. Je ne pouvais pas faire passer l'intégralité du poids de mon corps sur mes deux jambes. Mes muscles endoloris criaient à chaque fois que j'essayais. Au bout d'une énième tentative, je pus enfin me tenir debout, ce qui était un exploit pour moi, qui avait l'impression d'avoir dormi pendant une dizaine de mois, voire d'années. 

En marchant avec une main sur le mur, je ne rencontrais que du béton nu, sans aspérités. Au moment où j'allais me rasseoir sur le lit, en me posant la question vague de l'utilité d'enfermer une jeune fille nue dans un bloc de béton, mes doigts butèrent sur quelque chose de froid. De lisse. De ... métallique. En tapotant vaguement, je pus en déduire que cela faisait un quart d'heure que je tripotais une porte d'acier renforcée, sûrement blindée. Évidemment, impossible de l'ouvrir à la main et la serrure particulière que j'avais sentie lors de mon exploration tactile me confortait dans l'idée que je n'étais pas enfermé depuis l'extérieur. À moins que je n'ai pas la clé. 

Me souvenant de ce détail, je me dirigeai vers le coffre en bois et l'ouvrit avec précaution. Il y avait là une sorte de combinaison très moulante de couleur grise, une paire de baskets parfaitement à ma taille et un masque à oxygène. Ce détail ne m'avait pas frappé sur le coup, mais c'est en écrivant ces lignes aujourd'hui que je me rends compte que celui qui avait déposé ces affaires à mon intention ne cherchait pas à me rassurer. Les habits qui m'avaient été offerts n'étaient pas au top de la mode mais cela suffisait pour le moment. Je les enfilais donc. 

Le reste du contenu du coffre était plutôt intrigant. En effet, dans le fond du coffre, entre les rations de nourriture lyophilisée, la bouteille d'eau et ce carnet, se trouvait un magnifique arc. Accrochée à une poignée en argent, la corde reliant les deux branches souples et effilées était tressée de fil de fer. Fourni avec, un superbe carquois d'argent contenait une bonne trentaine de flèches d'argent, avec une pointe de bronze et des plumes d'étain. Le prenant dans une de mes mains, je sentis à quel point il était puissant et bien équilibré pour moi. Je n'avais cependant pas le temps de m'émerveiller autant, car il fallait quand même que je sorte de là pour pouvoir profiter de cette arme. 

Le fond de la malle était couvert par une cape pourpre que je pouvais attacher avec une broche en forme de feuille de chêne, en or. En m'habillant, à tâtons, toujours dans le noir complet, un tintement métallique retenti sur la dalle de béton qui me servait de sol. Évidemment me diriez vous. Effectivement, je trouvais sur le coup que c'était trop facile. Mais je ne me souciais guère de cela, car je n'avais qu'une idée en tête : sortir de cette prison de béton qui commençait à devenir oppressante. 

En récupérant le contenu du coffre et en le fourrant dans le sac à dos qui avait été mis à ma disposition, ainsi que la clé tombée par terre, je me dirigeais d'un pas rapide vers la porte. Mon cœur commençait à s'emballer, car je prenais enfin conscience que, si la clé ne marchait pas, je ne pourrais pas sortir de cet endroit. 

Je fus plus rassurée quand un déclic retentit quand je tournais la clé dans la porte. Je parvins à l'ouvrir juste assez pour que je puisse passer. 

La première chose qui me surprit fut la lumière. Une lumière blanche. Pure. Vive. Crue. 

Une lumière qui fait remonter des souvenirs. D'avant. Avant que je ne me réveille. Avant que je ne m'endorme. Avant que notre planète était ce qu'elle allait devenir. 


DeepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant