Chapitre 2 : Premiers pas

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Une Terre moderne. Futuriste. Mais toutefois plus polluante qu'autre chose. Une température moyenne augmentant de jour en jour. Ainsi, l'inévitable arriva. Une fonte massive et quasi-imprévisible de la banquise survint. Les côtes reculèrent dans les terres, bouleversant ainsi les écosystèmes de l'époque, inondant les habitations et engloutissant les littoraux. De nombreuses personnes sont mortes durant ce début de la fin. Le début de la fin ? Oui, l'expression est bien choisie. Car à ce moment là, la Nature avec un grand N se bouleversa complètement. De nombreuses espèces animales et végétales disparurent sur le coup, dont de nombreux poissons et petits mammifères terrestres. Les deux étendues de glace au Nord et au Sud avaient évidemment disparu, et tout ce qui n'avait pas été recouvert par l'eau et ne se situait pas proche d'une de ces nouvelles côtes n'était qu'un désert aride et brûlant, rendant ainsi la vie et l'installation humaine impossible. Je ne savais que trop bien à quel point les animaux allaient évoluer, car je l'avais étudié, enfant. De nouvelles espèces, hostiles, agressives, s'étaient installées. 

L'impact politique et économique me diriez vous ? Catastrophique. Les dirigeants des grandes puissances ont essayé de se racheter tant bien que mal pour ce qu'ils avaient fait, mais rien n'y faisait. De nombreuses guerres civiles ont éclaté et la plus grande majorité des gouvernements s'est effondré. La race humaine a commencé à s'entretuer au lieu de chercher des solutions. 

Après 10 ans de massacres et de violences, les Hommes ont enfin décidé de se mettre au boulot. Enfin, ce qu'il restait des Hommes. La population humaine globale fut réduite à un petit groupe de survivants qui, au lieu de se battre, ont choisi la meilleure solution. Ils ont construit des bunkers, comme celui dans lequel j'avais été enfermée, y disposant de quoi survivre. 

Les seuls souvenirs que j'avais sur le coup sont ceux que je viens de citer. Où je devais aller ? Que devais-je savoir pour survivre ? Rien. 

En jetant un regard circulaire autour de moi, je me rendis compte que le niveau de l'eau avait drastiquement baissé. Ce qui n'était pas forcément un avantage, car, maintenant, tout était recouvert d'une boue épaisse, salissante et gluante. Toute la végétation était dévastée, les troncs nus ne supportaient aucune branche ou feuille. Les seuls brins d'herbe que je voyais dépassaient lamentablement de la couche de vase. 

En posant un pied sur l'étendue verdâtre, je m'enfonçai jusqu'au genou. M'extirpant avec vigueur et dégoût, j'en venais à la conclusion qu'il me fallait absolument trouver un moyen de déplacement rapide et efficace. Une étrange coïncidence, aussi étrange que le coffre en bois contenant ce dont j'avais parfaitement besoin, avait disposé, non loin de là, de nombreuses carcasses de voiture, comme si je me trouvais sur l'ancien emplacement d'un parking. 

Après un effort surhumain et de nombreux bruits de succion, je pus atteindre la moins abîmée. Une Amphibiane. Un véhicule haut-de-gamme, utilisé par la police lors de courses-poursuites terrestres et maritimes. Quel hasard étrange ... Le châssis était complètement écrasé mais grâce à des compétences en mécanique que je ne me connaissais même pas, je pus transférer le moteur et les roues dans un autre châssis. Je vous épargne les détails peu intéressants, mais disons que le tronc de transmission m'a donné plus de fil à retordre que je ne le pensais. 

Avec un soupir de soulagement, le moteur décida qu'il était enfin temps de s'allumer, après être resté plusieurs années au repos. 

Slalomant entre les gratte-ciels tombant en ruine à vitesse raisonnable, je me demandais avec appréhension sur quoi j'allais tomber. Car, évidemment, les rations de nourriture et d'eau ne me suffiraient que pour deux ou trois jours tout au plus, cela ne serait pas si drôle sinon. 

Je décidai donc d'explorer la ville. Au fur et à mesure, les bâtiments grandissaient, la boue se transformait en eau, mais aucun ne semblait habitable pour autant. J'étais tombé sur des blocs de béton identiques au mien, vides, les lits défaits et les coffres en bois ouverts. Un doute me prit. Cela faisait trop de coïncidences. Tout d'abord le bunker avec le coffre. Ensuite, le fait que je me réveille à cette époque-là et pas pendant que le niveau de l'eau était encore haut. La présence d'une voiture amphibie et fonctionnelle. Les bunkers ouverts et vides. Je me surpris à penser que j'étais prise dans la machinerie infernale d'un sadique qui voulait simplement surveiller l'avancée de la race humaine après l'apocalypse. Effectivement, c'était trop. Mais j'avais quand même mes raisons d'y croire.

Mes pensées furent brusquement interrompues. Bruyamment même. Au début, le son n'était pas dérangeant. C'est quand il devint comparable à un hurlement que je décidai de lever les yeux. Un Hovercraft VSS dernier cri. Avant la montée des eaux, cette technologie de vaisseaux semi-spatiaux (VSS) n'était qu'au stade de projet. Et là j'en avais un au-dessus de ma tête. Qui me suivait et reproduisait chacun de mes mouvements à l'identique. Comme il ne semblait pas hostile, je décidai de ralentir, afin de voir s'il pourrait m'apporter de l'aide. 

C'est à ce moment là que deux canons latéraux sortirent d'un pan du vaisseau et commencèrent à cracher une grêle de plomb. 

DeepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant