Chapitre 3 : Secrets d'État

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Quand les balles touchèrent la surface boueuse de l'eau, le moteur de ma voiture était déjà gonflé à bloc. La première salve de balles n'avait, par chance, pas touché mon véhicule. Je pus donc trouver vite refuge dans un immeuble désaffecté avant qu'une seconde vague de plomb ne déferle sur moi. Celle-ci ne fit que trouer le mur en béton du garage dans lequel je m'abritais. 

Il me fallut attendre un bout de temps avant que le VSS ne se décide à repartir. La nuit était déjà en train de tomber quand le hurlement s'éloigna enfin. 

La pièce dans laquelle je me trouvais était idéale pour garer la voiture, à l'abri de la vue de tous. Si quelqu'un d'autre avait survécu que l'équipage hostile de l'Hovercraft. En ressortant dans la rue et en marchant sur les trottoirs, je pouvais me débrouiller pour ne pas finir trempée ou couverte de vase. C'est ainsi que je trouvai l'entrée du gratte-ciel dans lequel je m'étais réfugiée. Le bâtiment appartenait à la CIAM : Compagnie Industrielle en Aéronautique Militaire. Ainsi, ironie du sort (ou non), je me trouvais dans le bâtiment où le VSS qui venait d'essayer de me tuer avait été imaginé et conçu. 

La porte avait été défoncée par un tronc d'arbre, sûrement emporté par le torrent de boue qui avait fait de cette ville, une ville-fantôme, pendant la montée des eaux. De la vase balayant la ville, il n'en restait de trace que la couleur brunâtre des murs des immeubles et les arbres ou les carcasses de voiture déposées aléatoirement dans la ville. 

Ainsi, je pus entrer sans encombre dans un bâtiment relativement bien conservé des actes de vandalisme.

En voyant le plan affiché sur le mur, je fus rapidement découragé dans mon envie d'exploration. L'immeuble, haut de douze étages, comprenait une centaine de bureaux, de salles de réunions, de petits recoins et placards. Sans parler du sous-sol. Car, évidemment, tout bâtiment administratif de la Défense se doit d'avoir un sous-sol.

Pour une question pratique, je décidais quand même d'explorer ce fameux sous-sol. En prenant l'escalier, je débouchai sur un long couloir. La plupart des salles étaient juste remplies de grands étagères à classeur, remplies de fichiers sûrement classés top secret. Il serait intéressant de savoir avec quoi l'État dans lequel je me trouvais comptait anéantir ses habitants. Mais oui. C'était ça la solution. Je me précipitai sur un dossier, l'ouvris en répandant les feuilles partout jusqu'à trouver ce que je cherchais. 

Je me trouvais donc au Canada. Dans l'État de l'Ontario. Dans une ville créée il y a quelques années de toutes pièces par l'Homme. D'après la feuille que je lisais, qui relatait un événement qui c'était passé dans cette ville, de nombreuses émeutes raciales ont éclaté dans cette ville, il y a de cela 20 ans, divisant ainsi la population. Pour éviter que les gens ne s'entretuent entre les murs de cette ville pleine de technologies, les forces de l'ordre ont donc décidé de fermer les portes de la ville. C'est par le décret que j'avais entre les mains que tous les habitants, de n'importe quel bord politique qu'ils soient, devaient quitter leur domicile dans le mois. 

En continuant mon exploration du sous-sol, je tombai sur une grande porte d'acier. Exactement ce sur quoi j'espérais tomber. L'armurerie du bâtiment. La porte était évidemment ouverte. Je ne portais plus d'attention aux coïncidences étranges. 

Tous les nouveaux prototypes d'armes dernier cri étaient stockés là. En plus d'un stock conséquent de munitions, je fourrai dans mon sac à dos un couteau à lame électrique et passais la bandoulière d'un fusil d'assaut dernière génération. Je ressortis de la pièce, repassai les salles avec les étagères et arrivai au bout du couloir, au bureau du concierge. Une pièce plutôt spacieuse s'ouvrit à moi. Je poussai le bureau contre le mur du fond, me déshabillai et utilisai mes vêtements en guise de matelas. 

En m'asseyant, je sortis de mon sac l'eau et les rations de nourriture. En en ouvrant une, je découvris une sorte de pain sec ainsi qu'un bout de viande sèche. Cela me suffisait amplement, car l'angoisse me coupait quasiment l'appétit. 

Mon repas avalé, je m'allongeai sur le dos. En tentant de m'endormir, je repensais à  tout ce qu'il m'était arrivé aujourd'hui. Je me suis levée dans un bunker,  ai découvert un sac rempli d'armes futuristes et aux parfaites mesures pour moi, ai réparé une voiture alors que je ne me connaissais aucune compétence en mécanique, faite quasiment abattre par un avion militaire dernier cri et je suis en train de me reposer dans une armurerie classée secret défense avec assez de papiers et de dossiers pour renverser un gouvernement entier. Enfin,  seulement s'il y avait eu un gouvernement. 

Voilà à quoi ressemblait ma vie actuelle. Il fallait maintenant que je découvre comment est ce que j'en étais arrivée là et surtout qui était derrière toute cette manigance.

Sur ces belles pensées, je m'enfonçai dans un sommeil profond.  

DeepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant