Chapitre 11 : Sommeil

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Le réveil fut brutal. Pas de sons forts, de violences physiques envers moi. Je me réveillai juste brusquement, pour me rendre finalement compte de l'environnement dans lequel j'étais. Une chambre d'hôpital. Un environnement blanc, désinfecté, lisse et sans saveur. En face de moi, une porte. Je me levai, oubliant ma douleur à la cheville. Cependant, dès que mon pied toucha le sol, un éclair de souffrance remonta dans ma jambe, jusqu'au bout de mes doigts.

Avec soulagement, je remarquai une paire de béquilles contre le mur. Clopinant jusqu'à la porte, je tournai naïvement la poignée. Fermée, évidemment. J'allai donc me rasseoir sur le lit.

Quel était cet endroit ? La seule bonne nouvelle — et encore — de la situation était que nous avions trouvé une trace humaine. Enfin, elle nous avait trouvés plutôt. Cette personne qui nous dirigeait depuis le début, qui nous avait réveillés de nos sommeils artificiels, qui nous avait envoyé des créatures mutantes, qui aurait pu nous tuer à n'importe quel moment, nous avait cordialement invités dans sa demeure au pied du Mur.

En guise d'ameublement, un chevet. C'est en ouvrant un à un les tiroirs que je constatai qu'il était complètement vide. Dans un coin, un coffre quasi-identique à celui qui se trouvait dans mon bunker, lors de mon réveil dans ce monde. Vide aussi. Une sorte de représentation vague de l'endroit dans lequel je m'étais réveillée le premier jour, en dehors du fait que tout était blanc et propre, et qu'il y régnait une odeur vague de désinfectant. C'est cela qui accentuait le contraste avec la pièce grise, et le sentiment d'insécurité que je ressentais dans cet endroit immaculé.

D'après moi, j'étais dans une sorte de laboratoire. Ou un hôpital. Pour ma cheville peut-être ? Pourtant, pas d'attelle. Ne cherchant plus à comprendre ce qu'il m'arrivait en ce moment, je décidai de fermer les yeux, et de me rendormir, profitant tant que je le pouvais du vrai lit qui m'était offert.

Une armada de docteurs et de personnes en blouses blanches s'affairant autour de moi me réveilla. Tous équipés de masques chirurgicaux et de gants en latex, je sentais qu'on me perfusait le bras, qu'on me tripotait la cheville et que l'on donnait des ordres ou des instructions. Je ne pouvais pas discerner tout ce qu'il se disait, mais je savais qu'ils parlaient la même langue que moi, car j'en comprenais certains mots. Les effets du réveil se dissipaient et je pouvais distinguer de plus en plus les personnes autour de moi. Des hommes et des femmes, apparemment en bonne santé, des égoïstes qui n'avaient même pas daigné nous sauver face à tous les dangers que nous avions rencontrés.

Edwin et moi. L'inquiétude m'enserra le ventre. Où était-il ? Que lui avaient-ils fait ?

Le temps que j'ai fini de me poser ces questions, les personnes autour de moi avaient eu le temps de repartir, laissant la porte ouverte.

Posées en évidence, les béquilles étaient une invitation à sortir de cette prison blanche.

Je les pris, et sortis de la chambre. Pour finalement me retrouver dans un couloir ayant la même ambiance froide. Une seule direction s'offrit à moi, je la pris en clopinant.

Je ne croisai personne lors de mon trajet, qui me semblait étiré dans le temps. Toutes les portes fermées et ouvertes que je rencontrais semblaient former un chemin, qui me menait dans une direction que je ne connaissais évidemment pas.

À travers des couloirs de béton, des tunnels de verre donnant sur l'extérieur ou des petits chemins sombres et mal éclairés, je marchai difficilement.

 Pour enfin arriver à ma destination finale. 

Je poussai une lourde porte moulée dans l'acier.

J'arrivai dans une salle qui ressemblait à un poste de commandement.

De nombreuses données, images et autres calculs défilaient continuellement sur des écrans accrochés au mur. Dans l'ombre, plusieurs personnes travaillaient, penchées sur des feuilles et cahiers remplis de chiffres.

Je m'avançais dans l'allée centrale, jusqu'à ce qui semblait être le centre névralgique de cette pièce.

Deux personnes se tenaient là, regardant une sorte d'écran, sur lequel je voyais des lieux qui me semblaient familiers. Le bunker dans lequel je m'étais réveillé, vide, l'immeuble des services secrets, la maison dans laquelle nous avons vécu quelque temps avec Edwin.

La personne au bureau se retourna, elle avait l'air hautement gradée.

Avec un grand sourire, il prononça ces mots qui me donnèrent d'abord un gros coup de chaud, pour ensuite me faire frissonner jusque dans le bas du dos.

"Te voilà enfin, ma fille."

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 23, 2023 ⏰

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