Chapitre 5

13 2 0
                                    

Je me retourna vers Driss, les yeux embrouillés par les larmes.

- Ils nous ont trouvé, c'est ça? Demanda t-il le regard vide.

J'hocha la tête lentement, n'éprouvant aucune émotion.

Driss me repoussa et sortit à l'extérieur. Les mains moites, j'attrapa un bout de bois que je mis dans mes poches. Je sortis à l'extérieur et la douleur me submergea.

Une partie du campement était en feu et un homme courait, brûlant de la tête au pieds. Une dizaine de corps était empilés les uns sur les autres dans un coin et une mère, agenouillée devant le corps de son enfant criait de douleur.

Le spectacle qui se déroulait devant moi me terrifiait, mais soudainement, les bruits s'arrêtèrent. Je n'entendais plus les cris, c'était le silence complet. Seul les battement de mon coeur, faisant résonner mon corps en entier parvenait à mes oreilles. Je ne ressentais plus rien, plus aucune émotion. Une phrase se répétait dans ma tête, maintenant, c'est l'heure. C'est l'heure de me battre.

Driss se tourna vers moi, apeuré.

-Cours! Me dit-il en m'entraînant par la main. Lune, réponds moi! Tu dois t'enfuir ils arrivent!

-Non je reste ici, dis-je en serrant mon bout de bois aiguisé dans ma main.

Il me prit la main et tenta de m'emmener de force.

-Ne joue pas à ça! Ils veulent notre peau, tu comprends? C'est fini, ils sont tous morts.
COURS! dit-il.

Je retira ma main.

-Nous allons mourrir, Driss et je refuse de ne pas m'avoir battu pour ma survie.

Il serra les dents en se retournant vers moi.

- C'est ce que tu veux, te battre? demanda t-il.

Je ne répondit pas, serrant mon pieu dans ma paume.

Driss regarda ma main qui tremblait et il soupira avant de se mettre à mes côtés.

-Si c'est ce que tu veux, alors nous allons nous battre. Et ils n'auront aucune pitié.

Un énorme cri sortit de mes poumons. Un cri de douleur qui était emprisonné en moi depuis trop longtemps, un cri qui me fit sentir si forte...un cri qui me fit moi-même frissonner.

Je m'élança sur un des monstres. La rage s'était emparée de moi et me rendait plus forte. Lorsqu'il m'aperçus, il me projeta facilement contre un arbre comme une vulgaire pierre. Mon corps frappa le bois dans un bruit sourd avant que je ne retombe. La douleur me parcouru de la tête aux pieds. J'avais envie de pleurer et de crier, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je me releva, faisant face une seconde fois à mon assaillant.

-Tu fais pitié, dit-il en souriant.

Ses dents, ensanglantées me donnait l'impression de vivre un cauchemar. Je me jetta sur lui, pieu à la main. Cette fois, je réussis à le maintenir sur le sol. Dans ses yeux, je ne voyais aucune ombre de peur. Cette chose était autrefois humaine, me dis-je.
Rapidement, j'enfonça le pieu dans sa peau.
Ma respiration était rapide et plus rien n'existait autour de moi.
Je me releva et regarda autour de moi, Driss n'était pas là.

-Driss! Criai-je de toutes mes forces.

Je ne le voyais pas, le campement était vide. La panique s'empara de moi, et je me mise à crier son nom sans arrêts juste avant de m'effondrer sur le sol.

-Driss...

Mes larmes coulaient jusque dans mon cou et je regarda mes mains, recouverte de sang. Je ne savais même pas s'il s'agissait du mien.
Soudainement un cri retentit dans les bois.

-Lune! Aide moi!

Je me releva et me mise à courir. Les branches écorchaient mon visage et des filets de sang coulaient le long de mes joues.

-Driss! Où est-tu!? Criai-je.

J'entendit sa voix proche de moi.

-Lâchez moi! Lune! Dit-il.

Je l'aperçu, entraîné dans la forêt par deux hommes.

-Driss!

Je m'élança sur les monstres, essayant de les rattraper .

Tout à coup, ils disparurent dans les bois. Je continua à courir, m'accrochant à l'espoir qui me restait.

-Non...

Je regarda autour de moi, essayant d'apercevoir quelqu'un. Tout tournait en boucle dans ma tête, Driss avait disparu et il allait mourir. J'étais seule, dans cette forêt sans vie et livrée à moi même. Ils étaient tous morts, tous morts, tous sans exception. Pourquoi avais-je survécu? Pourquoi étais-je toujours en vie?

Tout à coup, mon corps se figea. Aveuglée par les larmes et les yeux écarquillés je fixait l'horizon. Avec horreur, je sentais un souffle sur ma nuque. Je ferma les yeux et chuchota doucement.

-Driss...?

Personne ne répondit. Je me retourna lentement, sentant toujours la respiration sur mon cou. Je n'eu le temps que d'apercevoir un homme avant de m'évanouir dans ses bras. Tout était devenu noir...

À suivre...

Lune Où les histoires vivent. Découvrez maintenant