Âllo Maman Bobo - IV

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À force de me juger tous les jours de la tête aux pieds
À fleur de peau, mal dans ma peau, putain, j'suis dégoûtée

    
         
- 𝐘𝐌𝐈𝐑 𝐅𝐑𝐈𝐓𝐙

Il est sympa ton nouveau cargo, Ymir.

La plus grande remercia brièvement Sasha. Elle était bien la seule à lui dire, Jean était en train de discuter par message avec un gars de son club de basket, et Connie était encore et toujours en retard.

Ymir sentait le regard pesant des gens sur elle, jugeant son physique, sa façon de s'habiller, son comportement, jusqu'à sa démarche. Elle n'était pas féminine, et elle le savait bien. Faire comme tout le monde lui coupait l'envie de vivre.
Pourquoi vivre si c'était pour être un parfait petit clone des envies de la société ? Toutes ces filles, touts ces garçons, ils se ressemblaient tous. Ça faisait peur à voir.

Ymir ne connaissait pas tout le monde, normal quand on étudie dans un lycée de 800 élèves, mais elle avait réussi à cerner un bon tiers de ces camarades. Et parmi eux, seulement trois avaient réussi à s'immiscer dans sa vie. Sasha, une morfale elle aussi pas très féminine. Connie, un cancre chauve totalement amoureux de Sasha. Et Jean, un égocentrique 100% bisexuel très à fleur de peau. Ces trois idiots étaient ses amis depuis la seconde, depuis, plus personne ne les avait rejoint dans leur groupe.

Seulement, Ymir avait fait la connaissance de Historia, une jolie fille très gentille et toujours là pour les autres. Au début, elle ne l'intéressait pas le moins du monde. Mais à force d'entendre parler d'elle partout, la brune s'était intéressée à sa personne. Et finalement, elles n'étaient pas si différentes, toutes les deux.

Se faisant démontées par les critiques et survivant grâce à l'aide de petits boulots, elles connaissaient une peine similaire. 

Pour Ymir, c'était parce qu'elle n'était pas féminine. Ces pantalons cargo, sa veste de rugby et sa casquette de NBA lui valait les regards désapprobateur de ceux qui la croisait. Son ton de voix fort et sa tendance à exprimer son opinion en se fichant de l'avis des autres y étaient aussi pour quelque chose. Tous les jours on la jugeait de la tête aux pieds, critiquant parfois même son homosexualité.
Mais elle n'avait que faire de l'avis de tout ces moutons. Si eux ne pouvaient pas se forger un opinion divers, alors elle le ferait à leur place.

Son ami chauve arriva en courant derrière eux, les appelant en faisant de grands mouvements avec ses bras.

Salut les gars ! Oooh, vraiment cool ton pantalon, Ymir.

Ouais. Dit la gouine, c'est au rayon homme de quel magasin que tu l'as acheté ? Ou volé, on sait jamais vraiment avec toi.

Se moqua un élève passant par là.

J'encule toute ta famille sur sept génération, Frock. Tu dois connaître, c'est inspiré de toi.

Connie et Sasha crièrent des "popopooooo", les mains autour de la bouche et Jean détacha enfin son regard de l'écran. Le dénommé Frock s'indigna et partit sans demander son reste.
Les deux idiots de la bande se tapèrent dans la main en rigolant.

Les quatres amis se dirigèrent vers leur salle de classe, encore sous les regards des autres élèves. À force, Ymir s'y était habituée et elle faisait comme si elle passait au dessus. Il fût un temps où cela était vrai, mais accumuler les remarques était compliqué, même pour la plus forte des personnes.

Devant la glace, elle s'efforçait de dire qu'elle s'aimait, qu'elle n'était pas si horrible que ça, mais le fond de sa pensée était tout autre chose.
Elle se sentait trop fine, trop grande, trop musclée, trop moche. Son teint lui paraissait trop hâlé et ses joues trop pleines de tâches brunes. C'était comme les insultes des passants, il y en avait toujours trop mais jamais assez.

Plus elle observait son reflet, plus elle se trouvait des complexes. Ymir se dégoûtait un peu plus d'elle même chaques jours.

Les pieds traînant, la brune et ses trois amis arrivèrent dans la prison où ils allaient passer 1 heure à parler guerre, histoire et dates. Jean tapait un dernier message en rangeant son cellulaire tandis que Connie et Sasha partageait un dernier fou rire, la morfale assénant une tape amicale dans le dos de Connie. Ymir souffla face au comportement enfantin de ces amis et alla s'assoir à sa place.

Les yeux de ses camarades ne la quittait pas, la jugeant toujours plus.

𝐀𝐥𝐥𝐨̂ 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐁𝐨𝐛𝐨, 𝗒𝗆𝗂𝗄𝗎𝗋𝗂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant