Allô Maman Bobo - VI

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Je flagelle mon corps à coup de regard dans la glace

 
  
- 𝐘𝐌𝐈𝐑 𝐅𝐑𝐈𝐓𝐙

Parfois, en dehors de mon petit ange et de mon petit démon, j'ai l'impression qu'il y a trop de monde à l'intérieur de moi.

Soupira Ymir alors que Jean l'écoutait attentivement à l'autre bout du fil.

Penchée au dessus du lavabo de sa salle de bain, son regard ne dérivait pas de son visage et elle se trouvait plus de défauts que de qualités. Elle se mentait à elle-même et ça la mettait mal à l'aise.

T'es sûre que ça va ? Pourquoi tu me racontes tout ça ?

La brune réfléchit. Il y avait bien Connie et Sasha à qui elle aurait pût en parler, mais elle n'était pas sûre qu'ils voient les choses comme il fallait. Jean était le plus qualifié à l'aider.

Parce que je ne peux pas le dire aux deux idiots, ils sont déjà trop occupés à s'aimer de loin. Et puis t'as sûrement déjà dû vivre ça avec ton copain du club de Basket, le manque de confiance en soit.

Dans sa petite maison, Jean était bouche bée, bouche bée et légèrement rouge.
Ymir se confiait à lui et il était maintenant de son devoir d'être un bon confident.

Ça a un rapport avec une fille ?

Ymir soupira de l'autre côté du combiné.

Non, mais j'ai peur ce soit bientôt le cas.

Une fille... Au lycée, elles étaient toutes barbantes, superficielles, sans personnalité, idiotes. Leur manie de rigoler comme des dindes en enroulant une mèche de leurs cheveux parfaitement bouclés autour de leur doigt donnait à Ymir l'envie de les frapper. Elles étaient toutes comme ça, à quelques exceptions près. Exceptions qui étaient son amie Sasha et la pute du bahut, Historia Reiss.

Au début, elle pensait que la blonde était comme toutes les nana de première. Mais à force d'entendre des rumeurs sur elle a longueur de journée, Ymir commença à se demander ce que cette adolescente avait de si spécial pour qu'on parle tout le temps d'elle. La brune mena donc sa petite enquête sur la fille Reiss. Elle apprit son passé et, plus difficilement, les raisons la poussant à faire ce qu'elle faisait.
Finalement, c'était une brave fille, jolie, intelligente et gentille. Et elle jouait ingénieusement de ça pour se faire quelques sous.

Et tandis que certains trouvait ça lâche et dégoûtant, Ymir trouvait ça courageux et beau.

C'était plus courageux de sa part que lâche d'offrir son corps a des inconnus au lieu de désespéré. Et c'était beau la façon qu'elle avait d'aimer ça mère. De lui dire silencieusement : tout va bien se passer, on ne perdra pas fasse à tout ces chieurs.

Et à force de parler avec la blonde, à force de la taquiner, de l'embêter, Ymir c'était mise à l'apprécier de plus en plus.

Historia Reiss, hein ? Tu devrais l'inviter à traîner avec nous après le lycée, elle et sa bande de pote.

Avoue que tu proposes surtout ça parce que Marco est proche d'un de ces potes.

Jean balbutia quelque chose qu'Ymir ne compris pas avant de raccrocher précipitamment.

L'inviter à traîner avec eux, à boire des bières, à fumer des clopes et à bouffer des Haribo et des chips ? Ça pouvait être une bonne idée, bizarre venant de Jean.

Toujours penchée sur le rebord du lavabo, elle s'observa une énième fois dans la glace. Comme un dessin qu'il ne faut pas trop regarder sous peine de lui trouver trop de défauts, Ymir regardait son corps trop de fois. Plus de fois qu'il ne le fallait. Elle se sentait mal à l'aise devant elle-même, prête à tomber à genoux. Ses jambes la lâcheront un jour, elle espérait juste que ce jour n'arrive pas trop vite. Quoi que... Finalement elle n'en avait plus rien à foutre.
Que ses jambes la lâche si elles en avaient envie, et que son cœurs et son corps fassent de même.
Qu'on lui casse le nez, qu'on lui déboîte la mâchoire et qu'on lui crève les yeux si ce n'était que ça.

De toute façon elle continuerait de se déformer dans le miroir.

𝐀𝐥𝐥𝐨̂ 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐁𝐨𝐛𝐨, 𝗒𝗆𝗂𝗄𝗎𝗋𝗂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant