Allô Maman Bobo - V

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Mon image en mosaïque dans ce miroir que j'ai brisé
J'me sens moche, rien qu'une tache

    
   
- 𝐇𝐈𝐒𝐓𝐎𝐑𝐈𝐀 𝐑𝐄𝐈𝐒𝐒

Ils m'ont tous tellement touché que j'ai même plus l'impression d'avoir un corps qui m'appartient. Ce corps, c'est pas le mien.

Se confia la blonde en soupirant. Elle était tellement proche du vide qu'elle aurait pût sauter, et Ymir ne l'aurait même pas retenue.
"Faut vivre pour toi-même dans ce monde, pas pour les autres. Si t'as envie de faire quelque chose, fait le, personne n'a le droit de te dire si c'est bon ou mauvais." C'est ce que disait toujours Ymir. Historia n'avait pas réussi à la cerner, elle ne savait donc pas si la brune la retiendrait ou si elle la laisserait faire.

La plus petite s'éloigna du bord, son regard toujours rivé sur l'eau sous le pont.

Il est quelle heure ?

Deux heures vingt-quatre.

Hisoria avança sur le pont, tournant en rond sur celui-ci. Comment s'était-elle retrouvée là ? Ah oui, ça lui revenait.
Elle sortait de chez un client, se dirigeant vers le pont où elle avait l'habitude de s'arrêter avant de rentrer. Accoudée à la rambarde en pierre, elle s'était retournée lorsque la voix grave d'Ymir l'avait interpellé. Depuis, elles avaient passé une bonne heure à converser ou à ne rien faire.

Déjà ?

Demanda Historia.

Ouais, ça fait déjà une heure qu'on se conte à quel point la vie est une salope qui s'amuse à te niquer par derrière quand tout va pour le mieux.

Que de poésie, Ymir.

T'as vu ? Apparemment j'ai des ancêtres écrivains de la Résistance.

Hm, hm. Évidemment.

Les deux jeunes filles se regardèrent d'un air impassible et explosèrent de rire, réveillant sûrement la moitié des gens dormant dans les immeubles alentours.

Historia tournait sur elle même, riant aux éclats et flottant dans le pull noir de sa mère, tandis qu'Ymir la regardait faire en souriant et en rigolant tout autant qu'elle. La brune arrêta son amie en la poussant légèrement, une main dans son dos.

Aller blondie, on s'arrache.

La plus grande ramena sa compère chez elle, lui évitant de se faire embêter.
Une fois dans son appartement, Historia alla prendre une douche.

Elle entra dans la salle de bain, et quand elle vit son reflet, le sourire éclairant son visage se fana. Les souvenirs de son escapade nocturne dans les draps de ce gars refaisaient surface. Historia serra les poings, mordant sa lèvres inférieure jusqu'au sang. C'était comme si elle voulait crier. Crier sa haine envers touts ces connards prenant un malin plaisir à la faire hurler, envers les élèves du bahut, envers les rumeurs, les ragots, les mensonges. Envers la vie et envers elle-même.

Dans un excès de colère, Historia envoya son poings tout droit dans la glace. Le miroir se brisa, envoyant des centaines d'éclats de verres valser dans la pièce.
Les phalanges de la jeunes fille étaient blanches tant elle serrait ses mains, mais un liquide rouge poisseux coulait sur l'une d'elles. La douleur lui fit serrer les dents.

Historia se reprit et alla chercher la trousse de secours. Elle soigna sa main, et commença à nettoyer le sol, couinant quand un bout de verre s'enfonçait dans un de ses pieds.
Une demi-heure plus tard, elle avait fini.
La blonde se dirigea vers son lit et tomba comme une masse, en oubliant même de prendre sa douche.

Et elle pensa à Ymir, cette fille avec qui elle avait passé une partie de la soirée.
Elle commençait à bien l'aimer.

𝐀𝐥𝐥𝐨̂ 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐁𝐨𝐛𝐨, 𝗒𝗆𝗂𝗄𝗎𝗋𝗂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant