• Dix-septième chapitre •
« Je ne suis pas folle, je suis spéciale. Enfin, je suis peut-être folle ? Attendez... Il faut que j'en parle avec moi-même ! » ConfidentElles.
***
Sitôt étions-nous arrivées, Alexendre repartit en direction de l'hôpital pour finir sa journée.
J'en avais donc profité pour m'exiler pendant un moment dans le jardin.
Allongée sur le gazon vert, devenu sec à cause du soleil brûlant, je réfléchissais. Protégée par un parasol au chapeau si volumineux, je me laissai aller à écouter le carillon retentissant des cigales. Cela faisait un bout de temps que je n'étais pas venue ici. Voire, une éternité.
Quelle erreur... j'avais oublié à quel point l'extérieur était apaisant.
Je faisais la paix avec moi-même en ces lieux.
À peine étais-je rentrée que j'avais foncé à l'étage pour me débarbouiller et enfiler des vêtements davantage légers. Depuis, je flânais. Un brin d'herbe rugueux en main, je le fis rouler entre mes doigts avec un soupir. Cet après-midi, l'annonce du docteur Wilson m'avait prise de court. Au point que je n'arrivais pas à me soustraire d'elle, des heures bien après.
Je n'avais rien confié à Alexendre.
Ma sœur ne supporterait pas de me l'entendre dire.
D'un autre côté, j'étais persuadée qu'elle allait le savoir tôt ou tard. Mon médecin favori allait effectuer son compte rendu. Égoïstement, j'étais ravie de ne pas devoir le lui dire. De ne pas devoir être présente. Craindre que mon traitement ne cesse de combattre ma maladie était une perspective qui occupait trop mon esprit.
Elle accaparait jusqu'à la dernière de mes réflexions. J'étais terrifiée. Pire, cela m'apeurait au point de ne plus vouloir découvrir ce que cachait ma sœur. J'étais prête à l'accepter si ma mort était proche.
Je regrettais seulement de ne pas avoir eu cette révélation plus tôt.
Pour la première fois depuis trois mois, une larme amère pointa le bout de son nez. Décidée à réduire en miettes mes faibles défenses. Coupable, elle oscilla au bord du précipice. Hésitante, elle attendit et borda mon œil qui criait à mon cœur de se crisper. Puis, après une poussée cruelle, finit par rouler sur ma joue. À cela s'en joignit une seconde, puis un million d'autres.
Chacune pesant à peine plus qu'un pétale de chrysanthème.
Un hoquet s'échappa d'entre mes lèvres maintenant humides, tandis que mon cœur se resserrait encore plus fort. J'avais mal. J'avais honte. Mais surtout, j'avais peur. Peur de ne pas pouvoir me faire pardonner à temps. Un flot intarissable rebondissait contre mes joues, créant un sillon beaucoup plus significatif qu'il n'y paraissait. Il exprimait l'inqualifiable.
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Roxane
Roman pour AdolescentsDerrière ses sourires lumineux, ses blagues parfois gênantes et sa joie inébranlable, Roxane ne rêve que d'une chose : de liberté. Atteinte d'une maladie qui ne lui permet plus de vivre comme une adolescente normale, elle vit enfermée entre quatre m...