— Papa, est-ce que tu me détestes ? demanda la blonde en regardant son père dans les yeux.
LE TEMPS se figeait. Takeshi arrêta tout mouvement avant de regarder sa fille dans les yeux. Les larmes menaçaient de couler sur ses joues, elle souhaitait obtenir une réponse. Les mots de son ainée lui brisèrent le cœur, mais les mots restaient bloqués. Il ne parvenait pas à lui dire que non, il ne la haïssait pas, qu'elle était la plus belle chose qui lui était arrivée dans sa vie. Pour lui, la douleur de ne pas pouvoir exprimer son amour pour ses enfants était atroce. Elle le dévorait de l'intérieur, le stressait à longueur de journée sans que personne s'en aperçoive :
— Pourquoi tu ne réponds pas ?
Sa voix trahissait une immense tristesse. Dans son regard, Hatoko ne put discerner aucun sentiment. La collégienne avait l'impression qu'il était tout simplement éteint et sa gorge se nouait à cette vision. Son silence devenait pesant et sans prendre le temps de réfléchir, la blonde se mit en tête que la réponse devait être positive. Elle avait dû commettre une erreur, quelque chose qui avait contrarié son père. Et maintenant, lorsqu'il la regardait dans les yeux, elle ne voyait que le néant.
Plus de tristesse.
Plus d'amour.
Plus de colère.
Juste le vide.
Son âme se brisait en mille morceaux alors qu'elle s'inclinait devant son père :
— Je...je suis désolée d'avoir posé cette question, murmura-t-elle avant de s'en aller.
Takeshi ne fut même pas le temps de la rattraper que sa fille aînée était déjà parti. Les perles salées commençaient à lui brûler les joues. Hato pleurait, elle venait de s'effondrer. Sa carapace ne tenait jamais lorsque son père était prês d'elle. Elle le savait pourtant, mais Hatoko avait besoin de savoir. L'adolescente désirait juste que son père lui dise ce qu'il ressente. Pour qu'ils puissent avancer. Mais, la blonde avait tendance à ne pas voir les erreurs de son père, tellement elle le prenait comme un modèle. Elle n'arrivait pas à se dire qu'il avait sa part de responsabilité.
Elle claqua rapidement la porte de sa chambre avant que ses jambes cédassent sous son poids. Elle amena ses jambes contre sa poitrine avant d'exploser en sanglots. La jeune femme se sentait isolée, tellement seule. L'ombre l'engloutissait petit à petit alors que son père ne faisait rien pour l'aider. Qu'est-ce qu'elle avait pu faire pour le décevoir autant ? Hato se posait la question tous les jours, chaque seconde. Et c'était dans le seul but de retrouver son père qu'elle avait décidé de partir à Yuei.
Mais, elle devait aussi s'avouer que devenir héroïne était l'unique chose dont elle désirait. Ce songe qui rendait heureuse, elle s'y accrochait non seulement pour son père, mais aussi pour elle-même. Hatoko ne rêvait que d'une chose : voir le regard sombre de son père brillait de fierté un jour. Seulement peut-être que ce jour n'allait jamais arriver.
Dans la cuisine, Takeshi n'avait pas bougé alors que sa femme arriva à son tour. Ses traits étaient déformés par l'inquiétude. Shizuko demandait ce qu'il s'était passé, mais son mari ne put murmurer qu'une seule chose :
— Elle croit que je la déteste...
— Comment ça ? répliqua Shizuko visiblement étonnée.
Le père de famille retrouva son souffle avant de lui répondre :
— Ma...ma propre fille imagine que je la déteste, Shizuko. Elle pense que je ne l'aime pas, et je n'ai pas su lui dire ce que je pensais vraiment. Je ne la déteste pas, je ne déteste pas ma fille...
Shizuko s'avança prudemment vers son mari, mais à la place de le prendre dans ses bras, elle posa une main sous son menton. L'auburn croisa l'anthracite, sa femme lui déclara :
— Je vais aller lui parler, d'accord ? Je sais que c'est compliqué pour toi alors je vais le faire.
Il détestait que ce soit sa femme qui devait assumer ses actes. Il détestait voir sa fille se briser ainsi. Il détestait voir son fils essayer de recoller les morceaux déjà brisées. Takeshi se haïssait parce qu'il savait que c'était lui qui anéantissait sa propre famille. Après avoir déposé ses douces lèvres sur son front, la mère de famille se rendit devant la porte d'Hatoko. Celle-ci avait arrêté de pleurer, ses joues portaient encore les traces de ses larmes sèches, ses yeux étaient rougis par ses pleures. Et sa tête lui faisait atrocement mal.
Shizuko rentra prudemment dans sa chambre et voir sa fille dans cet état la rendait malade. Mais, Hato avait remarqué sa présence, elle se leva précipitamment avant de lui hurler :
— Ne t'approche pas de moi, maman ! Ne t'approche pas de moi, j'ai déjà détruit papa, je ne veux pas faire pareille avec toi...
La blonde éclata en sanglot sous le regard brisé de sa mère avant de répliquer :
— Je suis qu'un monstre maman...
— Tu vas arrêter de raconter des bêtises, Hatoko ! cria sa mère la faisant sursauter.
Shizuko réduit l'écart entre elles avant de prendre sa fille dans ses bras. Hato ne répondit pas à l'étreinte, elle n'en était absolument pas capable. Ce que sa mère comprit rapidement. Elle lui caresse doucement les cheveux avant de murmurer près de son oreille :
— Tu n'es pas un monstre, je t'interdis de répéter ça ! Tu n'as détruit personne, tu n'as fait de mal à personne ! Tu es l'une des personnes que j'aime le plus au monde, alors je refuse de t'entendre dire ça à nouveau. Tu n'as détruit personne, Hatoko, tu m'étends ?
— Hato, appela doucement une voix derrière elles.
Hatoko se détacha de sa mère et tomba nez à nez avec la silhouette de son frère. Kenshin se cachait derrière la porte ayant sans doute peur d'avoir fait une bêtise. Le petit garçon avait tout entendu. Et il voyait les larmes coulaient sur les joues de sa sœur. Lui aussi avait mal, il souhaitait que sa sœur soit heureuse. Sa mère lui fit signe de venir auprès d'elle, prudemment il s'avança. Shizuko poussa Hatoko de prendre Kenshin dans ses bras.
Réticente, elle finit par le faire. Le benjamin posa ses mains sur ses joues et essuya de ses pouces les larmes de son aînée. Hatoko n'avait pas la force de le rejeter, pas la force de dire à sa mère qu'elle avait complètement tort. Son corps était complètement vide d'énergie, la blonde s'était laissé étouffer par la tristesse et n'avait plus la force de relever la pente.
Takeshi, lui, n'avait pas le courage d'aller la voir. Pourtant, il savait qu'un seul mot de sa part pouvait l'aider à se remettre. Il se devait juste d'exprimer son amour pour elle. Pourtant, lorsqu'il croisa son regard, Takeshi n'avait plus la force d'avance vers elle. Le père de famille connaissait les raisons de cette peur, mais pas sa fille. Et il l'entrainait dans un gouffre sans fin.
Hatoko avait finit par s'endormir de fatigue sous le regard peiné de sa mère et de son petit frère. L'origine de cette tristesse profonde chez elle paraissait encore plus dure, mais son ainée encaissait, elle s'en voulait pour tout. Shizuko espérait pouvoir la ramener à la raison, mais que son unique rêve puisse la faire prendre conscience des choses.
VOUS LISEZ
Kiarosukūro | [MHA Fanfiction] [Terminée]
Fanfiction'C'est quoi une vie d'homme ? C'est le combat de l'ombre et de la lumière. C'est une lutte entre l'espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur' - Aimé Césaire Isas. Un nom oublié, enfoui dans l'obscurité depuis des années. Quelques souve...