Étoile filante

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Cela faisait déjà longtemps que John aurait dû être rentré. Sherlock s'inquiétait qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Il pouvait avoir glissé sur une plaque de verglas et s'être fracassé le crâne sur le sol qu'il n'en savait rien et ne pouvait pas l'aider. Il détestait ce sentiment de ne pas être là alors qu'il pouvait avoir besoin de lui. Lorsque c'était lui qui avait un problème, John accourait de n'importe où s'il le lui demandait et même lorsqu'il ne le lui demandait pas parfois. Il tournait en rond dans l'appartement, habillé de son éternelle robe de chambre d'un bleu tirant sur le violet. Son téléphone vibra, il avait reçu un texto. John s'excusait de son retard, il avait eu une urgence à la clinique. Sherlock poussa un soupir de soulagement. Il s'était inquiété pour rien. Il s'inquiétait toujours pour rien lorsqu'il s'agissait de son blogueur et il avait eu bien le temps de réfléchir au pourquoi malgré sa faible expertise en ce qui concernait les sentiments. Il se dirigea vers la fenêtre pour attendre l'arrivée de John. Son regard se perdit dans le ciel nocturne parsemé d'étoiles. John les avait toujours trouvé belles.

Le docteur épuisé par sa journée poussa la porte de l'appartement et monta les marches deux par deux, pressé de retrouver son ami et de s'excuser de vive voix pour l'avoir certainement inquiété, à moins qu'il n'ait déduis qu'il avait eu une urgence à la clinique cependant, il en doutait. Il trouva Sherlock plongé dans ses pensées à regarder les étoiles par la fenêtre. Il ne se rendait même pas compte qu'il réfléchissait à voix haute alors que d'habitude, il était plutôt silencieux.

- Les étoiles ... Pourquoi les gens les trouvent si belles ? Ce ne sont que d'immenses boules de matière en fusion à des années lumières d'ici et certaines sont même déjà morte à l'heure où on les regarde.

John savait bien que ce n'était pourtant pas le sujet préféré de Sherlock mais il semblait s'y connaître un minimum sur le sujet. Ou bien il s'était renseigné au vu de ses difficultés avec les premières enquêtes de Moriarty.

- Tiens, une étoile filante. John me dirait de faire un vœu. C'est stupide ...

Ledit John aimait bien cette tradition, il faisait toujours un vœu à la vue d'une étoile filante. Il souhaitait toujours la même chose : que rien ne change. Il voulait continuer sa vie faite d'enquêtes avec le détective et de patients à la clinique, il voulait continuer de voir Rosie grandir même si sa mère n'était plus là. Tout lui semblait déjà parfait, comme si rien ne pouvait être mieux à par peut-être ... Non c'était stupide. Sherlock considérait les sentiments comme un grain de sable dans l'engrenage, la fêlure sur la lentille, le fait qu'il le considère comme un ami semblait être déjà un exploit pour lui. Et puis, que pouvait-il souhaiter de plus ? Ils vivaient ensemble, travaillaient ensemble la plupart du temps. Rien n'avait besoin de changer.

- Un vœu ... Un vœu ... Qu'est-ce que je pourrais souhaiter ?

John aurait pu parier qu'il allait souhaiter une enquête prenante ou bien un meurtrier aussi intéressant que Moriarty. Il l'écouta donc, espérant le surprendre ensuite en disant qu'il en était sûr.

- Je souhaite ... Je ne souhaite qu'une chose ... John ... Je souhaite qu'il m'aime. Qu'il m'aime comme moi je l'aime. Si seulement c'était possible ...

Il resta bouleversée face à ce qu'il venait de dire. Sherlock venait de dire qu'il l'aimait ? Il avait bien entendu, c'est ce qu'il avait dit. Alors pourquoi cela semblait si irréel ? Sûrement car c'était exactement ce à quoi il pensait à peine deux minutes plus tôt.

Qu'allait-il faire maintenant ? Maintenant qu'il savait ? Il pouvait aller le voir, lui dire qu'il l'aimait, vivre un vie avec Sherlock non plus comme ami mais comme amour. Mais qu'allaient dire les gens ? Il s'était évertué à répéter à qui voulait l'entendre qu'il n'était pas avec Sherlock, qu'il n'était pas gay et maintenant ils s'aimaient ? Que penserait sa famille ? Sa soeur et son père étaient-ils prêts à ça ? Il pouvait tout aussi bien passer son chemin et faire comme s'il n'avait rien entendu et continuer sa petite vie tranquillement. Qui en souffrirait ? Sherlock ? Mais peut-être qu'il en souffrait déjà. Pas Sherlock, il ne pouvait pas le laisser avoir mal à cause de lui.

Sherlock quitta la fenêtre du regard et se retourna dans l'objectif d'aller s'asseoir dans son fauteuil mais il croisa les yeux de John. Il semblait perdu. Il semblait perdu ? Mais alors, il l'avait entendu ? Non ... Il l'avait entendu. Il avait tout entendu. Et maintenant il se retrouvait face à lui qui l'aimait alors que lui non et il ne savait pas quoi faire. Pourquoi n'avait-il pas au moins fait semblant de n'avoir rien entendu ? Au moins, il n'aurait pas été blessé de le voir se confondre en excuse et le refuser. Il se dirigea donc vers sa chambre, passant à côté de John jusque là abasourdi mais ce dernier le retint en l'attrapant par le poignet. Sherlock s'arrêta mais ne tourna pas son regard vers lui, de peur qu'il ne puisse voir toute sa souffrance rien qu'en plongeant ses yeux sombres dans le bleu glacier des siens.

- Sherlock, je ...

- S'il te plaît, John, ne dis rien et laisse moi aller dans ma chambre, j'ai besoin d'être seul.

- Non, ce n'est pas ça ! C'est que ... En fait ...

- Je ... je t'en supplie ...

Il le suppliait ? Alors c'était à ce point ? Il avait si mal que ça ? Il avait si peur que ça des mots qu'il pouvait prononcer ? De toute façon, il l'avait vu alors des deux choix qu'il s'était accordés, il n'en restait plus qu'un. Il prit donc une profonde inspiration pour se donner du courage. Sherlock avait complètement détourné le regard. Était-ce parce qu'il ne voulait pas qu'il voit sa peur ou ses larmes ?

- Moi aussi.

- Moi aussi, quoi ?

- Je ... je t'aime, Sherlock.

Son cœur rata un battement, peut-être même deux. Alors John l'aimait aussi ? Pourquoi ne lui avait-il pas dit tout de s... C'était pour ça, son éducation avec sa soeur, la peur de ce que les gens diraient ... Heureusement que lui ne s'en embarrassait pas. Il tourna finalement son regard vers John, ses yeux s'étaient embués de larmes, tout était flou. Il sentit la main qui était sur son poignet se glisser dans la sienne et la serrer. Une autre main vint se poser sur sa joue. Il ferma les yeux pour refouler ses larmes mais aussi de profiter de ce contact et de la chaleur de sa paume. Il sentit un effleurement sur ses lèvres avant de se rendre compte que John s'était mis sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Il posa sa main libre sur la nuque de celui-ci et eu trop de mal à retenir une petite larme de joie qui coula sur sa joue et se perdit sur le nez de son colocataire.

Ils se séparent sans s'éloigner et John lâcha la main de Sherlock pour l'enlacer. Ce dernier en fit de même pour lui. Il leva la tête et se perdit dans le regard infiniment bleu du seul détective consultant du monde. Il lui sourit et il eut un sourire en retour.

- Dis ?

- Mmm ?

- Tu continueras à faire des vœux aux étoiles filantes ?

- Oh, oui.

Et, à dater de ce jour, ils vécurent leur amour comme ... Sherlock Holmes et John Watson en ont le secret, et le plus grand des deux se mit à adorer les étoiles, étrangement.

OS JohnlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant