Nôtre salon

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Depuis que John s'était marié, il ne passait pas très souvent au 221b. Alors, quand il venait, Mme Hudson pouvait passer des heures à discuter avec lui. Ça lui faisait plaisir mais, il voulait, la plupart du temps, voir Sherlock. Ce dernier s'arrangeait toujours pour être absent. Des fois c'était une enquête, mais des fois ce n'était rien, il était juste parti faire un tour avant même qu'il n'arrive. Pourtant, ils allaient quelques fois enquêter ensemble et il semblait au docteur qu'il allait bien. Il lui semblait qu'il était toujours le même, toujours enclin à frimer, il semblait juste plus souvent ... ailleurs.

Ce jour là, comme presque à chaque fois qu'il passait à Baker Street, c'était à l'improviste. Mme Hudson était absente. Pour une fois, le locataire était présent, pas fourré dans n'importe quelle enquête ou autre idiotie du genre. Il était dans la cuisine, les yeux sur son microscope. Il releva la tête et lui fit un regard étonné lorsque John l'appela. Ça le fit d'ailleurs rire.

- Salut, Sherlock. Comment tu vas ?

- Bonjour John.

Il plissa légèrement les yeux. Son ancien colocataire était fier de l'avoir surpris, mais il était aussi content de le voir. Il allait bien, seulement fatigué par sa récente paternité.

- Je vais bien. Je vois que ça se passe difficilement avec Rosie.

John soupira. Il frimait, encore. Il n'appréciait pas trop quand Sherlock le déduisait ainsi mais il s'y était habitué. Il ne fit aucune remarque, de peur d'entâcher ce moment. Il fit donc le tour du salon en continuant de faire la discussion.

- Sinon, ça se passe bien les enquêtes ?

- Comme d'habitude, John. Elles sont, pour la plupart, ennuyeuse.

Il était maintenant près de la fenêtre. Il y avait là le pupitre de Sherlock, plein de partitions griffonnées sur le papier. Il y avait un texte aussi.

- Tiens, c'est quoi ça ?

Le violoniste tourna la tête et, comprenant ce que John regardait, il se précipita pour le cacher à sa vue.

- Ce n'est rien.

- Tu as écrit une chanson c'est ça ? Tu me la joues ?

- Je ne pense pas que ce soit assez bon ...

- On va bien voir ça.

L'ancien locataire de Baker Street s'installa dans le fauteuil qui avait été le sien. Après tout, il était peut-être temps pour lui qu'il sache. Peut-être qu'il ne chercherait pas à interpréter les paroles et qu'il ne comprendrait pas le message derrière ces quelques lignes. Il prit donc son violon, ferma les yeux et posa l'archer sur les cordes.

Quand mes pas me guident
Là, dans le salon si vide,
Avec la lumière des fenêtres,
Je me souviens de cet être.

La voix grave de Sherlock était bien mélodieuse et semblait d'une harmonie parfaite avec les notes du violon. Le docteur n'avait jamais douté de son talent de compositeur, mais il fallait admettre que c'était impressionant.

Ici, il y avait des mystères,
Des gens un peu tête en l'air.
Mais le temps, comme la poussière,
A recouvert mon cher hier.

John eut un peu de mal à saisir les paroles et son expression passa d'enjouée à pensive.

Il faisait bon.
Mais où est-il ?
J'ai perdu son nom,
Lui qui remplissait de vie nôtre salon.

Loin dans la ville,
Il a sa maison.
Où sont passé ceux que nous étions ?

C'est si vide,
Je suis si seul
Dans nôtre salon.

Le docteur entrouvrit la bouche, un air triste peint sur son visage.

Parfois, je crois que j'entends
Raisonner nos journées d'avant.
Ici c'était comme un café,
Tous les deux, on discutait.

Désormais, le blog est chez lui.
Et moi, je suis tout seul ici.
Nos enquêtes, le temps les emporte,
Comme le vent les feuilles mortes.

Il faisait bon.
Mais où est-il ?
J'ai perdu son nom,
Lui qui remplissait de vie nôtre salon.

Loin dans la ville,
Il a sa maison.
Où sont passé ceux que nous étions ?

C'est si vide,
Je suis si seul
Dans nôtre salon.

John ne put retenir une larme qui roula le long de sa joue. Il lui manquait tant que ça ? Mais pourquoi l'éviter alors ? Il savait pourquoi, il l'avait toujours su, mais il refusait de l'admettre.

Quand mes pas me guident
Là, dans le salon si vide ...

Sherlock termina son morceau de violon avant de rouvrir les yeux. Son ancien colocataire pleurait. Il avait compris, alors. Une boule se forma dans sa gorge et il étouffa un léger sanglot.

- John, je ...

Ce dernier se leva brusquement, coupant ainsi son élan de paroles. Il s'avança juste devant lui, des larmes coulant toujours en silence sur son visage.

- Si j'avais su, Sherlock ... Si tu me l'avais dit plus tôt ...

- John ...

- Moi aussi je t'aime, idiot !

Il serra alors le sociopathe dans ses bras, continuant de pleurer. Ce dernier, ne réalisa pas dans un premier temps. Lorsque l'information monta enfin jusqu'à son cerveau, il releva le visage de John, par le pouce sous son menton, pour venir l'embrasser. Un baiser salé, trempé de larmes, qui valait pour eux tout l'or du monde.

~~

Voili voilou ! Oui, encore une chanson, mais là, j'étais en train d'écrire autre chose quand elle est passée et il y a eu une révélation. Cette fois, j'ai pas juste pris les paroles, j'ai modifié un peu et j'ai collé ça dans une histoire. Ça passe mieux je trouve 🤔
Quoiqu'il en soit, je vous souhaite une bonne rentrée pour ceux qui y retournent et du courage pour le REconfinement. Perso, je suis égoïstement contente que les prépas reprennent en présentiel. Prenez soin de vous et de vos proches. Des bisous !

OS JohnlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant