II

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Alice Hank.

Nous hochâmes la tête et j'apportai mon frère avec moi dans ma chambre.

Je savais que quelque chose de gros s'annonçait par la façon dont la panique dans les yeux de mon père était visible même si il essayait de la cacher. Mais c'était évident que quelque chose le dépassait. En plus de cela, une guerre avait été déclarée par le Führer selon Eva. Mais en était-elle sure? Les rumeurs dans notre petit village pouvaient voyager vite et nous pouvions en être sur que si c'était le Führer qui nous l'annonçait en personne.

J'étais étourdie dans mes pensées et je regardais mon petit frère jouer nonchalament avec un petit jouet en bois que mon père lui avait taillé à la main. Il était trop jeune pour tout comprendre et j'enviais son innocence. Son esprit était léger de toutes ces questions et toutes ces inquiétudes comparé au mien qui semblait vouloir exploser.

Peut-être que tout ça n'était que mon imagination. Peut-être que mes parents ne veulent qu'une conversation entre adultes avec l'homme, rien de grave. J'avais sûrement imaginé la panique dans les yeux de mon père et le visage apeuré de ma mère. Je devais être paranoïaque.

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L'homme était désormais partit et je me retrouvai seule dans ma chambre alors que mon frère était allé souper avec mes parents. Je pris une grande respiration, n'ayant pas très faim, et me dirigeai vers la salle à manger. Je m'assis et regarda mes parents dans les yeux. À l'instant où je posai mon regard sur ma mère, elle baissa les yeux à son assiète tandis que mon père me regardait avec une expression impossible à déchiffrer. Me revoilà à imaginer le pire.

Le souper se passa en silence et après avoir fini de manger, je commençai à faire la vaisselle avec ma mère comme à tous les soirs.

"Maman."

Elle continua à nettoyer.

"Maman, que se passe-t-il? Je n'ai plus cinq ans, je sais que quelque chose ne va pas."

"Il n'y a rien Alice." me dit-elle avec un sourire que je qualifierais de faux. "Tout va bien."

"Je sais bien qu'il a quelque chose."

"Tu es trop jeune pour tout ça."

"Sérieusement Maman? J'ai 18 ans."

Elle était décidée à ne rien me dire et ça me rendait encore plus nerveuse.

Pour me changer les idées, je me rendis à ma chambre et reprit la lecture de mon livre préféré, me laissant emporter dans l'histoire de nouveau.

La jeune femme était passionée de musique. Ses doigts glissaient sur les longues lignes noires et blanches du piano comme si elle était née avec ces mélodies au bout des doigts. Elle était un véritable prodige depuis sa naissance, elle époustouflait tout le monde. Dès l'âge de 4 ans, Juliette exploitait son talent avec l'aide de son père qui était professeur. Depuis 15 ans, elle travaillait laborieusement pour toujours s'améliorer devant les yeux abahis des spectateurs qui venaient la voir en concert. Les gens payaient pour être plongés dans ses harmonies jouées avec fluidité et passion tandis qu'elle, ne semblait pas se rendre compte du talent qu'elle avait. Le jour où elle prenait l'avion pour aller voir son pianiste préféré à l'autre bout du pays, elle fut victime d'une erreur des commandants de bord. L'avion s'écrasa avant d'arriver à destination. Son père mourra, allant rejoindre sa mère, et elle se retrouva seule et désormais aveugle.

Je ne savais pas pourquoi j'aimais tant ce livre. L'histoire m'enchantait, la façon dont la jeune femme vivait pour jouer du piano, la façon dont elle ne se préoccupait que de cela. J'aimerais être aussi passionée, être autant dévouée à quelque chose. Mais c'était impossible. Cette attraction si profonde envers son piano n'arrivait que dans les livres.

Mais ce que j'aimais de ce livre, c'est qu'il pouvait me sortir de mon monde pas toujours rose.

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J'étais en train de coudre la robe la robe pour ma mère quand je remarquai qu'il ne me restait pas assez de tissu pour la terminer. Je cousus l'étoile jaune écrit "Juive" dessus sur mon chandail avant de me diriger vers l'extérieur de la maison. Depuis un bon moment, nous étions obligés de porter ces stupides étoiles sur nous en tout temps quand nous sortions pour pouvoir repérer qui était juif. Nous étions une 'race' différente selon eux.

Je marchai sur le côté de la rue et le quartier me semblait plus calme qu'à l'habitude. Beaucoup plus calme. Il n'y avait pas d'enfants 'normaux' qui jouaient dehors, pas de citoyens qui prennent une promenade.. Je n'ai croisé à peine trois personnes avant de me rendre à la petite boutique. Tout ça devenait trop étrange.

J'entrai dans le magasin et je vus à la caisse quelqu'un de différent que le gentil homme qui était toujours là habituellement. Celui-ci ne me fit un faible sourire et me regarda faire mon chemin vers les morceaux de tissus. J'attrapai celui dont j'avais besoin pour la robe et me dépêchai d'aller payer, voyant qu'il commençait à faire noir dehors. Je remerciai l'homme et il ne me répondit pas, il ne fit que se retourner et aller dans l'arrière boutique.

Alors que je marchais dans la brunante vers chez moi, tout semblait aussi calme. J'entendis soudainement un géant char s'avancer dans la rue. Des cris se firent entendre et je n'eus pas le temps de voir ce que c'était que je sentis une main enrouler mon poignet et me tirer dans une ruelle. Je criai et une autre main vint se placer sur ma bouche pour m'en empêcher. Je me débatais et je sentais que ma respiration était terriblement rapide. La peur monta encore plus en moi quand je vus passer l'immense voiture juste devant la ruelle sans remarquer qu'il y avait deux individus. Le sang pompait rapidement dans mes veines et je croyais que j'avais été prise. Une fois que tout revint tranquile, la personne que je présumais être un homme relâcha sa forte poigne de sur moi et je me retournai pour voir qu'il n'était qu'un simple homme qui passait par là.

"Vous êtes folle ou quoi?" s'exclama-t-il.

Ses yeux verts me fixaient et il semblait intimidant à la grandeur qu'il avait.

"Pardon?"

"Ils passent dans les rues et amènent tous les juifs qu'ils voient. Vous auriez très bien pu être attrapée!"

Je fronçai les sourcils. C'était la première fois que je voyais un citoyen 'normal' se soucier de la vie d'un juif. Ils étaient toujours contre nous habituellement. C'est pourquoi nous vivions à part d'eux, dans de petits quartiers à l'écart.

"Mais qu'en avez-vous à faire? Je ne suis qu'une juive."

Il secoua la tête, ses boucles brunes bougeant avec ses mouvements.

"Je m'en balance que vous soyez juive. Maintenant, rentrez chez vous et restez en sécurité."

"Merci." dis-je, toujours sous le choc.

Je courai jusqu'à chez moi et me réfugiai dans ma maison, verouillant la porte derrière moi. Je m'appuyai sur la porte, essayant de calmer ma respiration. J'étais encore sans voix après avoir entendu ce que l'homme m'avait dit. Ils enlevaient vraiment des juifs.. Comment pouvaient-ils faire cela? Et surtout, pourquoi?

*Voilà pour le deuxième chapitre! Je ne sais pas vraiment quoi ajouter appart n'oubliez pas de voter et de commenter:)*

Keep us safe || Harry StylesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant