Chapitre 27: Tous contre Sïa!

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Moyesïa pensait ne plus jamais avoir l'occasion d'entendre cette voix pour le restant de ses jours. Et cela ne l'aurait en rien chagrinée tout au long de son existence. Son père... il ressurgissait. Et même si ce n'était qu'oralement, c'était largement assez pour la faire frémir. Elle pressentait que le pire était désormais à venir. Cet appel n'était qu'un début. Un jour, sans doute, elle serait amenée à lui faire face physiquement.

Ses propres idées lui procurèrent des tremblements. Elle se sentait de plus en plus faible, au bord de l'évanouissement. Se reprenant, autant qu'elle le put, Moyesia raffermit sa poigne sur le crâne. Ses mains étaient moites, et ses doigts crispés sur la surface lisse et blanche de l'objet, morbide, de communication. Ce Crânophone serait assurément une prise de tête.

À la voir ainsi troublée, bien qu'il ne ressentait aucune compassion pour cette femme, Kaden s'interrogea. Si son interlocuteur ne lui plaisait pas, père ou pas, la pirate n'avait que mettre fin à sa conversation. Il était certain qu'elle en était capable puisque les gens les entourant, ou bien l'étrange dispositif, lui étaient familiers. Elle pouvait mettre un terme à sa déconvenue, mais ne le faisait point.

Après tout, tenter de fuir ne mènerait strictement à rien. Loin de faire preuve de courage ou de bravoure, c'était l'expérience de la démone qui parlait. Pour avoir essayé plus d'une fois d'échapper à son destin, et donc de ses proches, la brune savait parfaitement que toutes manœuvres d'évitement étaient vouées à l'échec. Son géniteur reprit la parole :

– Nous avons à discuter.

Menteur, le qualifia mentalement Moyesïa. Elle traduit les non-dits très rapidement. La phrase la plus correcte aurait été « Je vais parler. Toi écoute sagement ». Tout son mépris était visible alors qu'elle fixait le crâne.

–Tu as regagné ta place au sein de notre société en ouvrant ce portail.

Il avait suffi de peu de mots de la part de cet homme pour que les sentiments de Moyesia soient malmenés. Comme si lui rappeler ses erreurs, ou bien cette information au sujet de son statut pouvait la rendre heureuse.

Un silence pesant s'installa. Le lieu, le désert, s'y prêtait magnifiquement. Le décor était adéquat. On eut l'impression que le souffle chaud de cette plaine devint subitement glacé. Et ce uniquement à cause de l'aura entourant Kakugarami. Son cœur avait manqué plusieurs battements depuis le début de la conversation. Du haut de ses vingt-deux ans, la voix de son géniteur la tétanisait encore, faisait partie de ses plus grandes craintes. Ce démon était son diable personnifié tout simplement ! Dès l'instant où ce drôle de téléphone avait abaissé sa mâchoire, les ténèbres de son passé l'avaient engloutie de nouveau. Au point qu'elle ne réalisait pas qu'elle retenait sa respiration et que son corps était raide.

Il s'agissait pourtant de retrouvailles entre un père et son enfant. Cependant des deux côtés il n'avait rien de bien réjouissant à entendre l'autre. Au contraire, Moyesia n'obtenait qu'une boule d'angoisse grossissant au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient.

– Tu as très bien agi. Ta condition et l'honneur de notre famille nous ont été restitués. Dans son extrême joie et bonté la royauté a même balayé l'ensemble de tes crimes. Quant à moi, je t'ai pardonné.
Le souffle de la brune se bloqua, alors que tout son être se tétanisa.

–Moyesïa...

Tais-toi par pitié, se lamenta l'interpellée.

-...Je veux...

A free daemon (LawxOc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant