10. Aimer

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En média "Aimer" de la comédie musicale Roméo et Juliette

Depuis samedi après-midi, je suis comme sur un petit nuage. Ok, mon ciel n’est pas tout bleu, mais après notre premier baiser échangé dans son lieu préféré, il a continué à me montrer une facette de lui pour laquelle je craque chaque jour davantage. 

Nous nous sommes rendus à une crêperie où j’ai pu découvrir que Manoé est un véritable bec sucré gourmand à souhaits qui raffole du chocolat sous toutes ses formes. Heureusement que ses nombreuses heures de jardinage lui sculptent un corps de rêve, parce que franchement, la façon dont il a englouti ses deux énormes crêpes au chocolat m’a laissée pantoise. Il m’a même aidé à finir ma crêpe à la pomme et caramel au beurre salé ; soit disant parce qu’il ne voulait pas offusquer la gérante du lieu.

J’ai adoré qu’il me donne la becquée mais ce qui m’a fait frissonner jusqu’au bout des orteils, c’est le moment où il a récupéré de son doigt un peu de caramel qui avait coulé sur mes lèvres, avant de le faire disparaître entre les siennes. Puis, tandis que je dévorais des yeux sa bouche qui suçait ce doigt audacieux, il s’est rapproché de moi et a mélangé nos souffles et nos langues dans un savoureux ballet décrétant, que le caramel était encore meilleur sur ma langue. Sur ce coup, je n’ai pu que lui donner raison car, la saveur du chocolat que j’ai découvert sur la sienne surpasse de loin toutes les confiseries que j’ai déjà pu mangées.

Il m’a ramené à la tombée de la nuit, non sans avoir pris congé dans les règles de l’art, en me disant au revoir dans un très long baiser, qui je suis sûre a été épié par Mamie depuis la fenêtre de la cuisine.

Le dimanche s’est poursuivi dans un échange continu de sms entre la Petite abeille et le Faux bourdon. C’est lui qui a tenu à se nommer ainsi dans mes contacts et c’est tout naturellement que je me suis enregistrée sur le sien sous le surnom qu’il m’a attribué depuis notre première conversation pacifique.

Le début de semaine a été stressant parce que je ne savais pas où nous en étions dans notre relation et si relation il y avait. J’ai donc joué la sûreté et j’ai attendu qu’il fasse le premier pas. D’abord déçue qu’il agisse comme si de rien était, j’ai vite oublié ma contrariété quand plusieurs fois lundi et les jours qui ont suivi, je me suis vue attirée dans un coin isolé de l’établissement où il s’est évertué à me dévorer la bouche, réclamant sa dose essentielle de miel sur mes lèvres.

Je sais que je devrais discuter avec lui, comprendre pourquoi nous agissons à couvert comme si notre relation ne pouvait être légitime. Mais même si ce n’est que l’histoire de quelques secondes à chaque fois, me retrouver dans ses bras, sa bouche collée à la mienne, sa langue me caressant de la plus exquise des façons, j’oublie tout sens logique et je me laisse emporter. Je deviens mièvre au possible, comme ces stupides groupies qui peuvent rester des heures durant à faire la queue sous une pluie battante pour que leur idole les gratifie d’une malheureuse et brève accolade. Pourtant, je me découvre masochiste, à me contenter de ces quelques instants volés.

Aujourd’hui est un jour particulier. Nous sommes le 14 février et comme toute Saint Valentin, cette journée est placée sous le signe de l’amour et consacrée aux amoureux.

Bien installée sur mon nuage, je ne peux ignorer le ciel gris qui se profile à l’horizon. Même si je n’ai jamais accordé d’importance à cette date, n’ayant jamais vraiment eu de petit copain jusqu’ici, je ne sais pas sur quel pied danser. Voir des couples se tenir la main, se témoigner de l’affection en public, tout cela me rend nerveuse et perplexe. Je me rends compte que j’aimerais que mon histoire avec Manoé ne soit pas cachée comme quelque chose de honteux qu’on a peur de révéler. 

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