26. Une averse dans le cœur

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En média "Big girls cry" de Sia

Je reprends connaissance dans une pièce aux murs placardés d’affiches médicales en tout genre. Il me faut quelques secondes avant de me situer et de réaliser que je suis à l’infirmerie du lycée. Je n’ai aucune idée de comment j’ai atterri sur ce lit ni de la personne qui m’y a conduit. 

Je ne sais pas si c’est le bruit grinçant du lit qui l’a alertée mais Mme Richard, notre infirmière scolaire, ouvre la porte attenante à son bureau et s'engouffre dans la pièce à mes côtés. Son visage au sourire avenant devrait me mettre en confiance, malgré tout, le trou béant dans ma poitrine me brûle. 

Elle m’explique que c’est Mr Sarault, autrement dit Paul, qui m’a amenée après m’avoir vu faire un malaise dans un couloir isolé.

Je ne sais pas si je dois être rassurée ou honteuse qu’il soit l'un de ceux à m’avoir vu m’effondrer. 

Depuis notre discussion, le lendemain de la soirée où tout a basculé, nous avions mis une certaine distance entre nous. Malgré ce qu’il pense, je reste persuadée qu’il fait un transfert de sentiments et que sans s’en rendre compte, il recherche et fait vivre un peu de sa soeur à travers moi.  

Toute sa gentillesse et ses nombreuses attentions envers moi ne pourront jamais combler mon coeur déjà pris et meurtri. Je ne veux pas être qu’un simple substitut, aussi confortable que pourrait être la relation.

En parlant de mon coeur, il pleure ce qu’il a perdu sans avoir eu son mot à dire. 

Mme Richard commence son interrogatoire médical pour déterminer la cause de mon malaise. Je table sur le trop plein de stress entre ma relation chaotique avec Manoé et les examens qui approchent à grands pas.

Elle me signale qu’elle a averti ma grand-mère qui ne devrait pas tarder. Je m’en veux de causer du souci à Mamie. 

Les mots de Mme Beauchamp me reviennent comme un boomerang en pleine face :

une amourette” , “année scolaire en péril” , “terminée “ , “ l’ENS de Marseille".

Sans que je ne le contrôle, un sanglot me déchire la poitrine et surprend notre infirmière qui me fait savoir que mon émotivité l’interpelle. Elle craint une déprime passagère due au surmenage de la période de fin de cursus secondaire. 

Mamie arrive vite et l'infirmière nous conseille de consulter rapidement avec bilan sanguin à la clé pour s’assurer que ce n’est rien de grave et que je n'ai pas développé de carence alimentaire. 

Mamie, qui s’inquiétait déjà de mon comportement étrange depuis quelques semaines se dirige directement vers l’hôpital de Poissy. Elle insiste pour m’emmener aux urgences. 

Sur place, c’est avec une chance de cocue que je suis rapidement prise en charge. Une batterie d’examens effectuée plus tard, on ne détecte rien d’anormal lors de l’auscultation clinique, mais il nous faut attendre les résultats de la prise de sang.

A peine une heure plus tard, le couperet tombe. 

Et moi aussi je chute encore et toujours plus quand les mots du gentil interne de service trouve écho en moi !

Je

Suis

Enceinte !

Oh putain d’une couille de merde !

Selon le médecin, le taux HCG révèlerait une grossesse de 6 à 8 semaines, soit débutée courant mars. Vu que je n’ai jamais cessé d’avoir mes règles, il est très difficile de dater précisément mon début de grossesse. Mais moi, je sais parfaitement quand nous l’avons conçu, Manoé et moi. L’épisode de la salle de bain de Mme Beauchamp me revient en mémoire. 

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