Partie 7 : Le périple

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Ce n'est pas un livre de bord que je tiens là, aussi je passerai sur la partie « touristique » de cette illustre randonnée, malgré toute la cocasserie qu'elle revêtit parfois.

Si un jour on te demande quel est le plus gaulois, le plus vert, le plus salingue, le plus rabelaisien (1), le plus grivois des voyages d'Emile, réponds sans hésiter « le Grand Nord ! » Peut-être parce que c'est le seul où mon pénis « hors paires » se transforme en braguette de sourcier pour franchir tous les zobes tacles.

Du point de vue itinéraire pur, nous traversâmes l'Océan Indien depuis le Mozambique et jusqu'à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Remontant la Mer des Philippines  jusqu'au Japon, nous fîmes escale à Mukurazaki. Ensuite nous décidâmes de rallier la Chine par Tianjin. De là,  nous rejoignîmes la Mongolie, gagnâmes le Kazakhstan, et le remontâmes jusqu'à Astana. Puis, nous poursuivîmes notre marche triomphale sur Riga où nous nous octroyâmes une semaine de repos, de bouffes arrosées et de baises enflammées. Nous quittâmes alors la Lettonie et prîmes un nouveau bateau qui nous conduisit à Helsinki, en Finlande. Nous continuâmes plein Nord, par Lahti, Oulu, Kemi. Ensuite ce fut Kolari, Muonio, Kautokeino, où nous pénétrâmes dans cette partie septentrionale de la Norvège d'Erik le Rouge (le bien nommé !) qui coiffe tour à tour la Suède et la Finlande. Puis Karasjok, Lakselv, et toujours plus haut vers Le Cap Nord qui est une île; un ultime bac nous transporta à Honningsvàg, le village le plus au nord de l'Europe, aux huttes peintes de couleurs vives, ce qui égaie un peu la tristesse des lieux.

Peu après, c'était enfin, après quelques contours qui nous permirent de surplomber une multitudes de lacs gelés, de prairies nues peuplées de somptueux rennes blancs (comme nos bœufs enneigés) des fjords affutés en dents de scie attaqués sans cesse par une grosse mer grise et houleuse, c'était, dis-je, l'immense lande pelée, sinistre, de cette fin du monde à l'extrémité de laquelle se dressait un sombre village fumant des plus hostiles, dont une partie des contours s'ouvrait au-dessus de l'océan cataclysmique ! Nous bravâmes alors les monstrueuses rafales de vent et de neige pour nous en approcher. Ça floconnait à tout allure, ça se multipliait tellement qu'on aurait dit un brouillard cotonneux. Au bas de la falaise, plusieurs Drakkars de type « kaupskip (2) » appareillaient. Ils semblaient minuscules et promis aux maelströms les plus redoutables : l'occasion à ne pas manquer !

(à suivre)

(1). Rabelais : prêtre catholique évangélique,médecin et écrivain. Son œuvre littéraire tient à la fois du conte et de la parodie du roman de chevalerie. Propose la culture populaire, paillarde, rigolarde, faite de vin et de jeux, pétrie d'une morale chrétienne légère, loin des lourdeurs ecclésiastiques.

 (2). Navire de commerce capable de naviguer en haute mer. Selon sa taille on le nomme Knörr, Knarr ou Byrding

Rififi chez les VikingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant