Je vois ! Je le vois bien ! Je n'en reviens pas, ni personne, excepté Lanceleau !
Ah ! le gaillard ! Ah ! l'invincible ! Ah ! le rapide ! Comment un corps si aviné peut-il accomplir des gestes si fulgurants et si précis ?
Au moment où on lui liait les poignets aux anses du billot, Mon chevalier Rond (on peut le dire !) de la Tablée ou du présentement Billot, les a fait gonfler à l'extrême, c'est un truc connu des malfrats qui, souvent, font de même. En outre, dans leur précipitation, les gardes houspillés par le barbupapa n'ont pas fait vingt-huit nœuds, si bien qu'à la toute dernière seconde, Lance' a tout fait péter d'une fabuleuse détente et la lame de la hache n'a fait que lui effleurer la joue. Ziiiiiiiig + Toc !
Personne n'a eu le temps de s'apercevoir de quoi que ce soit, qu'il était déjà en action le Terrible de Rhodes ! D'une seule main il arrache la hache du billot et mouline avec elle comme un pêcheur le ferait avec son fleuret de winkler-picker ! Et rrrran ! Vlinggg ! Paf ! Pif ! Craaack !
Les tronches pleuvent autour de lui comme des noix fouettés par une gaule. Il hurle de rage, il hurle sa survie et hurle son obstination à poursuivre sa vengeance à Anvers et contre tous !
Il carnage, il dézingue, il dépiaute, il taillade, il charcute, il dénoyaute, il découpe, ils détalent...
Et ma gueule, vous connaissez ? Mes instants de stupeurs et d'émerveillements passés, d'une double bourrade je me défais de mes gardiens affolés.
Unissant mes efforts à mon hacheteur d'occasion (car Lanceleau n'a pas tellement l'habitude de manier la hache) je m'empare d'un casse-tête soudain libéré par un blondinet et manivelle comme un pédalier de vélo !
Ça tombe autour de nous. Mais nous ne perdons pas de temps à dénombrer les pertes adverses. Le bilan des batailles, comme celui des maisons de commerce, ne se font pas en cours d'exercice ! Notre objectif, c'est la porte de sortie.
Ceux qui ne sont pas découpés, sont à plat ventre, ce qui les rend tout aussi facile à enjamber. Et à moins de temps qu'il n'en faut à un lapin qui coïte nous atteignons notre cible, la refermons et la verrouillons.
Des coups d'une résonnance particulière se mettent à raisonner (normal !)
- Ils jouent du tambour ? s'ébahit mon moulineur.
- Non, mon pote, ils se sifflent, ils s'alertent !
- Qu'est-ce que tu débloques ?
- La vérité si je mens ! ^^ ils utilisent des tam-tam pour donner l'alerte, on ne va pas tarder à déguster des renforts de toute part...
- Alors, magnons-nous !
Pour commencer, c'est l'escalade des marches érodées par le temps et l'humidité permanente. Elles furent taillées dans le roc et restent assez glissantes.
Nous avons avalé les deux tiers de la hauteur lorsque des guerriers vikings surgissent du haut de notre unique sortie. Ils sont armés de lances qu'ils braquent dans notre direction. Comment franchir ce rempart effilé ? La hache trop courte de Lance' est impuissante et mon casse-tête n'est pas mieux. On ne peut que les balancer dans le tas, mais après ? Que faire ? Rien ! C'est pourquoi nous nous arrêtons.
- Bien le bonjour, messieurs, salue Lanceleau tout courtois, et qui après avoir faillit perdre la tête a recouvré ses esprits.
Au lieu de répondre, les « messieurs » en question poussent des cris pareils à des points d'exclamations de surprise !
- Quels sont tes projets, Emile ? s'informe mon buveur de Malte, sans me regarder.
Une idée me vient. Elle ne vaut que par l'espoir que je mets en elle...
(à suivre)
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Rififi chez les Vikings
AventuraQuand un moine obsédé tente de convertir de rugueux buveurs d'hydromel au jus de raisin fermenté, c'est toute la mythologie Nordique qui est revisitée. Les Walkyries se réveillent et c'est le Walhalla qui éclate de rire...