Lune Framboise

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Nola



Biarritz, hôtel du Rocher de la Vierge ***

Lundi 19 Mai, 13h 10


— Enola ? Enolaaaa ! Dépêche-toi ! Il ne s'agit pas d'être en retard aujourd'hui !

— J'arrive maman ! dis-je de l'autre côté de la porte, malgré toute mon envie d'arriver en retard aujourd'hui spécialement.

Mais ça, je le marmonne. Je dois veiller à ne pas fâcher l'autorité parentale... Pas aujourd'hui ! Surtout pas aujourd'hui...

Je me regarde une dernière fois dans le miroir de la chambre. Il s'agit de faire bonne impression. Je dois absolument être admise dans ce lycée. Sinon, les parents ne seront pas contents, déçus, même. Et ce sera pire. Nous avons déjà eu rendez-vous avec deux autres lycées. Les deux proviseurs, au vu de mon dossier un peu particulier, préférèrent ne pas donner suite à notre demande. Papa et maman n'ont réussi à obtenir que trois entretiens et le lycée où nous avons rendez-vous d'ici une heure est le plus « sélect ». Le plus cher aussi. Mais comme cela est mentionné cinquante fois sur le site et les brochures : 98 % de réussite au baccalauréat, toutes séries confondues. C'est un sacré argument pour les parents.

En tout cas, cela a fonctionné sur les miens. En plus, la superbe plaquette dépliante au vernis sélectif qui expose le château servant dorénavant à la partie administration, le parc boisé de dix hectares, qui vante les professeurs à l'écoute, les nombreuses activités pour les élèves et les classes de prépa après le bac ont fini de les achever. Mes parents sont littéralement séduits. Je les soupçonne même d'avoir envie de recommencer leur terminale. S'ils savaient combien j'aimerais leur donner ma place !

Bon, un peu de concentration. Slim noir, OK. Boots, OK. Pull en cachemire gris, OK. Perfecto en simili cuir, OK. Je ne suis pas très grande -1 m 60 - et plutôt mince. Je fais mon âge, ni plus ni moins. J'ai relevé ma frange avec une barrette. Je la laisse pousser, comme le reste de mes cheveux, mais elle est encore trop courte pour que j'arrive à la faire tenir derrière mon oreille. Par contre, je suis plutôt satisfaite de l'allure à laquelle pousse le reste de ma chevelure : ils m'arrivent au milieu du dos ! J'ai enfin de longs cheveux bruns et raides ! Mon rêve de toujours !

Je me suis maquillée comme à mon habitude : un peu de poudre pour unifier mon teint mat, un coup de stick à lèvres The Body Shop à la grenade, un peu de mascara noir et un fin trait de liner noir également. Je me trouve plutôt présentable, pas forcément l'élève modèle, mais j'ai l'air sérieuse. Enfin, je crois. En tout cas, je sais que je suis sérieuse.

Aujourd'hui, je dois rencontrer le proviseur, madame Amestoy. C'est elle qui va décider si ma tenue est un bon choix. Ou non.

Ma mère m'appelle une troisième fois. Je glisse rapidement mon téléphone dans la poche de ma veste et je la rejoins dans le luxueux hall de l'hôtel. Avec les ponts du mois de mai, le tourisme bat son plein au Pays Basque et nous n'avons pas vraiment pu faire les difficiles quant au choix de notre hébergement. Personnellement, un hôtel trois étoiles ça me va ! Je peux admirer mon reflet sur le marbre et on me donne sans cesse du « mademoiselle » !

— Papa a fait appeler un taxi, m'indique maman, me sortant de mes pensées. Nous serons au lycée d'ici un quart d'heure. J'ai pris ton dossier scolaire.

— Merci.

— Mmmmh..., dit-elle en me dévisageant. Tu es sûre que c'est une tenue adéquate ?

— Maman...

Lakota, 1. OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant