Lune du chasseur 3 / 10

7 0 0
                                    


NOLA


Village d'Askatasuna, lycée privé Hegoa, Vendredi 4 septembre, 10 h 35


Miss Cheerleader, Winona de son prénom donc, traverse la cour à son tour. Je la déteste aussitôt. Non, le fait qu'elle sorte avec Jolan n'a rien à voir. Bon, disons que cela s'additionne au reste. Mais Winona, c'est le genre de fille que toutes détestent. Elle a un corps de déesse, et plus de poitrine que la majorité des lycéennes. D'après son sac Chanel, ses lunettes Ray-Ban et ses Louboutin, sa famille est plutôt aisée. Ses longs cheveux auburn brillent au soleil et elle est vraiment très, très jolie. Elle a une assurance digne d'une mannequin et sait très bien l'effet qu'elle a sur la gent masculine. Ses jambes fuselées sont mises en valeurs par un mini-jupe rouge. Rouge. Quand je parlais de la première impression... Je note que deux filles marchent derrière elle. Ses « meilleures amies », j'imagine.

Je la suis malgré moi du regard. Elle arrive devant Jolan, et sans un mot, passe sa main derrière sa nuque. Lorsqu'il l'embrasse, je tourne la tête ; je suis dégoûtée par ma propre crédulité.

— Si tu tiens à penser qu'il y a une justice sur Terre, dis-toi qu'elle a redoublé sa première et qu'elle va faire pareil avec sa terminale.

— Tu... Tu crois ? demandé-je à Amaia d'une voix troublée.

— Ah mais j'en suis sûre ! C'est cette année qu'elle redouble sa terminale L ! Elle fait partie des 0,5 % qui ont échoué !

— Ah ah ah ah.

Ludovic est écroulé de rire. Moi pas du tout. Il vient de m'annoncer que cette fille est dans ma classe... Ô misère ! J'ai vraiment l'impression d'être l'héroïne d'un film pour ados...

La sonnerie retentit de nouveau pour nous rapatrier en salle de classe. M. Légués n'a pas dû la quitter car il a le nez fourré dans de nombreux papiers.

— Mademoiselle Dichali !! Et mesdemoiselles Fourcade et Robert !!

— C'est à quel sujet ? minaude Winona sans le regarder.

OK, c'est bon, c'est sûr, je la déteste. Arrogante et impolie, tout ce que j'aime...

— Au sujet de la rentrée qui était à 9 h 30 ce matin, ce qui veut dire que vous avez presque deux heures de retard.

Elle lui tend une lettre manuscrite, « un mot de son père », et s'assoit au fond de la classe. Elle croise ses longues jambes fuselées et sort quelques affaires de son sac hors de prix. Son air satisfait me donne la nausée. Elle croise mon regard et un éclair passe dans ses yeux. Je détourne mon attention de cette créature flamboyante. Nelly et s'installent toutes les deux derrière elle. Apparemment, princesse Winona a besoin d'espace.

La fin de la matinée passe rapidement, et à 12 h 30, M. Légués nous libère pour la journée et nous dit « à lundi ». Il a demandé à toute la classe de lire les cinquante premières pages de La Princesse de Montpensier. Je suis bien contente de l'avoir lu cet été, au moins j'ai mon week-end pour moi toute seule.

Je salue Alex et Ludo et leur dis « à lundi » tout en leur souhaitant un très bon week-end.

— Attends, Nola, tu rentres comment ? me questionne Alex.

— En bus. J'ai la ligne A 1 qui passe dans dix minutes, si j'en crois mes nombreux plans de bus.

— On va le prendre ensemble, avec Amaia. On habite tous les trois Biarritz. Enfin, les quatre, Bixente aussi.

Lakota, 1. OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant