Chapitre 4

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Après une course effrénée sous la pluie battante, Hermione s'arrêta au même endroit que le portoloin l'avait amené une heure plus tôt, au centre de la place principale de la ville. Ces longs cheveux d'habitude bouclés étaient lissés par la pluie et lui collait au visage. Elle les dégagea de sa vue et regarda autour d'elle, dans l'espoir de trouver un point de chute et remettre ses idées en place. Rien n'allait depuis qu'elle avait décidé de venir dans cette ville et rencontrer un inconnu pas si inconnu que cela au final.

Elle repéra une chaumière au loin, la seule ouverte dans les environs. Alors, elle marcha dans cette direction et poussa la lourde porte en bois, une fois arrivée.

D'un simple geste de baguette, elle se sécha et s'assit au bar. Un homme d'une cinquantaine d'années vint la voir rapidement :

— Qu'est-ce que le bon Alistair peut faire pour cette charmante demoiselle ? demanda le maître des lieux, avec un sourire jovial.

— Une bierraubeurre, s'il vous plait.

Devant la mine renfrognée de Hermione, l'homme ne fit pas plus de commentaires et lui apporta sa commande.

La jeune femme regardait la mousse de sa boisson et réfléchit à son entrevue. Elle n'avait pas rêvé, c'était bien Drago Malefoy qui se faisait appeler Hypérion Black. À ce souvenir, elle ne put s'empêcher de sourire. Non mais, quelle idée de choisir ce pseudo ! Elle se sentit bête de ne pas s'être plus méfiée avant de venir dans cette ville perdue au nord du pays. Est-ce que Harry est au courant ? Sûrement pas. Il ne l'aurait jamais envoyé dans la gueule du loup comme ça. Elle devrait le prévenir.

Elle chercha alors un parchemin et une plume dans son sac, pour écrire une lettre à son ami et le tenir informé de la tournure des événements. Mais, une fois prête à écrire et dénoncer son ennemi d'enfance, elle ne put écrire le moindre mot. Elle ne pouvait se défaire de ce sourire, et surtout de ce regard d'acier, qui semblait durci avec le temps. Elle revoyait la scène où il était si proche d'elle. Jamais il n'avait osé l'approcher d'aussi près, probablement à cause de la nature de son sang. Mais, cette fois, il n'avait pas peur d'elle et il ne semblait pas non dégoûté par sa personne.

— Excusez-moi ? Alistair, c'est ça ? questionna soudainement Hermione auprès de son hôte.

— Oui, ma chère dame.

— Connaissez-vous un certain Hypérion Black ?

Elle s'attendait à une réponse négative, ou au mieux une mise en garde. Mais, elle n'était pas prête à entendre une telle réponse :

— Bien sûr ma petite dame. C'est le meilleur Occlumens de la ville et même du pays ! Il est arrivé ici il y a trois ans, seul et sans argent. Je l'ai logé ici-même de nombreuses semaines. Il nous a beaucoup aidé, nous les petits commerçants du coin. Alors, quand il a décidé d'ouvrir sa boutique, nous l'avons aidé à notre tour. C'est un gars bien, ce petit. Je ne sais pas ce que la guerre lui a fait, mais il était dans un sale état quand il est arrivé ici.

— Mh...

— Et vous, d'où venez-vous ?

— De Londres.

— Vous avez fait tout ce chemin pour notre cher Hypérion ? Il en a de la chance, ce petit.

Alistair s'éloigna en adressant un dernier clin d'œil à Hermione.

Deux bierraubeurres plus tard, et la jeune femme n'était toujours pas plus avancée face à son dilemme. Elle vida son verre d'une traite, quand la porte d'entrée s'ouvrit. Elle ne porta pas attention au nouvel arrivant, et regarda le fond de son verre, espérant y trouver une réponse miraculeuse.

L'homme qui venait d'entrer s'assit à l'extrémité de la sorcière. Alistair le remarqua de suite, et alla à sa rencontre. Contrairement aux autres clients, il lui serra la main et se pencha sur le bar pour lui murmurer ses suspicions :

— Drago... Il y a une jeune femme, juste là-bas, décrit-il en pointant Hermione du doigt, qui a demandé des informations sur toi. Enfin, plutôt sur Hypérion Black.

— Oh, vraiment ? Et qu'as-tu répondu ? demanda le client, intéressé par cette nouvelle.

— J'ai conservé ton secret, certifiant que tu étais Hypérion Black, et que tu étais un honnête homme. Tu sais que la petite vient de Londres, juste pour toi ? C'est dingue, non.

Drago acquiesça, sans plus de réponse et observait sa future cliente.

— Alors, tu la connais ? s'impatienta Alistair, avec un sourire en coin.

— Nous sommes... de vieilles connaissances, je dirais !

Le barman rit, et tapa l'épaule du blond.

— Je connais ça, va. En tout cas, elle a l'air de faire face à un terrible dilemme. Il n'est pas midi et c'est déjà sa deuxième bière. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais elle réfléchit beaucoup.

— Elle a toujours été comme ça.

Le vieil homme servit un soda à son ami, tandis que ce dernier se rapprocha de sa proie.

— Alors, comme ça on glane des informations sur moi ? s'amusa Drago.

Hermione sursauta et se retourna pour regarder son interlocuteur et son éternel rictus.

— Je fais partie de la Justice Magique maintenant, ne l'oublies pas. C'est mon métier d'enquêter, le défia-t-elle.

— Soit. C'est bien vu pour une enquêtrice hors-pair comme toi, de fuir au premier obstacle ?

— Tu n'es pas un simple obstacle ! Tu es bien plus que ça, tu représentes tout ce que j'ai toujours détesté durant toutes ces années.

Drago perdit son sourire, et prit un air sérieux.

— Ecoute, j'ai changé. Comme mon cher ami Alistair a pu te le dire, je suis un "honnête homme." Je te propose mes services. Tu peux apprendre très vite, tu sais. Le test de tout à l'heure était justement fait pour voir tes capacités. Je pense qu'il faudra moins d'un moment pour te former.

— Très bien, je te donne deux semaines. Pas un jour de plus.

Sur cette certitude, elle lui tendit sa main. Il fixa cette dernière avant de lier de nouveau leurs regards. Ses yeux marrons pétillaient désormais. Que ce soit l'alcool ou le défi, il aimait ce regard. Alors, il lui serra la main avec un sourire victorieux.

— Ce soir, vingt heures.

Ils restèrent de longues secondes, main dans la main, comme si un lien invisible venait de se former entre eux. Une certaine forme de pardon espérait Drago. Un désir incompréhensible pour Hermione, qui ne comprit pas la chaleur qui irradiait le long de son bras. Ils finirent par se séparer.

— À ce soir, conclut-elle avant se lever de son siège pour louer une chambre auprès d'Alistair.  

Résiste.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant