Chapitre 9

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Drago rentra tard le soir. Il avait marché toute la journée, dans les plaines aux alentours du village. Il avait besoin d'être seul, pour se prouver qu'il n'avait pas besoin d'elle, et qu'il était mieux seul. Mais, après des heures à ressasser les souvenirs de ces derniers jours et des kilomètres parcourus en marchant ou en courant, il ne put se résoudre qu'à affronter la vérité : il était tombé amoureux de son ennemi d'enfance.

Il aimait cette jeune femme, aux boucles brunes qui tombaient en cascade le long de ses épaules, frôlant par moment son dos nu, qu'il avait pu caresser pendant des heures, sans jamais s'en lasser. C'est comme s'il n'était pas rassasié ni de ce corps, qu'il avait pris plaisir à découvrir, embrasser et caresser pendant chaque minute qu'elle lui offrait, mais également de sa voix, de son rire, de son parfum. Il en voulait plus, il ne pouvait pas la laisser partir et l'abandonner comme les autres l'avaient fait.

Il avait passé tellement d'années seul, qu'il avait oublié la sensation que cela faisait d'avoir de la compagnie, outre celle d'Alistair le temps d'une soirée ou deux chaque semaine. Il avait appris à découvrir ce qu'était le véritable amour, ce sentiment qui ne demande qu'à grandir entre deux êtres. Un lien qu'il pensait indestructible s'était formé entre eux, sans qu'il s'en rende compte.

Il avait joué, il l'avait taquiné, et il s'était brûlé. Il brûlait d'amour pour Hermione, elle qui venait de le quitter, comme si elle ne ressentait pas ce lien unique entre eux. Il n'arrivait pas à le croire lui-même, mais il était obligé de faire face : en quelques jours, elle était devenue tout ce qu'il avait besoin.

Face à cette constatation, il prit la décision de se battre pour elle. Qu'importe le temps que ça prendrait, un jour, une semaine, une année ou encore une décennie, il la récupérerait. S'il devait affronter les démons de son passé, il le ferait sans rechigner. Il savait que ça n'allait pas être une mince affaire, autant affronter sa famille, il s'en fichait pas mal. Ils avaient coupé les ponts depuis tellement d'années, qu'il n'avait pas besoin de leur approbation pour vivre son idylle. Mais, il allait affronter de plus grands démons : Londres, Weasley, le Ministère et probablement Potter.

Il rentra, avec l'infime espoir qu'elle ait changé d'avis et qu'elle soit en train de l'attendre dans son appartement, mais quand il poussa la porte, tout espoir s'envola. Elle était partie, c'était définitif. Elle avait pris toutes ses affaires. Il se laissa tomber dans le canapé, avec une bouteille de Whisky pur feu à la main et regarda le plafond. La tête posée sur un coussin, il sentait encore son parfum féminin emplir la pièce. Il se consola ainsi, respirant les derniers effluves qu'elle avait bien voulu laisser.


Une semaine plus tard, Flagley-le-Haut.

Une semaine, sept jours. Cela faisait plusieurs jours que Drago n'avait pas ouvert sa boutique et ne sortait pas de chez lui. Il se retrouvait seul, face à lui-même. Chaque jour, il lisait la Gazette du Sorcier, dans l'espoir d'avoir des nouvelles de l'enquête de Hermione. Une fois cette enquête terminée, il irait la retrouver. Il était prêt à abandonner de nouveau une vie qu'il avait reconstruite, pour elle. Alors, il attendit, patiemment.


Deux semaines plus tard, Flagley-le-Haut.

Drago avait repris ses habitudes : la boutique était ouverte de nouveau, mais à des horaires plus restreints. Il revoyait Alistair, qui le taquinait sur son chagrin d'amour.

— Je suis désolé, mon petit... C'est moche qu'elle ait décidé de partir comme ça. Elle semblait être une fille bien, essaya-t-il de le réconforter, en faisant la vaisselle au bar.

— C'est la plus merveilleuse des femmes, Chef. Tu ne te rends pas compte à quel point elle est fantastique. Et tout ce qu'elle a subi...

Il baissa la tête et repensant à la douleur qu'il avait pu lire sur son visage au cours de leurs séances d'entraînements.

— Et le pire, c'est que je suis responsable d'une part de sa douleur. Mais, elle m'a pardonné aujourd'hui et c'est tout ce qui compte.

— Qu'est-ce que tu attends pour la retrouver alors ?

— Elle... gère une enquête assez sensible à la capitale. Je la laisse la terminer et après, j'irais la retrouver. J'ai peur qu'elle m'ait oublié...

— Ah, je peux t'assurer que le genre d'amour qu'il y avait entre vous, ce n'est pas le genre que t'oublies d'un claquement de doigt.

Drago leva la tête, le regard pétillant d'espoir face à son ami.

— Comment ça ?

— Je vous ai vu tous les deux, fricoter dans le coin, vous balader sous le clair de lune. Il n'existe pas plus romantique... Et, je peux te dire que j'en ai vu des couples passer ici, qui s'aiment et qui se déchirent. Mais, un couple comme vous ? Jamais. Elle te reviendra, j'en suis sûr.

— Même si... elle a sa vie là-bas ? J'ai déjà eu moi-même du mal à quitter ma vie là-bas alors qu'elle était bien pourrie. Mais, elle a tout. Un boulot génial, un "fiancé", des amis de toujours... Je ne sais pas si elle serait prête à tout abandonner pour moi.

— Pourquoi ce serait à elle d'abandonner Londres ?

Le jeune blond le regarda, perplexe.

— Je ne peux pas retourner là-bas...

— Réfléchis bien à ça, mon garçon, finit Alistair en faisant un clin d'œil.

Il resta seul au bar, avec son verre de Whisky pur-feu, une de ses nouvelles boissons de prédilection de ces dernières, sans tomber dans l'excès. Il prit le temps de déguster chaque gorgée, qui lui brûlait la gorge. Il se mit à anticiper les différents scénarios possibles.

Premier scénario, le plus idéaliste mais le moins réalisable : Hermione revint d'elle-même, dès ce soir. Ils se dévoilèrent leur amour mutuel, et vécurent heureux, à Flagley-le-Haut. Juste eux deux, et peut-être qu'il partagerait son amour avec un enfant.

Il soupira à cette idée, et prit une nouvelle gorgée.

— Irréalisable, murmura-t-il pour lui-même.

Deuxième scénario : elle ne revint jamais, il resta sur ses positions. Ils ne se revirent jamais, et il ne put lui exprimer son amour, finissant seul.

Il eut un rire amer, il ne laisserait jamais ce scénario arriver. Impossible qu'il vive sans elle, deux semaines c'est déjà beaucoup trop long. Alors, il réfléchit à un troisième scénario : pour Noël, il part pour Londres et la retrouve. Malgré des potentielles difficultés à surmonter, ils finissent par s'avouer leurs sentiments.

Malheureusement, dans ce dernier scénario, il n'arrivait pas à décider s'ils restent à Londres ou s'ils reviennent à Flagley-le-Haut.

Alistair avait raison, il allait retourner à Londres, et le jour de Noël semblait être une bonne date. Il finit son verre et eut un sourire victorieux. Il avait trois jours pour préparer ses bagages, trouver un cadeau et partir pour Londres.  

Résiste.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant