Chapitre 6

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La deuxième journée d'entrainement se déroula sans accroc et dans la courtoisie. Hermione s'habituait à la présence physique et surtout psychique de Drago. Ce dernier apprivoisait sa cliente, qui lui faisait un peu plus confiance à chaque moment.

Il découvrit de brefs souvenirs, uniquement. Chacun d'eux était de plus en plus court, et il en était fier. Le premier qu'il avait visionné, il avait assisté à toute une scène complète de plusieurs minutes. Concernant le deuxième, qu'il avait aperçu la veille, il avait vu un demi-scène : elle pleurait à cause de ce Weasley et c'est tout ce qu'il savait.

Aujourd'hui, il entrapercevait des bribes : la décision de Choixpeau, il n'entendit que "Gryffondor !" avant d'être éjecté ; il vit sa terreur face à un troll des montagnes, alors qu'elle n'avait que onze ans ; son courage face à un loup-garou ; sa déception lors du bal de Noël de quatrième année ; sa détermination lors de la création de l'Armée de Dumbledore, qu'il avait tout mis en œuvre pour détruire. À l'époque, il n'avait pas compris tout ce que cela représentait pour elle. Il était fier des progrès qu'elle avait acquis aujourd'hui, et étonnamment surpris de l'adolescente qu'elle avait été et la femme qu'elle était aujourd'hui.

Malgré tous ces morceaux de souvenirs qu'il voyait, jamais il n'aperçut comment était sa vie actuellement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle travaillait pour le ministère de la Justice Magique. Il était intrigué. Elle ne manquait à personne pendant ces deux semaines, loin de Londres et si près de lui ?

— Faisons une pause, proposa-t-il au bout de plusieurs heures d'exercice.

Il lui tendit une bouteille d'eau. Elle la prit avec joie et but de nombreuses gorgées.

— Alors, professeur ? le taquina-t-elle.

— Tu progresses doucement, mais sûrement !

— Doucement ?

Elle parut déçue de cette révélation.

— Ce n'est que le deuxième jour.

— Je pensais que ce serait plus simple que ça.

— Je ne peux que voir que des petits moments éparpillés de tes souvenirs, maintenant. C'est un énorme progrès pour une novice.

— Mais ce n'est pas comme ça que je vais résoudre mon enquête, soupira-t-elle.

— Parle-moi de cette enquête.

Elle ne répondit pas et prit son sac, posé dans le coin d'une pièce. Elle en sortit le dernier article de journal qu'elle a lu à ce propos et lui tendit. Drago lut attentivement les lignes avant de reporter son attention sur elle, qui semblait désemparée.

— Les Legilimens de haut niveau sont rares, c'est étrange qu'il ait réussi à passer outre les radars pendant toutes ces années. Ça doit être un homme jeune.

— Pourquoi pas une femme ?

Il haussa les épaules et lui rendit le bout de journal.

— Je ne connais pas les détails de l'enquête, mais d'après ce qui est écrit il ne s'attaque qu'à des femmes, ce qui me laisse supposer que c'est sûrement un homme. Mais rien n'est sûr. Et jeune, parce que de telles capacités ne peuvent pas rester toute une vie sans alerter une quelconque autorité.

— Toi, tu travailles bien dans l'ombre ? se risqua-t-elle.

— Pas vraiment. Et, c'est d'ailleurs comme ça que tu as eu mes coordonnées. Je suis connu auprès du Ministère. Mais, je ne fais pas de vague, je les aide de temps en temps alors il me laisse tranquille. Car, je n'ai que de bonnes intentions.

Hermione rigola sincèrement, ce qui réchauffa le cœur glacé de Drago. Il n'avait pas entendu de rire si franc et chaleureux depuis des années. Il eut un sourire béat sur le visage, qu'il essaya de cacher en buvant une gorgée d'eau. Cependant, il ne passa pas inaperçu aux yeux de la brune.

— Drago Malefoy qui sourit ! J'aurais tout vu en venant ici, dit-elle avec un sourire en coin.

Pris au jeu, il répondit avec la même intonation.

— Oh, mais que vois-je ? Madame Granger, avec un sourire en coin, digne d'un Serpentard !

— Alors là ! Moi vivante, jamais ! rit-elle aux éclats.

— Nous ne sommes pas si méchants, tu sais, se défendit-il en se rapprochant.

— Ben, voyons ! le repoussa-t-elle gentiment.

Il n'insista pas plus, mais sentit une faille proche. Elle brisait sa carapace petit à petit, ce qui l'amusa.

— Ça suffit la rigolade. Allons manger un bout avant de reprendre. Alistair cuisine le meilleur hachis parmentier du pays. Je vais te faire goûter ça !

Ils sortirent ensemble de la boutique pour rejoindre la chaumière. Ils prirent un déjeuner, en s'échangeant de simples banalités, sans évoquer le passé ni les détails de leurs vies privées respectives.

Drago n'avait rien à dévoiler sur cette partie, de toute évidence. Cela faisait des années qu'il était installé et c'était le néant dans sa vie privée. Il se consacrait à sa boutique, et n'avait fait aucune rencontre. Il était bien comme ça, il n'avait pas envie de partager ses sombres secrets avec une femme, qui fuirait dès le premier aveu.

Ils apprirent à se connaître de nouveau, ou plutôt vraiment pour la première fois depuis des années. Il lui parla de sa passion de l'astronomie et des étoiles. Il lui avoua avoir un télescope dans son appartement et se plaisait à observer le ciel. En contrepartie, elle lui parla de ses premiers dossiers en tant que directrice adjointe.

Le déjeuner passa, ainsi que l'après-midi sans qu'aucun de deux ne vit le temps passer. Ce fut Alistair qui les ramena à la réalité.

— Les jeunes, il est presque 16 heures. Je ferme un peu, avant de rouvrir ce soir, leur dit-il, gêné de les interrompre.

— Evidemment, nous te laissons tranquille, répliqua Drago en se levant et laissant des pièces sur la table.

Ils retournèrent à la boutique et s'entraînèrent de nouveau, avec plus de légèreté. Ils se sentaient en confiance l'un avec l'autre, sans qu'aucun ne puisse expliquer ce lien étrange qui était en train de se créer entre eux.

Les jours suivants, les entraînements s'additionnaient, et leur lien s'intensifiait autant que les capacités de Hermione, qui n'arrêtait pas d'épater Drago. À la fin de la première semaine, il décida d'entamer une nouvelle étape dans sa formation.

— Dès demain, nous allons essayer une nouvelle technique. Tu sais me tenir l'écart, maintenant tu vas devoir me repousser. Me chasser totalement hors de ton esprit.  

Résiste.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant