Les semaines passèrent et heureusement pour Alice, elle ne croisa pas Charles. Elle avait appris qu'il était parti à Londres pour quelques semaines. Cela allait permettre à la jeune fille de prendre ses marques dans la grande demeure. Rapidement, elle avait appris tous les noms et prénoms des domestiques, les orphelins l'adoraient tout comme les chevaux. Elle passait beaucoup de son temps près de la rivière avec sa jument, lisant tandis que sa monture paissait tranquillement à ses côtés.
Un soir d'orage, Alice était en train de dîner tranquillement avec son parrain lorsque le valet de pied, Fitzgerald, entra et déposa un courrier près du marquis. Ce dernier prit l'enveloppe et la décacheta avant de la parcourir rapidement.
— Qu'est-ce donc milord ?
— Une missive de Charles. Il me dit qu'il arrivera dans la soirée avant que l'orage n'éclate.
— Comment peut-il savoir quand la pluie va commencer à tomber ? s'étonna Alice.
Le duc haussa les épaules et continua sa soupe. Ils discutèrent du dernier bal masqué donné ici et Alice rougit en se souvenant de ce qui s'était passé, non loin de cette pièce.
— J'ai eu l'impression que le prince de Linange s'intéressait beaucoup à votre personne, fit remarquer le duc en savourant son plat.
— Vous trouvez ? Il m'a seulement invitée à danser une fois, rougit la jeune fille en tournant la cuillère à soupe dans l'assiette creuse.
— Bien entendu mais il n'a invité que vous. Il est même parti assez tôt curieusement. Lui qui est connu comme fêtard, j'ai été étonné. Je crois bien que vous lui avez fait de l'effet. Mais méfiez-vous tout de même ma chère. C'est un homme marié.
Alice manqua de s'étouffer avec son verre de vin. Elle n'avait même pas remarqué d'alliance à son doigt.
— Oh il ne le crie pas sur tous les toits car il déteste son épouse. Seuls certains le savent.
— Merci de me l'avoir dit milord.
Une fois le repas terminé, Alice souhaita une bonne nuit à son parrain et monta rapidement les escaliers. Elle s'arrêta en haut des marches et tourna la tête vers sa droite où elle vit la porte de la chambre de Charles entrouverte. Son cœur se serra et elle secoua la tête avant de rentrer dans la sienne.
En enlevant ses boucles d'oreille, elle se dit que la présence du jeune homme lui manquait. Leurs petites querelles aussi. Pourtant elle en avait assez qu'il la rabaisse sans arrêt mais au moins, quand elle était avec lui, elle ne ressassait pas les jours précédents la mort de ses parents. Et lorsqu'il dormait non loin de sa chambre, elle ne faisait pas d'horribles cauchemars. Cela faisait deux semaines qu'il était parti, et elle, passait des nuits atroces. La jeune fille se réveillait pratiquement toutes les heures à cause de ses rêves.Elle se lava soigneusement, redoutant le moment où elle se glisserait sous les couvertures pour s'endormir. Pourtant, elle fut bien obligée d'y aller et le sommeil la gagna rapidement tandis qu'un éclair zébrait le ciel.
Charles venait d'arriver dans la demeure, après deux heures de cheval et avec des bottes pleines de boue. Il avait aussitôt confié son cheval à un palefrenier qui l'attendait depuis la début de soirée. Au moment de passer la porte, un éclair illumina le ciel et le tonnerre se fit entendre quelques secondes plus tard. Le jeune homme sourit et retira ses gants tout en appelant le majordome.
— Mon père est-il parti se coucher ? demanda-t-il à Fitzgerald.
— Oui milord.
— Et lady Cross ?
— Elle en a fait de même milord. Elle ne se sentait pas très bien à la fin du dîner.
— Tiens donc ? dit Charles en se massant les doigts. Comment s'est déroulé ces deux semaines pour elle ?
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Le Duc de Camburry
RomanceAnnée 1850. Le Duc de Camburry, veuf depuis peu, doit se remarier rapidement n'ayant pas encore eu d'héritier. Fils unique, sa mère est décédée lors de sa naissance. Son père, voulant se venger transforma l'enfant en un homme froid et implacable. Il...