5 : Promenade

1.2K 111 37
                                    

 Une semaine s'était passée depuis son arrivée et Alice s'embrouillait toujours avec Charles de Camburry. Ce dernier prenait un malin plaisir à la faire sortir de ses gonds. En critiquant sa tenue, son rang ou même ses goûts en matière de décorations, parfois en lui parlant des rumeurs qui couraient sur son caractère. Une fois, alors qu'ils se trouvaient à table, il avait sorti en ne quittant pas des yeux son journal :

— Je peux voir que les rumeurs sont fondés en vous découvrant chaque jour un peu plus ma chère Alice. Vous êtes si bornée que je me demande si parfois je ne suis pas en présence d'un âne.

Cela avait eu l'effet attendu par le fils du duc et Alice était devenu rouge de colère en lui répondant qu'il était le pire des hommes et qu'elle plaignait bien sa future épouse. Cela avait seulement arraché un sourire à Charles tandis que le père le regardait, les sourcils froncés.

Un matin, Alice s'était réveillée plus tôt que d'habitude pour aller se promener à cheval et ainsi éviter de croiser Charles. Elle fut dérangée dans sa préparation par trois coups à la porte. Après avoir donné l'autorisation d'entrer, une personne connue apparu et Alice cria de joie. C'était son ancienne femme de chambre, Bénédicte, qui se tenait debout devant elle. Elle la prit dans ses bras en disant :

— Comme je suis contente que tu sois ici avec moi. Sans toi, la vie aurait été plus difficile.

— Le duc de Camburry nous a engagés. Tous ceux qui travaillaient dans la maison de vos parents.

— Monsieur père est si prévenant envers moi. J'ai commencé à me familiariser avec les domestiques de cette demeure. Mais ils sont tellement nombreux que je mélange tous les noms, avoua-t-elle en riant de bon cœur.

— Ce n'est pas le père qui est venu nous chercher. C'est son fils, Charles, qui a décidé de tous nous prendre à son service.

— Charles ? Mais... Pourquoi donc aurait-il fait une chose pareille ?

— Il nous a dit que nous vous avions côtoyés pratiquement depuis votre enfance et que donc cela vous permettrait de mieux vous habituer à cette nouvelle vie.

— Hmm... Le fils duc qui a de la compassion envers moi ? Voilà qui est bien étrange. Dans tous les cas, dit Alice avec un grand sourire, je suis heureuse que tu sois présente. Tu vas pouvoir m'aider. Je n'arrive pas à fermer cette satané tenue seule.

La servante rit et l'aide à s'habiller puis la coiffa pour qu'elle soit à l'aise durant sa promenade à cheval. Une fois ceci terminé, elle descendit à pas de loup jusque dans la cuisine où elle croisa un grand nombre de cuisiniers et de valets de pied. Ils s'arrêtèrent tous de travailler en voyant la jeune femme arriver avec un grand sourire.

— Bonjour à tous. Bonjour William, bonjour Mrs Potty, Mr Bringman, Mr... Excusez-moi quel est votre nom ? demanda-t-elle penaude.

— O'Malley mademoiselle, dit-il en s'inclinant.

— O'Malley c'est cela. Promis je ne vous oublie plus. Ma mère avait des origines irlandaises. J'imagine que vous aussi ?

— Tout à fait, dit le majordome en bombant le torse, fier de ses origines.

— Que nous vaut l'honneur de cette visite milady ?

— Oh je vous en prie pas de milady. Je suis uniquement la fille d'un vicomte. Lady Alice suffira amplement, dit-elle dans un rire clair. Je suis venu chercher des pommes pour les chevaux s'il vous plaît.

— Les chevaux ? s'étonna le cuisinier. C'est que... Les chevaux mangent du foin et non des pommes.

— Je vais me promener à cheval et pour récompenser ma jument j'ai besoin de pommes. Une seule me suffira amplement.

Le Duc de CamburryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant