Le lendemain, Alice s'éveilla avec un grand sourire. Si le début de la nuit avait été compliqué, son cauchemar s'était transformé en rêve parfait lorsque tout à coup Charles de Camburry était apparu. Elle avait rêvé qu'elle lui racontait son cauchemar et lui la rassurait. Dommage que cela ne soit pas arrivé plus tôt, se lamenta-t-elle.
Elle s'habilla rapidement d'une robe verte et descendit prendre son petit-déjeuner espérant voir son parrain pour discuter avec lui. Lorsqu'elle pénétra dans la salle à manger, elle ne vit pas le père mais seulement le fils. Elle sourit en le voyant. Cela faisait deux semaines qu'Alice ne l'avait vu et au fond d'elle-même, il lui avait manqué.
Charles releva la tête et vit la demoiselle à l'entrée de la pièce.
— Bonjour, dit-il avec un grand sourire. Avez-vous bien dormi ?
— Étonnamment, très bien. Je dors peu et mal depuis quelques temps mais cette nuit au contraire, j'ai pu me reposer. Mon cauchemar s'est transformé en rêve si je puis dire.
Charles tiqua sur ses mots, conscient que la jeune femme ne se souvenait pas de sa présence sur son lit. Il baissa les yeux vers son journal et continua de le lire.
Pendant ce temps, Alice prenait place sur un siège tout près de lui. Même un peu trop près selon le duc.— Comment s'est passé votre séjour à Londres milord ? demanda poliment Alice.
— Charles. Et mon voyage s'est plutôt bien passé. Même si j'espérais mieux.
Un silence s'installa avant que le jeune duc ne dise d'une voix froide :
— J'ai appris hier soir en rentrant que vous étiez partie vous promener à cheval près de la rivière.
— Tout à fait. L'eau est plutôt bonne en cette saison. Et puis, cela m'a permis de passer du temps avec ma jument. Comme j'avais l'habitude de le faire avant... Enfin, si vous voulez être rassuré, je ne me suis pas baignée. Je me suis seulement trempé les pieds.
— Les domestiques vous ont pourtant dit que cette rivière était dangereuse.
— A vous entendre, l'on croirait qu'ils n'ont pas de noms. Mr O'Malley et Mr Fitzgerald m'ont en effet prévenue de la dangerosité de la chose, dit-elle en tartinant de beurre un morceau de pain et en insistant bien sur les noms.
— Peu importe leurs noms, je ne veux pas que vous alliez près de cette rivière !
— Et pourquoi donc je vous prie ? Je pense être encore libre de mes mouvements, répondit Alice du tac au tac.
— Vous ne l'étiez pas lorsque je vous ai embrassée le soir du bal, murmura-t-il en se penchant vers elle.
Cela eut l'effet escompté et Alice rougit immédiatement. Elle se tut et croqua un bout de son pain sous l'œil du duc. Elle ne s'en rendit peut-être pas compte mais Charles se raidit en la voyant faire. Et surtout, il baissa les yeux vers l'échancrure de sa robe. Il toussa et se remit à lire son journal.
— Seriez-vous malade milord ?
— Charles, répéta-t-il en soupirant. Et non je ne suis pas malade. Contrairement à d'autres, je ne suis pas faible.
— Me traiteriez-vous de faible ? s'étonna-t-elle en le regardant.
Il tourna ses yeux bleus vers elle et aperçut une miette au coin de ses lèvres. Il approcha délicatement son pouce vers ces dernières et enleva le petit morceau de pain. Sa main se posa ensuite sur sa joue, caressant du bout du pouce ces lèvres pleines. Le jeune homme la regarda et murmura d'une voix rauque :
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Le Duc de Camburry
RomanceAnnée 1850. Le Duc de Camburry, veuf depuis peu, doit se remarier rapidement n'ayant pas encore eu d'héritier. Fils unique, sa mère est décédée lors de sa naissance. Son père, voulant se venger transforma l'enfant en un homme froid et implacable. Il...