Son dos rencontra un mur tandis que ses yeux cherchaient désespérément la personne en face d'elle. Alice était confuse : il y a quelques secondes elle manquait d'embrasser le prince, et juste après, voilà qu'elle se retrouvait plaquée contre un mur sans savoir qui se trouvait en face.
— Alors comme ça, votre cœur est déjà pris Alice ? murmura d'une voix rauque la personne.
Alice cligna des yeux croyant rêver en entendant la voix.
— Charles ? Est-ce vous ?
— En tout cas, ce n'est pas Charles de Linange, votre précieux prince.
— Mais ... Lâchez-moi vous me faites mal milord, dit-elle en gigotant.
— Et voilà que vous recommencez à m'appeler par mon titre. Quand comprendrez-vous que je préfère que vous m'appeliez par mon prénom ?!
— Quand vous vous serez excusé pour votre comportement de ce soir. Après tout, je vous dois le respect étant donnée que je suis seulement...
— Oh par pitié, taisez-vous !
A la fin de sa phrase, il se pressa contre elle et chercha désespérément ses lèvres. Alice, sentant ce qu'il comptait faire bougea la tête dans tous les sens, essayant de se soustraire à ce baiser. Il réussit à bloquer son visage avec son pouce et son index et il pressa sans ménagement ses lèvres contre celles de la jeune fille. Alice, au début récalcitrante, se laissa vite faire et dégagea ses bras pour pouvoir les mettre autour du cou du jeune homme, passant ses mains dans les cheveux bruns. Sa raison avait pris la fuite et son cœur prenait toute la place. Il battait tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser.
Charles, quant à lui, passa de ses lèvres à son cou pour descendre jusqu'à sa clavicule. Il parsema sa peau de mille baisers avant de remonter vers ses lèvres. Ses doigts agiles et fins cherchèrent les lacets du corsage pour s'empresser de les défaire. Il avait envie d'elle, il souhaitait qu'elle lui appartienne. Peu importe les convenances, peu importe sa recherche d'épouse riche et titrée. Là maintenant, il ne souhaitait faire qu'un avec la jeune fille qu'il tenait entre ses bras.
— Charles... Arrêtez...
Ce fut l'effet d'une douche froide pour le duc en entendant sa voix. Il recula de quelques pas en poussant le mur qui se trouvait derrière elle. Sa respiration était haletante tout comme la jeune femme dont les lèvres étaient gonflées par sa faute.
— Vous avez bu. Vous n'êtes plus le même, vous ne vous contrôlez plus.
— Ma chère, si je ne me contrôlais vraiment plus, je vous aurais prise contre ce mur en quelques minutes. Inutile de rougir, vous avez entamé le sujet.
— J'ai entamé le sujet ? Vous vous êtes comportés comme un ... Comme un...
Charles de Camburry se rapprocha d'elle avec un sourire en coin, lui lançant le défi de continuer sa phrase.
— Et le pire, c'est que je vous ai laissé faire. Vous m'avez embrassée et vous m'avez... Oh vous alliez défaire mon corsage.
— Vos aptitudes pour déduire une chose logique m'étonneront toujours Alice. N'ai-je pas eu la décence d'arrêter avant que nous allions trop loin ? murmura-t-il en continuant à se rapprocher.
— Je vous avais dit de ne plus m'approcher, dit-elle froidement.
— Je n'écoute plus les ordres qu'on me donne depuis bien longtemps. Et puis, je n'ai pu m'empêcher d'écouter votre jolie conversation avec le prince tout à l'heure. Pourquoi ne pas l'avoir laissé vous embrasser ?
— Je lui ai expliqué mes raisons et Charles a très bien compris.
— Et dire que je dois vous supplier de m'appeler par mon prénom, fit-il en roulant des yeux, les mains jointes.
— Lui n'a pas été abjecte avec moi. Au contraire il a pris ma défense. Il a été très gentleman et ...
— Bla bla bla, ironisa le fils du duc. Votre cœur est déjà pris. Et je sais très bien par qui.
— Ah oui ? Dites-moi son nom.
Il se colla de nouveau à elle et immédiatement, le souffle de la jeune fille s'accéléra. Mais bon sang, son corps ne pouvait-il s'empêcher de réagir comme ça ? Qu'avait-elle fait au bon Dieu pour qu'elle se trouve face à cet homme qui bouleversait tous ses sens ?
— Je pense que votre cœur m'appartient. Mais sachez que je n'appartiens à personne Alice. Et encore moins à une femme comme vous. Au contraire, c'est vous qui m'appartenez.
Alice le gifla de toutes ses forces si bien qu'il manqua de tomber par terre sous le choc. Il réussit à se rattraper au fauteuil avant de tourner la tête vers la demoiselle en colère avec un grand sourire.
— Ne vous avisez plus de parler de moi comme si j'étais un objet duc.
Et le mot duc était dit avec un tel mépris que Charles se demanda s'il n'était pas allé trop loin cette fois-ci. Alice était vraiment en colère et malgré son envie de la serrer dans ses bras, la raison de Charles savait qu'elle le repousserait cette fois. Peu importe où il l'embrasserait.
— Au diable les femmes !
Et il partit rejoindre les invités, en prenant bien soin de claquer la porte derrière lui. Alice sursauta en entendant le claquement de la porte. Puis elle se laissa tomber à terre dans un glissement. Ce qui venait de se passer était juste surréaliste. Ils étaient passés de la passion à la colère.
La clocha sonna une heure du matin et elle décida de quitter la réception pour monter se coucher après toutes les émotions ressenties. Elle partit saluer son parrain en s'excusant et une fois arrivée dans sa chambre, Bénédicte l'aida à se déshabiller pour qu'elle aille prendre tranquillement un bain et de se préparer pour la nuit.
Alors qu'elle était dans la baignoire d'eau chaude, la tête posée contre le rebord et les yeux fermés, Alice songea à tout ce qu'elle venait de vivre. Les baisers de Charles avaient été passionnés et elle savait qu'au fond de lui, il la désirait. Comme beaucoup avant. Mais il y avait quelque chose chez lui qui faisait tressaillir Alice au plus profond d'elle-même. Comment allait se passer la journée de demain... Devait-elle l'éviter ou au contraire avoir une discussion franche avec Charles de Camburry ? Lui cherchait une épouse titrée et elle, un mari de son rang. Ils n'étaient clairement pas faits l'un pour l'autre.
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Le Duc de Camburry
RomanceAnnée 1850. Le Duc de Camburry, veuf depuis peu, doit se remarier rapidement n'ayant pas encore eu d'héritier. Fils unique, sa mère est décédée lors de sa naissance. Son père, voulant se venger transforma l'enfant en un homme froid et implacable. Il...