Chapitre 26

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Les baisers de Nergal...

Aussi brûlants que des coulées de lave, aussi caressants que les ailes d'un oiseau.

Si Nergal appartient à la nuit, si son souffle provient du néant.

Moi aussi, je serai la nuit.

Moi aussi, je serai le néant.

Moi qui n'espérais rien de la vie, rien de l'amour, Nergal m'a tout donné en quelques heures.

Mon corps pressé contre le sien, je tremblais de doute, de peur.

Les mauvais souvenirs sont tenaces. Ils vous collent à la peau, se gravent durement dans votre chair.

— Je suis nulle ! Laisse tomber, Nergal.

J'étais déjà presque nue quand son regard de glace s'est attardé sur les courbes de ce corps rebelle qu'il voulait posséder.

— Pourquoi tu dis ça ? a-t-il demandé.

Devais-je lui décrire comment le garçon qui me plaisait m'avait pénétrée en un éclair ?

Comment j'avais serré les dents pour ne pas hurler.

Comment les larmes avaient inondé mes yeux puis s'étaient déversées le long de mes joues.

Comment tout cela avait paru ennuyeux pour lui et douloureux pour moi.

Comment il était très vite passé à autre chose.

Alors Nergal m'a souri, et quelque chose s'est ouvert devant moi.

— C'est peut-être mieux ainsi, a-t-il soupiré. Mon armure ne résiste pas lorsque je te touche...

Le vrai Nergal est apparu sous mes yeux.

Sa peau était sombre et brillante à la fois, ses prunelles étaient quasiment transparentes, ses ailes étaient immenses. Elles faisaient partie intégrante de son corps, prolongeant naturellement ses omoplates. Elles étaient couvertes d'un fin duvet noir et luisant.

J'ai tendu la main pour les effleurer.

— Tu es capable de voler ?

— Cela a toujours beaucoup impressionné ton peuple, a-t-il avoué.

Et puis il m'a plaquée contre lui. Ses ailes se sont largement déployées, formant une tempête autour de nous. Elles nous ont emportés dans les hauteurs à une vitesse folle. Terrifiée, je restais accrochée à lui, les paupières closes afin de ne pas voir le sol s'éloigner. 

Je crois bien que nous avons traversé des milliers de nuages et nous avons abouti au sommet d'une grande montagne. À perte de vue, tout était recouvert par la neige.

— Est-ce que ta planète ressemble vraiment à ça ?

— Elle est encore plus magnifique.

Nous nous sommes allongés au cœur de ce décor époustouflant. Nergal s'est comporté avec moi comme si j'étais une créature fragile et infiniment précieuse.

— Où donc se cache le Nergal qui a failli me péter l'épaule ? Tu étais sacrément de mauvais poil ce jour-là.

Il a ri en saisissant une mèche de mes cheveux pour la promener négligemment entre ses longs doigts.

— Je venais de perdre une guerre, a-t-il murmuré.

Sa bouche s'est faite plus insistante, ses mains aussi. Il m'a dit que j'étais belle. J'ai lâché prise et je me suis abandonnée à ses étreintes. Toutes les peurs se sont enfuies au seul écho d'un battement d'ailes.

Les ailes de mon démon.

C'est ainsi que les humains ont nommé les êtres tels que Nergal.

***

Au matin, la puissante magie s'est dissipée. Les rayons du soleil balayent son appartement en haut des tours. Sous les paumes de mes mains, je sens le désordre des draps, témoin de nos fantastiques ébats. Je revois nos corps encastrés l'un dans l'autre, se séparant à regret puis s'unissant de nouveau.

Mes joues sont en feu.

Nous avons fait l'amour plusieurs fois dans ce lit et mon corps ne m'appartenait plus.

Nergal en était le maître absolu. Je me rends compte qu'il n'est plus là.

Une brusque angoisse agrippe mon cœur.

***

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L'Élue (Evangeline)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant