Chapitre 15

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PDV Encre

Je cours dans la forêt, il fait nuit noir, je ne sais pas où je suis exactement, je ne sais pas où je vais, tout ce que je sais c'est qu'il faut à tout prix que je continue de courir.

Sinon cette chose va me rattraper.

Cette ombre qui me poursuit et que je peux parfois apercevoir du coin de l'œil quand je regarde derrière moi, mais je n'arrive pas à la semer, elle est toujours là et elle se rapproche. J'accélère encore jusqu'à en perdre le souffle mais il faut que je continue, je ne peux pas m'arrêter.

Mais même là je sens qu'elle est en train de me rattraper. Je sens un courant d'air glacial geler les os de mon dos, mais jambes et même mon âme me parait lourde, je n'arrive plus à reprendre mon souffle et une pensée m'emplit d'horreur : Il va me rattraper.

Et c'est ce qui arrive. Je me fais agrippé et avant même de le réaliser je suis fasse à mon poursuivant dont la pénombre cache les traits, j'ai juste le temps d'apercevoir une paire d'yeux brillant au couleur de ruby et or avant de fermer les yeux par réflexe pour ne pas voir ce qui va suivre.

Je les rouvre et je me retrouve haletant, allongé dans un espace sombre qui me semble être un lit. C'était un cauchemar ? Je suis chez moi ? Toujours en panique je peine à me lever et manque de tomber en me dirigeant vers la seule fenêtre. Dans un mouvement brusque je l'ouvre et la douce lumière du petit jour éclaire la pièce. Oui, c'est bien ma chambre dans ma maison, tout le reste n'était qu'un cauchemar.

Accroché au mur je me laisse tomber à genoux épuisé de toutes ces émotions et en même temps vraiment soulagé. Ce n'était qu'un cauchemar. Je me répète cette phrase en boucle pour reprendre pied avec la réalité. Je prends plusieurs minutes avant que mon âme et ma respiration ne reprennent un rythme plus calme.

Dès que je m'en sens la force je me remet debout, mes jambes sont lourdes comme si j'avais vraiment couru dans cette forêt, il faut que je me change les idées. Je descends au rès-de-chaussé de ma petite maison et je vais directement m'assoir devant un chevalet, machinalement je choisie une toile et je commence à peindre sans réfléchir. L'odeur de la peinture et le bruit du pinceau qui frotte contre la toile me font du bien, je me sens déjà plus serein et les bribes de peur qu'il me restait de ce mauvais songe disparaissent au rythme de la peinture qui dance devant mes yeux. Sans même le réaliser j'en suis déjà à la touche finale de mon œuvre. Le tableau est assez sombre, une forêt à la nuit noire, tout en nuance de trois couleur que sont le rouge, une pointe de jaune et du bleu.

Je soupire, ma rencontre avec ce vampire m'a pour ainsi dire marqué, ce n'est pas le premier cauchemar que je fais à ce sujet mais je suppose que je ne peux rien faire d'autre qu'attendre que cette peur s'apaise. Après tout il y a peu de chance que je me retrouve à nouveau face à lui.

Mon estomac inexistant finit par me rappeler à l'ordre, je n'ai toujours rien mangé et je ne vais plus tarder à devoir partir, mes peintures ne vont pas se vendre toute seule. Je prends rapidement quelque chose à manger puis je commence à trier les toiles que je vais emmener au marché, elles sont plutôt sombres ces derniers temps, mes cauchemars influe sur mon art, j'espère que ça ne durera pas. La plus lumineuse est pourtant celle que j'ai faite hier soir de mon amie mais je ne compte pas la vendre, je laisse aussi celle que je viens de faire, c'est la plus sinistre je ne pense pas que quelqu'un en voudra.

Je réunis quelques pots de peinture, des pinceaux et des toiles vierges au cas où quelqu'un me demanderait un petit portrait et je pars avec mon lourd fardeau en centre-ville et m'installe à mon emplacement habituelle en saluant les passants. Même si c'est une grande ville, il y a toujours des têtes qu'on reconnait avec le temps et puis mon occupation principale au marché, en dehors de vendre mes peintures, c'est d'observer les gens. Les couleurs qu'ils portent, la texture de leurs vêtements qui ondule et se plis dans leurs mouvements, les fleurs dans les coiffures qui volettes au moindre souffle de vent et puis bien sûr l'ambiance, les paroles basses tôt le matin puis le rire des enfants qui sortent jouer, les remontrances des parents qui leur crient de les attendre.

A l'encre de nos âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant