Chapitre 14

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Lorsqu'elle referma la porte de sa chambre, Eldria poussa un long soupir. Au dehors, les ténèbres de la nuit finissaient tranquillement de reprendre leurs droits. Elle posa sa lampe à huile sur la table de chevet, avant de se laisser tomber sur son lit. La petite pièce était baignée d'une douce lumière, chaude et tamisée. La journée passée avait été plus qu'éprouvante. Plusieurs heures durant, elle avait dépensé toute son énergie à dresser les tables et à cuisiner pour les invités, à servir, à faire la vaisselle, à arranger les chambres d'amis avec sa tante... En milieu et début d'après-midi, elle était allée donner un coup de main aux champs, ne se ménageant pas. Le midi et la fin de matinée, elles les avaient passés à récolter et à couper les légumes pour le soir. Elle n'avait pas chômé ! Le matin même...

Le matin... Toute la journée, Eldria avait tenté d'écarter de son esprit les évènements du matin. Elle avait dû rester concentrée, ne rien laisser transparaître. Lorsqu'elle avait croisé Troj et Aran, puis un peu plus tard Salini aux alentours de midi, elle avait fait mine de ne pas les voir et s'était arrangée pour ne pas avoir à leur adresser la parole. À chaque fois que des images lui étaient revenues en tête, elle avait fait son possible pour se reconcentrer sur son activité du moment, redoublant d'effort pour penser à autre chose.

Pourtant, maintenant, elle était seule. Seule dans sa chambre, alors que tout le monde était parti se coucher. Tout était calme. Elle n'avait plus d'excuse... Il FALLAIT qu'elle réfléchisse. Elle ne sut pas si c'était le calme de la nuit contrastant avec le tumulte de la journée, ou bien si ses barrières mentales avaient fini par céder à cause de la fatigue, mais, soudain, le flot des images se déversa dans son esprit, comme on libèrerait une eau sauvage trop longtemps retenue derrière un barrage qui se serait effondré.

Elle revit nettement les sexes en érection de ses anciens amis, maintenant devenus des hommes à part entière, grands et musclés. Elle revit Salini qui, sans pudeur, leur avait caressé les parties intimes, avant de se mettre – littéralement – à nue face à eux. L'étrange sensation qu'elle avait alors ressentie face à cette scène surréaliste se manifesta de nouveau, quelque part entre ses cuisses et son nombril. Etait-ce donc cela l'excitation sexuelle ? Sans plus attendre, elle se leva de son lit et se plaça devant le grand miroir au pied de celui-ci. Elle observa son reflet avec attention. Etait-elle jolie ? Autant que Salini ?

Il ne lui fallut que quelques secondes pour se dévêtir entièrement pour mieux continuer son auto-inspection. Elle empoigna ses seins et les jaugea en les malaxant sans ménagement. Chose étrange, ses tétons paraissaient plus proéminents qu'à l'ordinaire. Elle n'avait pas eu l'occasion de voir la poitrine de Salini, mais la jeune femme semblait tout de même être dotée de plus gros seins qu'elle. Quelle en était la taille idéale ? Les siens n'étaient-ils pas trop petits pour une fille de son âge ? Elle n'en avait aucune idée.

Toujours debout face au miroir, elle se contorsionna dans plusieurs positions jusqu'à obtenir le meilleur angle afin d'observer au mieux le reflet de la forme arrondie que formaient ses hanches. Elle se maintint ainsi sur la pointe des pieds de longues secondes, à juger si oui ou non ses fesses étaient aussi parfaites que celles de Salini. Pour la première fois, elle se mit à éprouver de la jalousie à l'égard de la jeune femme, qui semblait attirer les hommes si facilement ces dernières années... Jarim serait-il ainsi jamais aussi sensible à ses charmes ?

Pendant un bref instant, son esprit se laissa une nouvelle fois aller à s'imaginer en train de se déshabiller entièrement devant Jarim... La sensation d'excitation dans son bas ventre reprit de plus belle. Et ce n'était pas pour lui déplaire. Rapidement, elle tourna le miroir de façon à ce qu'il fasse désormais face au lit, puis s'assit sur ce dernier. Elle écarta les jambes afin d'expertiser plus avant la zone d'où emmenait cette sensation nouvelle. Pourtant, sa peau – blanche en cet endroit en comparaison du reste de son corps légèrement plus bronzé du fait de la saison – ne laissait rien apparaître d'inhabituel.

Eldria - T.1 - L'Enfer RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant