Chapitre 1

224 16 0
                                    

Ce ne fut qu'après quatre heure d'un éreintant voyage que la charrette s'arrêta, et que la porte s'ouvrit brusquement. Deux soldats les firent descendre une par une. Dricielle fut même sortie de force. Eldria, quant à elle, fut la dernière à descendre. On les avait emmenées dans une sorte de camp retranché, ce qu'elles devinèrent en raison des grands murs de pierre qui les entouraient. Aux alentours se dressaient divers bâtiments au milieu desquels de nombreux soldats s'affairaient.

En face de la charrette s'élevait une grande tour, aux allures de donjon. Au grand désespoir d'Eldria, ce fut là qu'elles furent toutes quatre conduites. A l'intérieur, on leur fit longer un long couloir, d'une propreté irréprochable, qui conduisait en son extrémité à une simple porte. Sans bien savoir ce qui pouvait les attendre derrière, elles furent alignées en face, l'une derrière l'autre. Salini était la première, suivie de Dricielle, la tête baissée, les yeux rougis par les larmes. Venaient ensuite Karina et enfin Eldria qui fermait la marche.

Un des soldats qui les escortait frappa à la porte, tandis que les autres repartaient dans le couloir en s'esclaffant. La porte s'ouvrit dans un grincement sonore et l'homme fit entrer Salini. Celle-ci lança un regard dans son dos en direction d'Eldria et lui adressa un faible sourire, comme pour la rassurer. Il n'en était rien, Eldria était morte de peur.

Une fois qu'elle fut entrée, la porte se referma. Quelques longues minutes s'écoulèrent dans un silence pesant, puis elle s'ouvrit à nouveau. Ce fut au tour de Dricielle d'être traînée de force à l'intérieur. Eldria tendit l'oreille, mais elle ne discerna aucun son en provenance de la pièce. Au moins, personne n'avait crié, ce qui était déjà une bonne chose.

Après une autre poignée de minutes, Karina entra à son tour, et Eldria se retrouva bientôt seule dans le couloir, en compagnie du garde qui lui jetait de temps à autre des regards en biais.

Son cœur battait la chamade. Elle était dans une prison, loin de chez elle, et il était peu probable qu'on l'ait emmenée ici simplement pour prendre le thé... Tout ceci était louche, très louche. En quoi quatre jeunes fermières pouvaient-elles bien les intéresser ? Eldria ne savait que peu de choses de la guerre qui faisait rage depuis maintenant plusieurs mois !

Enfin, la porte s'ouvrit pour la quatrième fois, et Eldria fut à son tour forcée à entrer. La pièce était petite et seulement éclairée par deux torches accrochées aux murs. Eldria s'était attendue à trouver les trois autres jeunes filles à l'intérieur, mais fut surprise de voir qu'elles n'étaient nulle part. En voyant une autre porte de l'autre côté, elle en déduisit que ses compagnes d'infortune avaient été emmenées par-là chacune à leur tour avant elle.

Au milieu de la pièce se tenait une femme de grande taille, les lèvres retroussées, les yeux plissés, l'air sévère. Elle avait les cheveux gris coiffés en chignon et fixait Eldria avec dédain, comme si elle eût été un sac de pommes de terre avariées.

Deux gardes étaient postés autour de la porte qu'Eldria venait de franchir, et l'un d'eux détacha les liens qui maintenaient les mains de cette dernière attachées dans son dos depuis plusieurs heures.

– Avancez ! ordonna la femme à l'air sévère.

Elle regarda Eldria s'avancer timidement vers elle, et s'assit devant un simple bureau en bois, une feuille et un crayon à la main.

– Votre âge ! interrogea-t-elle d'un ton qui s'apparentait plus à une affirmation qu'à une question.

– Heu... Dix... Dix-huit ans, répondit Eldria d'une petite voix, son cœur tambourinant de plus en plus fort contre sa poitrine.

Elle vit la femme commencer à noter sur le morceau de papier.

– Votre nom !

– Eldria Calann...

Eldria - T.1 - L'Enfer RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant