Chapitre 32

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– Eldria ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Salini se précipita vers son amie. Celle-ci venait tout juste d'être propulsée à l'intérieur de la vaste salle de bain, les cheveux ébouriffés, les yeux rougies. Elle tituba sur quelques mètres avant de se laisser tomber sur les genoux. Elle faisait peine à voir et paraissait encore plus maigre que la semaine précédente. Troublée de la voir dans cet état, Salini la prit dans ses bras.

Très vite, Eldria fondit en larmes pour de bon. Elle était épuisée, exténuée même. Elle ne voulait plus vivre dans la crainte à chaque instant de son existence. Plus le temps passait, plus sa vie d'avant lui paraissait lointaine, inaccessible. C'était comme si son enveloppe charnelle devenait petit à petit une coquille vide qu'elle trainait de semaine en semaine dans cette prison infernale en oubliant peu à peu le sens de sa présence au sein de ce monde. Ce n'étaient plus des larmes de chagrin ni de honte qui sillonnaient ses joues, mais bien des larmes de désespoir. De désespoir infini, inextinguible. Elle souhaita que tout ceci prenne fin.

Dans un geste réconfortant, Salini, seulement vêtue d'une simple culotte grise, la cala contre son épaule et lui tapota affectueusement le dos. Elle se laissa faire.

– Chut, chut, ça va alla, lui dit-elle d'une voix douce mais néanmoins concernée. Raconte-moi ce qu'il t'est arrivée.

Entre deux sanglots, Eldria parvint péniblement à lui expliquer ce qu'elle venait de subir. Elle avait besoin d'en parler à quelqu'un, d'être réconfortée. Elle se livra à son amie. Sa seule et véritable amie.

Celle-ci ne fit pas de commentaire. Elle se contenta de la serrer encore plus contre elle en lui répétant qu'elle était en sécurité maintenant, qu'elle ne devait pas s'inquiéter, que tout allait finir par s'arranger.

Les deux jeunes femmes restèrent ainsi blotties l'une contre l'autre pendant deux bonnes minutes à même le carrelage froid, non loin de l'entrée. Peu à peu, Eldria cessa de pleurer. Sentir tout contre elle la chaleur de quelqu'un qui tenait encore à elle lui procura un bien indescriptible. Son pouls se calma et, les yeux fermés, elle profita de cet instant de bien-être qui agit comme un remède sur ses maux.

Elle tenait beaucoup à Salini. Enormément même. Le froid qui s'était immiscé entre elles à l'adolescence n'était plus qu'un lointain souvenir. Elle avait pleinement retrouvé son amie d'enfance, de qui elle était si proche.

Elle était à fleur de peau. C'était même peu dire. Si ce n'était de Salini, cela ferait certainement longtemps qu'elle se serait laissée mourir. Seule Salini parvenait à la rassurer quelque peu, à la forcer à aller de l'avant. Elle lui devait tout ici. Et maintenant qu'elles n'étaient plus que deux, leurs liens ne s'en étaient vus que renforcés. Soudain, comme un électrochoc, elle se sentit si proche d'elle, si liée à elle, qu'elle renforça son étreinte. Elle avait besoin de ressentir qu'on l'aimait. Et elle avait besoin de le communiquer aussi.

Le contact de la poitrine tiède de son amie serrée tout contre la sienne au travers du fin tissu de son pagne la troubla. Pourtant, elle connaissait ses seins par cœur à force de les voir chaque semaine. Elle s'était même plusieurs fois surprise à les regarder du coin de l'œil. Ce n'était pas de la jalousie, loin de là ; elle les trouvait beaux tout simplement. Aujourd'hui, prise d'une pulsion aussi inattendue que soudaine, elle ne voulait plus se contenter uniquement de les regarder.

Pour la première fois, ses mains remontèrent doucement le long des hanches creusées de son amie jusqu'à venir effleurer du bout des doigts son buste dénudé dans le but dissimulé de recueillir sa réaction. L'intéressée ne dit rien, et ne bougea pas pour autant.

Interprétant cela comme une invitation, Eldria se montra de plus en plus insistante, jusqu'au moment où les deux objets de son désir tinrent enfin presque entièrement dans le creux de ses mains. Leurs joues toujours collées l'une contre l'autre, elle commença à les caresser, imitant de fait ce que Salini lui avait prodiguée près de trois mois auparavant. Sa poitrine était si ferme et si douce à la fois... Sous sa paume, elle sentit distinctement les battements réguliers de son cœur, qui résonna à l'unisson avec le sien.

Eldria - T.1 - L'Enfer RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant