Chapitre 6

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Environ un quart d'heure s'était écoulé. Les quatre jeunes femmes s'étaient plongées dans le large bassin, au milieu de la pièce. L'eau, qui leur arrivait presque au niveau des épaules, était à une température parfaite, et elles réalisaient la chance qu'elles avaient de profiter de ce moment de détente, qui ne se représenterait sans doute pas de sitôt.

Elles avaient beaucoup discuté, chacune relatant aux autres les mésaventures de la veille, des mésaventures dégradantes, mais la complicité qui était née entre elles avait abattu toutes les barrières. Ainsi, Eldria apprit, non sans une certaine émotion, que Karina avait était conduite de force dans une petite pièce, pas très loin de la cellule qu'elle partageait avec Salini, et qu'un soldat apparemment haut-gradé l'avait dénudée puis attachée sur un lit. Elle n'avait pas eu besoin d'en dévoiler davantage... Heureusement, comme pour Salini, il ne lui avait été fait aucun mal.

Salini, quant à elle, relata ce qu'elle avait vécu avec Eldria. Toutefois, et Eldria l'en remercia intérieurement, elle évita de rapporter que toutes deux étaient allées si loin. Elle se contenta de décrire de simples caresses, avant d'expliquer comment elle avait dû satisfaire trois hommes en même temps. Seule Dricielle, qui n'avait rien eu à subir depuis son arrivée, demeura silencieuse.

Aucune d'elles ne riait, toutes arboraient une mine sombre, éprouvant une réelle empathie les unes pour les autres. Eldria et Dricielle apprirent que Salini et Karina avaient été parquées dans une autre cellule comme la leur. Mais contrairement à leurs deux jeunes amies, elles n'étaient pas seules. D'autres femmes étaient aussi enfermées entre ces murs. Cependant, elles n'avaient pas eu l'occasion de leur adresser la parole, et avaient été conduites ici à part le matin même.

– Ça ne va pas pouvoir durer... souffla Salini après un silence gêné.

Karina approuva d'un signe de tête, et Eldria leur lança un regard interrogateur.

– Qu'est-ce qui ne pas pouvoir durer ? demanda-t-elle.

– Tu comptes servir d'attraction sexuelle à toute une armée de soldats en rut sans rien faire, peut-être ? lui répondit Salini d'une voix dure.

– Je... heu... non... Mais je ne sais pas comment y échapper... Vous avez une idée ?

Salini, Karina et Dricielle se regardèrent, puis baissèrent la tête en signe d'impuissance. Aucune ne savait comment sortir d'ici.

Elles passèrent encore quelques minutes dans l'eau tiède du bain, se frottant méticuleusement toutes les parties du corps. Elles ne savaient pas quand l'occasion de se laver se représenterait, et préféreraient donc être le plus propre possible quand on les ramènerait en cellule. À l'aide d'un des gants et du savon qu'elles avaient trouvés près du bassin, Eldria insista particulièrement sur sa poitrine, à l'endroit où le soldat blond avait relâché, bien malgré elle, sa semence la veille.

Non loin du bain, une sorte de bassine était sculptée dans le marbre. Un trou était creusé en son centre, et le léger clapotis de l'eau se faisait entendre au-dessous. Les quatre jeunes femmes en déduisirent rapidement qu'il devait s'agir de toilettes. Point de pudeur ici, il fallait faire ses besoins aux yeux de tous, en l'occurrence de toutes. Cela était de toute façon mieux, se dit Eldria, que d'avoir à se soulager dans le petit trou malodorant de sa cellule avec Dricielle. Chacune alla donc y prendre place l'une après l'autre. En s'asseyant sur les montants froids de la pierre, Eldria ressentit un immense soulagement, trop heureuse de pouvoir enfin vider sa vessie qui la pressait avec insistance depuis maintenant plusieurs heures. Elle fut satisfaite de constater que ses nouvelles amies prenaient soin de regarder ailleurs pendant qu'elle faisait son affaire. C'était une chose de se montrer nues, c'en était une autre d'être observées aux toilettes, et elles semblèrent toutes s'accorder tacitement sur ce point.

Eldria - T.1 - L'Enfer RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant