Chapitre 9. Point de vue John G.

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Il y a des gens qui se perdent dans la drogue. D'autres dans l'alcool. D'autres encore dans la musique. Naëlle, elle, s'est toujours perdue dans le sexe. Depuis aussi longtemps que je la connais, elle n'a jamais eu aucune limite. Capable de perdre pied et de s'oublier dans cela. Ne trouvant que cela pour ne pas réfléchir. Et ce soir ne faisait pas exception à la règle.


Enfin... Ça, c'était la théorie et la pratique oui. Et dans notre magnifique plan de vengeance, forcément nous n'avions pas prévu la présence d'une autre personne qui avait pu obtenir son cœur et son âme il y a des années de cela. Deux amours malheureux en une soirée, et voilà qu'elle venait de partir hors des regards avec l'un des deux. Elle paraissait forte, maitre d'elle-même et insensible. Pourtant nous ne nous y trompions pas... Chaque regard, chaque parole qu'elle avait pu dire à Cole lui avait coûté. Garder encore et toujours ce masque avait un prix, même pour elle. Et nous savions bien que nous avions été égoïstes de la faire apparaître à la même soirée que lui, n'anticipant même pas que ce « Christopher » y serait lui aussi... Le regard lourd de reproches de Hakane envers nous étant sans appel : nous avions été beaucoup trop égoïstes sur ce coup-là. Les deux dans la même soirée, même pour la Femme au Dragon, c'était une torture.


Pourtant son jeu d'actrice était tellement parfait qu'elle ne voyait pas la douleur que hurlait ce mec. Elle ne voyait pas son regard détruit alors même qu'il l'observait de loin. Elle n'avait pas vu ses larmes couler alors qu'elle jouait du piano. Alors même qu'elle avait sublimé toute chose en ce monde avec ses mélodies. Souriant et riant avec Luc. Lui semblait souffrir le martyre en devant la regarder de loin. Et aucun de nous ne se cachait de se délecter de sa souffrance. Enfonçant le clou dès que nous le pouvions. Mais nous savions le prix à payer pour cela. Nous le savions tous très bien. Et plus la soirée avançait, plus Hakane ou Luc n'arrivaient à cacher leurs inquiétudes sur l'état de Naëlle. Le retour du boomerang allait être terrible. Naëlle était une bombe à retardement, qui ne flancherait que loin de tous.


À peine étions-nous arrivés que je l'avais repéré. Et lui, il n'avait vu qu'elle. Ignorant sa propre fiancée depuis. Ne lui accordant aucun regard, aucun mot. Non, le seul moment où il avait ouvert la bouche, c'était pour engueuler son pote. Et nous avions assisté au plus grand numéro d'actrice de Naëlle. Sans même qu'aucune émotion ne trahisse son regard, ses mots, son attitude. Le monde autour de nous ne pouvait que croire que ces deux-là ne se connaissaient pas et que ce mec avait une attitude déplacée avec cette femme que personne de cette assemblée ne tenterait d'énerver. Il avait vite compris le risque qu'il prenait quand nous l'avions tous pointé de notre arme alors qu'il avait osé la toucher. N'attendant qu'une simple erreur pour effectuer cette envie dont on crevait tous ouvertement : le tuer. Son regard à lui seul fut d'un délice sans pareil. Ce regard. Oui. La terreur la plus pure. Un vrai nectar. Il ne la quittait pas du regard. Il l'observait alors même qu'elle ne le regardait jamais. Et il l'avait compris. Il avait disparu de son univers à elle. Parce que Naëlle ne regardait qu'un homme pendant toute cette soirée. Un seul, capable de faire s'étirer un véritable sourire sur ses lèvres. La faisant rayonner.

Peter. Personne ne pouvait rien à cela. Personne. Parce que Peter était le pilier même de Naëlle. Il était sa colonne vertébrale. Aucun mot ne convenait pour leur relation. Et Peter n'avait qu'une seule et unique obsession dans ce monde : Naëlle. Il voulait juste qu'elle soit heureuse. Ainsi il laissait le bénéfice du doute aux jumeaux. Mais se faisait une joie de martyriser celui qui avait fait du mal à sa chère « déesse ». Sa dernière trouvaille ? Poster des centaines d'annonces sur tous les sites glauques du net. Inondant les sites avec une même annonce : « Appelez-moi « petite salope », je suis tout à vous » joignant les différents numéros de Monsieur Cole REED. Oui c'était puéril. Mais tellement drôle. Surtout quand son téléphone sonnait en plein milieu du gala. Pile devant nous alors que nous venions réclamer le string. Délicieux de le voir se décomposer lentement. Exactement dans le même timing qu'un Aaron nous négociant pour garder ledit string.

L'envol du Dragon_ Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant