Jack F., Elsa et moi

Accident

« J'aimerais bien qu'il y ait quelques canards autour de ce lac. Océane, elle a un chien qui adore chasser les canards.

-Et j'aimerais bien faire quelque chose pour attirer les canards, mais j'aimerais d'abord savoir jusqu'où vont mes pouvoirs. Je peux pas tout faire, ici.

-Je sais. Prends pas la mouche, je disais juste ça comme ça. »

Tandis que la famille de Jamie pique-niquait sur la berge et se passait de la crème solaire, Jamie et moi discutions tranquillement au bord de l'eau, tandis que ses parents le laissaient tranquillement marmonner dans sa barbe en mangeant son sandwich. De son côté, sa petite sœur, en maillot de bain, barbotait, les pieds dans l'eau, et balançait des cailloux pour voir lequel ferait le plus gros plouf. Mais comme on le sait tous, il suffit de laisser une seconde de distraction à un enfant, une seule, pour voir soudain les pires catastrophes lui arriver. En moins qu'il n'en fallait pour le dire, la fillette s'était débarrassée de ses sandales, ses lunettes et son chapeau, et s'était lancée dans une brasse effrénée vers le centre du lac, là où elle était sûre qu'elle n'aurait pas pied.

« Regarde, Jamie ! J'ai pas pied !

-Oui, oui, je regarde, répondit Jamie en la regardant à peine.

-Sophie ! Reviens ici tout de suite ! Appela sa mère en quittant son livre et en s'approchant de la rive en la voyant soudain si loin.

-Ok, j'arrive ! S'exclama joyeusement la gamine, la tête dépassant à peine à la surface alors qu'elle pédalait dans l'eau comme un petit chien.

Dans le silence maintenant ambiant, le père, alors en pleine sieste digestive, ouvrit les yeux et regarda dans la même direction que sa femme et son fils, le petit bout de femme qui reprenait sa respiration en s'approchant du bord.

-Est-ce qu'elle a ses brassards ? Demanda-t-il.

D'un geste, les deux parents fouillèrent dans le panier qu'ils avaient apporté et en sortirent les deux ovales de plastique jaune, dégonflés et prêts à l'emploi.

-Oh mon Dieu, murmura sa mère. Sophie ! S'exclama-t-elle d'un ton paniqué. Dépêche-toi ! C'est dangereux !

-Maman !

A la vue de sa mère affolée, la gamine accéléra son rythme mais, dans sa propre panique, elle se mit soudain à avaler la tasse et se retrouva à plusieurs reprises à cracher et à tousser.

-C'est pas bon, murmurai-je à Jamie. Bouge pas, je vais lui donner un coup de main.

-Fais vite !

En quelques coups d'aile, je me retrouvai à la portée de l'enfant et réalisai que, puisque je me devais de rester discrète aux yeux de ses parents, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire. De quelques gestes de la main, j'invoquai les courants pour qu'ils l'aident à se rapprocher de la rive, mais ils étaient trop faibles et la firent à peine accélérer. Je fis également appel aux plantes pour qu'elles s'accrochent à elle et la transportent, mais sans succès. Mon cœur battait à tout rompre. C'est alors que, par mégarde, la vase se mit soudain à bouger et une algue vint s'accrocher à la cheville de Sophie et la retint en arrière. Soudain, épuisée, la fillette se retrouva la tête sous l'eau.

-Sophie ! Je ne la vois plus ! Entendis-je crier.

-Quelqu'un ! Vite ! Appelai-je.

A son tour, Jamie plongea. Heureusement, ils n'étaient plus qu'à deux ou trois mètres de la rive et, en à peine quelques secondes, le grand frère parvint à sortir de l'eau sa petite sœur tandis que ses parents l'accueillirent dans leurs bras.