Fin

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-Une éclipse ? D'un seul coup ? S'étonna Kristoff en tendant le nez vers le soleil.

Pourtant, en effet, derrière le rideau de nuages gris, l'astre était maintenant caché par une énorme planète noire et projeta un soudain voile de nuit sur le lac. En-dessous d'elle, la mer de volutes s'écarta et laissa alors passer un de ses rayons droit sur nous deux, alors que je venais enfin de fusionner avec le gardien de l'hiver.

Lorsque je me réveillai, je sentis de nouveau mes membres se dégourdir et la chaleur inonder mes veines, rendue brusquement sourde par un immense cri de joie sur les berges.

Tout contre moi, je sentis un corps se mettre soudain à bouger par à-coups qui, encore abasourdi, tentait de reprendre comme il pouvait le contrôle de ses muscles. Ces yeux bleus, ces cheveux d'argent, ce pull piqueté de flocons blancs. Même en le serrant contre moi, je n'arrivais pas à le croire : nous étions de nouveau réunis, vivants, sains et saufs.

« Je te l'avais dit. » Entendis-je Jack murmurer dans mon cou.

Comme pour me guérir, même s'il était encore faible, il m'enveloppait complètement de ses bras. Moi-même je m'y sentais à l'abri comme dans un cocon. Mon premier geste fut d'embrasser mais, à la place, je relevai sa tête et, cérémonieusement, je posai mon front contre le sien. Lui-même comprit et ferma les yeux. De nouveau, je me sentis en paix. Alors mes ailes se déployèrent, sous l'admiration des autres et je m'envolai avec Jack dans les airs en le serrant contre moi.

« Merci. Merci. Merci. » Chuchotai-je comme un mantra.

Ce merci, je l'adressai à tous : à Jack, à l'Homme de la Lune, à Elsa… et même à Hans quelque part. Sans lui, je serais restée avec une faiblesse que je n'aurais jamais découverte, combattue et soignée.

« Je crois que tu as la côte avec lui. » Dit Jack en désignant l'astre encore noir mais qui s'éclairait maintenant de plus en plus dans le ciel dégagé.

Au lieu de rire, ou même de sourire, je pleurai comme une madeleine. J'étais complètement capotée. Mais, comme Elsa le disait, nous devions être identiques car je la retrouvai dans le même état lorsque je la retrouvai sur terre. Alors, au milieu des autres, elle, moi, et Jack, nous nous serrâmes tous les uns les autres du plus fort que nous étions capables, à rire, à pleurer, à rire, à pleurer. Chacun de nos trois liens, désormais, à défaut d'être invincible, était précieux.

Que dire de plus ? Très lentement, en bons citoyens, nous réussîmes à ramener de l'ordre au lac et, lorsqu'il fut certifié plus sûr, les enfants sont revenus y jouer, à mon grand bonheur. La petite ado s'est remise avec son grand dadais de copain. J'ai décidé de laisser les choses faire : c'est sa vie, après tout. Mes parents aussi sont revenus. Malgré une rencontre un peu tumultueuse, ils ont réussi à obtenir de Jack la promesse de toujours rester le meilleur gendre de la planète, et même du système solaire. Mais Jack sait que je suis aussi douée pour corrompre ses juges.

Hans est bel et bien retourné chez ses grands frères, comme prévu. Et les reines d'Arendelle s'assurent toujours d'y envoyer un messager faire son rapport sur l'état de son « recadrage ». Anna, Kristoff et Jamie s'entendent à merveille et se rendent toujours visite les uns les autres. Quant à Elsa… Comme je l'avais souhaité, la reine des neiges fait partie de mes meilleurs amis. Je donnerais ma vie pour la protéger et son Altesse me rend la pareille.

Maintenant, penchée à ses côtés sur son haut balcon de cristal, entourée des bras de Jack pour couverture contre les grands vents du nord, je les regarde faire des lettres dans le ciel avec les aurores boréales de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Mais un sigle revient constamment. Eux-mêmes savent que pour me faire sourire, il suffit à peine de l'esquisser : JF., E. et N.

FIN.

Jack F., Elsa et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant