Jack F., Elsa et moi

Douleur

« ... Elle m'a dit qu'elle avait des affaires à régler. Après, elle est partie.

-Et elle a refusé d'utiliser votre « langage » ?

-Oui. Elle m'a repoussé, mais avec un air tellement triste que j'avais encore moins envie de la laisser partir.

-Comme si elle voulait éviter de te blesser, se mit à réfléchir Elsa tout haut.

-J'ai l'impression, confirma Jack. Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

-Je crois qu'on a plus en commun qu'elle ne le croit. Si c'est le cas, quand on aime, on sent les dangers imminents et on cherche à tout prix à en protéger ceux qu'on aime.

-Mais pourquoi ? Quels « dangers imminents » elle aurait pu sentir à Arendelle ?

Lorsqu'elle comprit, le regard qu'Elsa lança à Jack mit à son tour fin à ses doutes.

-Tu ne crois pas que... ? Elle pense que..., dit Jack en hésitant en les désignant tous deux. C'est ridicule ! Comment elle pourrait penser une chose pareille ?

-Je ne sais pas, justement. Il faut que j'aille lui parler, dit Elsa en courant vers le lac.

-Je viens avec toi ! Lui lança Jack déjà loin derrière elle.

C'est alors qu'entre les arbres, il aperçut la silhouette d'un grand homme en costume blanc, qui, en croisant son regard, lui sourit. C'était visiblement un soldat d'Arendelle.

-Qui êtes-vous ? Lui demanda Jack.

-Ne la laissez pas seule, lui dit simplement l'homme en désignant de son noble regard vert le domaine de sa petite amie vers lequel la reine se dirigeait.

Comme il venait de la quitter des yeux, frustré de ne pouvoir continuer, Jack partit à la suite d'Elsa, non sans fusiller une dernière fois l'homme du regard. Mais lorsqu'il tourna de nouveau la tête vers lui, il s'était évanoui dans l'ombre des feuillages.

L'air était maintenant lourd comme si toute la chaleur des dernières semaines s'était accumulée en cet après-midi. Pourtant, aussitôt après le départ de Kristoff, j'eus droit à une seconde visite. A ma grande surprise, il s'agissait de deux adolescents, une fille et un garçon. Aucun d'eux ne fit attention à ma présence, mais je n'aurais su dire si c'était par ignorance ou volonté de leur part. En regardant le visage de la fille, je reconnus la gamine que j'avais sauvée de sa propre tentative de noyade. Elle avait un peu grandi. A la lumière du jour, son visage rayonnait, bien plus que le soir de notre première rencontre. Elle était accompagnée d'un garçon plus vieux qu'elle. Tous deux se tenaient par la main alors qu'il l'entraînait vers l'autre berge, loin de moi.

« Alors, c'est quoi que tu voulais me dire de si important ? Demanda la jeune fille.

L'autre passa sa main dans ses cheveux coupés ras, ce qui donnait à son crâne la forme d'une boule de billard.

-Ben, tu sais, Alix...

Son interlocutrice acquiesça d'un air renfrogné.

-Oui, Alix. Je la connaissais bien. Comme toi, d'ailleurs.

-Ben, on a cassé.

Surprise, la jeune fille le regarda de ses grands yeux ronds.

-Sérieux ? Depuis quand ?

-Et voilà, je voulais savoir si par hasard, ben, tu voulais qu'on se remette ensemble.

En parlant, le grand ado, amorphe et filiforme, semblait s'empêtrer dans ses propres jambes comme dans ses mots, tant il piétinait. L'autre le regarda avec méfiance.