Traîneau

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En ouvrant les yeux au lever du soleil, sans surprise, je me retrouvai seule. Même si l'astre brillait à travers eux, les nuages restaient continuellement amoncelés dans le ciel. Ce mauvais temps ne finirait donc jamais ?

Soudain, en entendant une jeune voix au loin, d'un seul geste, je me relevai et me cachai derrière le rocher, prêt à replonger dans l'eau. Je me demandai s'il s'agissait de Jack qui amenait Elsa à moi comme il l'avait promis, même si je n'avais aucune idée de ce qu'il avait en tête.

A ma grande surprise, la voix, que j'entendais de plus en plus nettement, ressemblait bien à celle d'Elsa, mais elle était plus jeune et dynamique. Elle était aussi beaucoup plus bavarde.

« Mais où est-ce qu'elle peut bien être ? Elle m'avait pourtant dit qu'elle serait à l'heure pour notre arrivée aujourd'hui! Je l'avais prévenu, prévenu et re-prévenu ! Attention à la branche !

-Aïe ! Merci de prévenir !

C'est alors que je vis la personne à qui appartenait la voix sortir de la forêt en enjambant tant bien que mal les hautes herbes pour longer le lac.

-Marrant, c'est pas pratique, les talons ici !

Alors, pour la seconde fois, je fus étonnée de voir tant de beauté. La personne que je regardais était la réplique exacte d'Elsa, mais coiffée de tresses rousses et aux yeux bleus. Contrairement à Elsa, si elle avait la grâce de ses mouvements, elle se tenait aussi un peu moins droite qu'elle et laissait son visage se porter un peu plus vers la grimace enfantine.

-Beurk, ça pue le moisi ! Bref, on amarre et là, pouf ! Pas d'Elsa ! Pas de garde ! Rien du tout ! Et tout le monde qui nous regarde comme si on venait d'ailleurs !

-C'est peut-être parce qu'on vient « effectivement » d'ailleurs, Anna ? Lui fit remarquer son compagnon d'un ton franc, énervé par la fatigue.

Celui qui suivait la demoiselle était grand, massif, aux épaules de bûcheron, au nez proéminent mais encadré d'une bouille d'ange, de grands yeux marron éveillés et d'une épaisse touffe de cheveux blonds comme les blés. Il est vrai que, depuis le port le plus proche, ces messieurs-dames avaient du accomplir une sacré marche. Derrière eux deux, un élan (oui, oui, un élan) qui tirait un traîneau effectua quelques pas, tira une dernière fois le véhicule jusqu'à le sortir complètement des broussailles puis s'effondra à plat ventre, la langue pendante comme un long drapeau blanc. Qui étaient ces gens ?

-Je comprends pas, on l'a pourtant cherchée partout ! S'exclama la jeune fille en portant ses mains au-dessus de ses yeux de biche pour faire de l'ombre.

-Je confirme, p-a-r-t-o-u-t, renchérit l'autre.

Alors qu'elle continuait d'avancer tant bien que mal près des roseaux, lui était resté derrière. Les mains appuyées sur ses genoux, lui et l'animal à terre poussèrent le même grognement de mécontentement.

-Oh, arrêtez de râler, tous les deux ! Le fait est que si ma sœur n'était pas au port, c'est que quelque chose a du la retenir ici. Oh non, ma chaussure ! Kristoff, viens m'aider !

Tandis que le grand blond se dirigeait vers la sœur d'Elsa pour l'aider à dégager son pied des algues mortes, je n'en croyais toujours pas mes oreilles. Kristoff ? Ce grand costaud blondinet s'appelait Kristoff ?

-Toujours pareil, grommela le jeune homme, les yeux au ciel, en arrachant les herbes pour aller sauver sa compagne.

-Ouais, ouais. Bon, tu m'aides, oui ou non ? Demanda-t-elle, vexée.

-Oui, j'arrive. Bon, si je m'y prends comme ça...

-Attends, je crois que tu t'y prends pas correctement...

Jack F., Elsa et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant