Chapitre 18

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Tout est flou autour de moi. Je n'arrive pas à reconnaître tout de suite l'endroit où je me trouve. Je me relève tant bien que mal du sol dur sur lequel j'étais allongée. Mes oreilles bourdonnent. Mais j'arrive à percevoir quelques sons diffus.

Qu'est-ce que je fais là ? Je ne me souviens plus vraiment de grand-chose. Même pas de mon nom à vrai dire. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup sur la tête. Je me sens fatiguée, faiblarde. Mais je persiste à rester debout, espérant y voir plus corps dans ce tas de couleurs amorphes.

Je me frotte les yeux, espérant que ce geste m'aide à y voir plus clair. Je fais un pas en avant. Mon corps me semble si léger...

Des pleurs.

Alors que le bourdement semblent s'atténuer, je reconnais le son des pleurs d'un homme. Des gémissements. Des plaintes. Les secondes passent et ma vision commence à s'améliorer. J'apperçois les choses de façon plus nette, jusqu'à ce qu'une lumière immaculée m'éblouisse.

Si blanche, si pure.Je ne sais pas pourquoi, mais cette lumière semble m'appeler, elle m'attire à elle. Alors je m'en approche. Un pas, deux pas. Je n'ai plus qu'à tendre le bras pour la toucher.

L'écho des pleurs retentit à nouveau. Dans un ultime effort, poussée par la curiosité, je détourne mon attention de la lueur blanchâtre. Ma vision est beaucoup plus précise et j'apperçois maintenant que je ne suis pas seule. Non, il y a beaucoup d'autres personnes, qui ne semblent faire attention ni à moi, ni au halo de lumière qui est apparu subitement. À quelques mètres se trouvent trois hommes et deux femmes. L'un enlace tendrement une fille brune, les yeux larmoyants. Il semble soulagé, et même heureux.

Les deux autres en revanche... L'un a une expression neutre sur le visage, lui donnant un air sévère. Et le deuxième semble tout simplement dévasté. Il relève la tête en reniflant et je suis stupéfaite par ses deux orbes d'or.

Je les ai déjà vu quelque part.

J'ai le cerveau en ébulition à force de tenter de comprendre la situation. Mais les efforts finissent par payer et deux noms me viennent. Alethea - assurément le mien - et Tobia, que je crois être celui du jeune homme assis sur le sol. Les secondes s'écoulent et le reste me revient petit à petit.

Kreagar, papa et le sortilège qui m'a vidé de mon énergie vitale.

J'ai un moment d'incomprehénsion au souvenir du transfert effectué entre moi et l'âme-soeur du lynx - qui semble bien vivante en cet instant. Le sort a fonctionné, et je devrais être morte. Pourtant je vois, bouge et entends. Quelque chose a dû se produire, peut-être un miracle.

Je m'approche de Tobia à toute vitesse. Je suis vivante, on pourra donc vivre ensemble tous les deux, comme on le souhaitait. Je vais être sa compagne !

Tobia maintient quelque chose contre lui, je le remarque maintenant que je suis plus près. Intriguée, je m'approche encore.

C'est...

Horrifiée, je recule brusquement, une main contre ma bouche pour m'empêcher d'hurler.C'est moi. C'est mon corps. Ce sont mes cheveux bruns, mes yeux caramel, mes lèvres fines.

Alors, je suis... morte ?

Je tente de bousculer l'épaule de Tobia pour le faire relever la tête vers moi, mais je ne peux qu'observer ma main traverser son épaule sans que celui-ci n'ait une réaction.

Mon corps est mort, ne reste plus que mon âme éplorée. Et cette lumière aveuglante. Serait-ce cette fameuse porte qui nous fait passer de l'autre côté de ce monde, dans un semblant de paradis-enfer ? Peut-être. Je ne serais fixée que lorsque je l'aurais traversé.

AliénéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant