Plusieurs réalités

Erwin et Marie: Le trio

Dernière semaine avant d'intégrer les brigades d'entraînement. Son père ayant été assassiné et sa mère morte de chagrin, Erwin n'avait personne à qui dire aurevoir, alors il se promenait en ville, sans but.

"Eh, toi!"

L'interpela une jeune femme, sortant d'une auberge en s'essuyant les mains dans son tablier. Erwin se retourna, interloqué. C'était une femme aux cheveux en bataille, qui le regardait, un caractère bien trempé dans les yeux.

"Ou-... Oui?

- On ne passe pas devant ma taverne avec une tête de déterré pareille sans venir y boire un verre.

- Tu m'offres un verre, est-ce cela?"

La surprise passa sur son visage avant qu'elle n'éclate de rire.

"Mais non voyons, veux-tu que je fasse faillite? Allez, rentre."

Ne sachant pas quoi faire d'autre, il la suivit dans sa taverne. Elle contourna le comptoir et se rangea derrière, semblant chercher dans ses étagères à alcool.

"Sacrée collection."

Siffla Erwin en s'asseyant sur un des hauts tabourets.

"Toi, il te faudrait...."

Elle se retourna un instant, l'oberva de haut en bas, avant de revenir à ses alcools. Elle saisit une bouteille, posa un petit verre devant lui et le remplit.

"Il te faut ça."

Erwin se pencha sur son verre et le sentit.

"Cela sent bon... On dirait une odeur de sapin...

- Un peu, qu'ça sent bon! C'est l'alcool le plus cher que je vends!

- Je n'ai pas beaucoup d'argent.

- Tu bosses?

- J'ai fait quelques petits boulots.

- Tes parents s'occupent de toi, alors?

- Ils sont morts.

- Cela tombe bien, regarde autour de toi."

D'un signe du menton elle désigna toutes la salle, où une dizaine de clients étaient éparpillés d'une table à une autre.

"Tous les gens que tu voies là n'ont personne d'autre à voir que leur choppe de bière. Ils ne gagnent pas beaucoup, mais la plupart viennent tous les jours. Je n'imagine pas ce qu'ils deviendraient si ce lieu fermait."

Erwin la regardait s'inquiéter pour ces gens, bien loin d'avoir un jour vu un bar autrement que comme un lieu de débauchés. Il sortit de sa poche quelques pièces et les plaqua sur le comptoir.

"Est-ce assez?"

Elle prit les pièces, et les compta une à une soigneusement. Elle les enfourna d'un coup dans la poche de son tablier et hocha la tête. Il saisit son verre.

"Cul sec."

Lui conseilla-t-elle. Conseil qu'il suivit, avant de tousser sèchement.

"Argh! Mais qu'est-ce que cette horreur?!"

S'exclama-t-il, la gorge brûlée.

"Ça nettoie, hein? Un deuxième?"

Elle allait le resservir avant qu'il ne pose sa main entre le goulot et son verre.

"Non merci, surtout pas!"

Il fit la grimace, sentant tout le trajet parcouru par l'alcool jusqu'à son estomac.