Chapitre 11

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Mon séjour à Hambourg passa à une vitesse incroyable. La journée, j'accompagnais Thomas en cours ou bien nous partions en excursion avec le reste du groupe. Le soir, il me rejoignait dans sa chambre, plus ou moins discrètement. Je pense que Mona et Hans n'étaient pas tout à fait dupes et qu'ils se doutaient bien que notre relation allait un peu au-delà de celle de simples correspondants.

Le weekend, pas de lycée, pas d'excursions. Il en profita pour me faire découvrir ses endroits préférés à Hambourg. Le dimanche, on se balada main dans la main autour de l'Auβenalster. Le lac était gelé et le parc, presque désert. Des chaises longues sur un ponton étaient recouvertes d'une fine couche de givre. Tout était blanc. C'était un décor incroyablement apaisant. Je repartais dans deux jours, mais ça ne m'angoissait pas. J'avais la certitude que tout irait bien.

Je quittai le chemin et allai m'appuyer contre un arbre, puis attirai Thomas dans mes bras. Après quelques baisers, il se retourna et colla son dos contre mon torse. Je l'enlaçai et nous restâmes immobiles plusieurs minutes, à profiter du paysage et de la présence de l'autre. Ces derniers jours, j'avais beaucoup réfléchi au futur, et je ne savais pas trop comment lui en parler. Finalement, les mots sortirent tous seuls :

« J'aime Hambourg. Je veux venir y étudier. L'année prochaine. Qu'est-ce que tu en dis ? »

Il se retourna vers moi et je compris ce que voulait dire l'expression avoir des étoiles dans les yeux. Ceux de Thomas étaient incroyablement brillants, immenses, plein d'espoir et de joie contenue.

« C'est vrai ? C'est possible ?

— Oui. Hambourg fait partie des villes où je peux partir en Erasmus. J'ai un bon dossier et, de toute façon, Laura et Marine veulent partir à Berlin. Si je demande Hambourg, je l'aurai. »

La fougue avec laquelle il m'embrassa fit disparaître mes dernières hésitations.

« Et toi, tu peux venir à Rennes cet été. Tes parents seront d'accord ?

— Oui. Ils t'aiment beaucoup, je crois. Et puis, je suis majeur maintenant, de toute façon. »

Je souris.

« Tu penses qu'ils ont compris que...

— Oui, rigola-t-il. Ils me connaissent bien. Je ne suis pas pareil quand je suis avec toi.

— Ah bon. Comment tu es avec moi ?

— Heureux. »

J'avais raison. Tout irait bien. Dans à peine quelques mois, il serait de retour à Rennes, et ensuite, je le suivrais ici. Ce serait dur de ne pas être physiquement avec lui, mais je savais déjà qu'on pourrait se parler tous les soirs, comme on l'avait fait avant que je vienne à Hambourg. Je le serrai un peu plus fort dans mes bras.

« Moi aussi, je suis heureux avec toi. »

Les nuages de neige qui menaçaient depuis ce matin percèrent soudainement. Un flocon atterrit sur le bout de son nez. Je le cueillis d'un baiser. Je pensai très fort « ich liebe dich » et lus « ich auch dich » dans ses yeux.


FIN

Le Correspondant inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant