Grogne-cœur ~ Terminé

Chapitre XXIV : Anecdotes de grogne-cœur

    Dès que je fais irruption dans la salle d'eau, je remarque tout de suite le blond accroupi devant mon placard. Ses yeux scannent lentement son contenu, à la recherche de tous mes produits de bain. Et, vu le bruit d'eau qui remplit la pièce, il a déjà commencé à remplir la baignoire.

  - Euh, Mikkel, quand tu dis que tu prépares notre bain, tu voulais dire...

    Doucement, il se tourne vers moi et son regard... son regard me fait quelque chose. Cette façon qu'il a comme de me caresser sans me toucher... C'est presque magique. Comme j'aimerai apprendre à lui rendre la pareille...

  - Je me doutais que ça pourrait te gêner, avoue-t-il avec un sourire timide. Alors me laisseras-tu au moins te tenir compagnie ?

    Après de multiples réflexions et arguments que je formule en moins d'une seconde, et étant donné que je n'ai pour l'instant jamais couru de danger en sa présence, je hoche prudemment de la tête. Cela suffit pour lui redonner de la bonne humeur. Il se met à siffler tout en récupérant les sels pétillants et les graines de lotus luciole.

    Pendant un instant, seule la mélodie de l'eau résonne dans la pièce, couvrant tout autre son. Pourtant, ce bruit n'est pas désagréable, je dirai même qu'il détend mes muscles tendus. J'aurais dû refuser de parler avec Eden et mon frère. Je savais déjà que cela allait mal tourner. Si seulement...

    Pas de "si", on peut toujours reconstruire tout un monde avec des regrets.

    Je me donne des gifles mentales, juste à temps pour voir que Mikkel a fini les préparations. Et, vu son regard, il n'attend plus que moi.

    Avec appréhension, je commence à retirer mes vêtements. Je veux dire, même s'il m'a déjà vu entièrement nue... Ce n'est pas la même chose. Avant, j'avais enlevé ma tenue parce que la situation l'exigeait et que l'ambiance était différente. Moins embarrassante. Disons que quelqu'un ne m'observait pas avec un regard si... insistant.

  - Mikkel, est-ce que tu pourrais ne pas fixer quelque chose d'autre ?

  - J'aimerai beaucoup, mais voir le bout de tes oreilles ou ta gorge rougir est absolument adorable.

    Voir ma...

    Cette fois, c'est sûr, je dois être aussi rouge qu'une tomate bien mûre. Je me débarrasse à toute vitesse de mes chaussettes, de mon pantalon et de ma culotte, puis m'immerge immédiatement dans le liquide chaud. Bon Dieu, et dire que j'ai montré à ce rustre une des parties de moi les plus secrètes et honteuses...

    N'ayant aucune pitié pour moi, le blond vient s'asseoir tout contre la baignoire et commence à y faire tomber les graines. Dès qu'elles touchent la surface, des corolles de toutes les couleurs s'en échappent, chacune surmontée d'un gros bulbe. Et, lorsque la lumière faiblit, jusqu'à s'éteindre complètement, toute l'ambiance change. On se croirait presque dans un conte de fées.

    Mais mon copain n'en a pas terminé là. Avec un air rêveur, il ouvre le bocal de sels pétillants et en saupoudre mon eau. Et je ne peux retenir un soupir de bien-être.

    C'est le paradis sur terre.

  - C'est parfait. Merci beaucoup.

  - Mais de rien, répond-t-il, heureux. Tu avais l'air d'en avoir bien besoin.

    Et comme ça, un silence passe. Pendant plusieurs minutes, j'oublie mes problèmes. La chaleur m'aide à me concentrer sur d'autres choses. Les notes légères des plantes, couplées à l'odeur gourmande de la vanille et celle fraîche de l'eucalyptus, me font déjà voyager. Les yeux fermés, j'ai comme l'impression de m'évader, d'échapper enfin à la réalité...