Chapitre XXVII : Présentation de grogne-cœur

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    Il est enfin arrivé. Et, à ce stade, je ne saurais même pas dire si j'aurais préféré avoir une journée supplémentaire pour me préparer ou non.

   Après qu'ils aient beaucoup - et beaucoup - insisté, j'ai finalement accepté d'emmener avec moi Delaïssa et Barry. Quant à Brigitte et Athéna, j'ai préféré les laisser monter la garde et s'assurer que mon concurrent ne tenterait rien de stupide pendant que je ne suis pas là. J'espère me tromper et voir qu'au final, tout ira bien.

    Je glisse un coup d'œil à ma droite. Le centaure et la lamia sont en train de lancer des regards mauvais à un trentenaire assis plusieurs chaises devant moi, qui n'arrête pas de se présenter comme "le directeur de la meilleure compagnie de sortilèges de Flance". Eh bien, son ego est aussi gros que celui de ses employés. Et, vu les sourires en coin qu'il me lance, il est conscient que je le vois et en est satisfait.

    Je le laisse parader, pas vraiment impressionnée par ce nouveau coup bas. On verra bien, d'ici une petite heure, s'il est toujours aussi fier de lui.

    À ma gauche, et pour au moins la quatorzième fois depuis que nous sommes assises sur ces chaises, Eden gigote comme un asticot. Depuis au moins vingt minutes, c'est toujours le même cirque et toujours les mêmes questions : "Ça va bientôt commencer ?", "Mon chignon tient toujours ?" ou encore "Avec des talons aussi hauts, je vais tomber et ils vont tous se souvenir de ma maladresse...".

    N'y tenant plus, je me retourne vers elle et gronde en retenant avec peine mon irritation :

  - Eden ?

  - Oui ? couine-t-elle en sursautant.

  - Concentre-toi sur le fait que tu vas réussir. Tu as déjà répété plusieurs fois devant moi ces derniers jours, tu maîtrises tout à la perfection. Nous avons vérifié que tu étais à l'aise dans ta tenue, et tu m'as assuré que tu pouvais porter ces escarpins sans problème. Sans oublier que tu es la seule à proposer des produits aussi uniques, dans toutes les entreprises présentes ici. Il n'y a aucune raison pour que ça se finisse sur un échec.

  - Mais si je gâchais tout ? Grace et Griselda ont mis tout leur cœur pour m'aider à tout fabriquer dans les temps, et je détesterai devoir leur dire que je ne suis pas retenue.

  - Alors si ce n'est pas aujourd'hui, tu auras une autre chance une autre fois. Arrête de broyer du noir et regarde plutôt le bon côté des choses : c'est une chance extraordinaire d'être là. Tu as ouvert il y a moins d'un an ta boutique, et tu te retrouves propulsée au même stade que ma société, qui a fêté ses cinq ans.

    Son regard s'illumine un instant, avant qu'elle ne se tourne vers son familier. Bien, maintenant qu'elle a retrouvé sa bonne humeur, je vais pouvoir souffler un peu...

    J'ai parlé trop tôt.

    D'un coup, les portes de cet auditorium s'ouvre et la délégation fait son entrée. Grâce à mes recherches sur KnowItAll, je reconnais certains gros patrons, dont les "empires" sont connus jusqu'en Flance. M. Hummel possède l'une des plus grosses compagnies d'événementiel du continent, et les bijouteries de Mme. Naess fabriquent des merveilles fréquemment portées par des célébrités. Quant à M. Raske... Il s'occupe d'une franchise de magasins de meubles, dont la facilité d'assemblage et de transport a révolutionné le marché.

    Si ne serait-ce qu'un seul de ces trois géants signent un contrat avec moi... J'ai des chances de m'en sortir.

    Avec les nouveaux arrivants, je repère Sir Frédérique Luvkan ainsi que sa femme et son fils, et Laurent Lorenzo, en grande discussion avec un homme tout aussi vieux et bien portant. Je commence à me lever, prête à aller les saluer et à engager la discussion de manière fluide...

Grogne-cœur  ~ TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant