Grogne-cœur ~ Terminé

Chapitre V : Retour de grogne-cœur

    Après avoir eu une journée épuisante à traiter avec des idiots - dont Barry-, je ne pensais pas devoir en affronter un nouveau juste devant mon immeuble. Pourtant, j'aurais dû me douter que celui-là me tomberait dessus un jour ou l'autre. J'aurais juste préféré que ça soit, disons, dans plusieurs mois. Voire plusieurs années. Voire jamais.

    Mais on ne se débarrasse jamais vraiment d'un parasite de première.

  - Mme Santerre !!! Venez me parler si vous êtes un homme !!

  - M. Durand, je vous conseille de vous racheter des lunettes parce que je suis une femme et que je n'ai pas votre "fabuleux" appareil génital qui vous fait agir comme un crétin macho.

    Mais l'animal ne s'arrête pas là. Oh que non. Il me suit de près pendant que je monte les escaliers et je peux sentir sa vilaine haleine dans mon cou pendant qu'il reprend, nullement déconcerté :

  - Vous croyez que vous pouvez me traiter comme ça ?!! Vous m'avez allumé tout le mois dernier et vous pensez pouvoir vous échapper ?!! Je sais que vous me désirez !! Vous ne pouvez pas m'ignorer et faire comme si de rien n'était !!

    Rageusement, je me retourne vers lui, endossant mon masque de glace. Celui froid, calme, impitoyable qui m'a valu une si mauvaise réputation dans ma start-up. Excellent pour faire comprendre aux imbéciles qu'il ne m'arrive même pas au talon.

  - Je ne vous désire pas, M. Durand, et ne sais pas où vous allez chercher toutes vos histoires. Mais vos fantasmes feraient bien d'arrêter, parce que je n'ai pas le temps pour des conneries pareilles.

    Et je le plante là, parcourant les dernières marches et les derniers mètres jusqu'à mon appartement. Mais, pire qu'un bouledogue enragé, il revient à la charge, me plaquant contre le mur, les mains serrées sur mes poignets. J'en oublie le choc dans mon dos pendant que chaque millimètre carré de peau contre la sienne semble brûler. Je serre la mâchoire, retenant le cri de douleur qui monte de ma gorge. Une violente envie de meurtre me prend.

    Salaud !!!

  - Regarde comme t'es excitée !! me souffle-t-il pendant que je le fusille du regard. Et tu dis que tu ne me désires pas !! T'es une sacrée coquine, en fait !!

    Je suis à deux doigts de lui cracher au visage. De lui tordre le cou. Et de lui faire avaler ses couilles.

    Puis, j'entends une porte qui s'ouvre, et deux jappements très familiers. En trois secondes, Kingston mord à pleines dents le pied du pervers/malade mental pendant que Bucna referme sa gueule brûlante sur le premier bras à sa portée. Je ne devrais pas, mais... une puissante pulsion perverse me secoue de part en part. Une seule phrase tourne en boucle dans ma tête tandis que le doux goût de la vengeance se répand dans ma bouche.

    Bien fait pour lui.

    Une poigne ferme m'aide à me relever et, quand je me retourne, Bidule me fait face, toujours habillé des affaires de Seb. Mais pas de sensations douloureuses, même si un peu désagréables. Je baisse les yeux et... aperçois le torchon qui empêche tout contact cutané.

    Au moins, lui a compris que me toucher directement était interdit.

  - Désolé, je n'avais que ça à portée de main, s'excuse-t-il en désignant du menton le tissu. Même si j'imagine que c'est mieux que rien...

    Je hoche de la tête, me reconcentrant sur le tas de chair écœurant qui s'égosille sans s'arrêter. Mais je suis persuadée qu'il recommencera sans hésiter. Parce qu'il est tellement piégé dans ses propres illusions qu'il ne les différencie pas de la vérité.