Au fond des clairs-obscurs, au bord de la nuit trouble, l'éther appesanti couve la planure lourde et nantie de sa couverture. Il flotte un air de Thrènes dans ces traînées brouillonnes ; dans ces quiets coteaux les mélopées sont douces. Lentement se lèvent au vent les gazons sauvages, alors que l'Aube palpitante se fait attendre. Elle marquera l'amorce du rendez-vous. Les mélipones évadées, le ciel se peint d'uniformité, et quiert des ravalements fuligineux. Les voûtes font frémir leurs pleureuses :
La campagne assoiffée attend la réunion
Quand se repose et se signe l'agreste oraison
Les Nénies reprennent leur dernier lamento
Et au loin frémit la suspension du voceroC'est là qu'un cabot s'en va dans le val, et se faufile entre les pics des vignes dressés comme des croix de morts. Le corbeau trépigne sur le rameau qui ne semble pas le buste de Pallas, depuis qu'il a pris congé des Hommes. "Jamais Plus!"
Dorénavant serein, le canidé clabaud a fuit les surins, les histrions, les Hommes et leur quête de Nepenthès, et s'avance vers les champs ras qui lui ouvrent tout grand leurs bras alanguis. On voit son extrémité cynocéphale dépasser furtivement des vétustés vêtues de verts duvets, dans son habit lavasse faire une tâche sans saugrenuités, car ses loques couleur fin de nuitée s'accordent aux vestiges de sa gueule saumâtre. Au travers de sa conjonctivite il cherche le point de conjonction.
Alors il s'étend et attend que le crachin l'évapore, que son analogue, cette terre l'engloutisse, et le museau relevé voit les fuseaux des poteaux téléphoniques qui piquent les tardives nippes d'aurore de leur quenouille. En les agglomérats anthropiques on n'expire que lentement en exports souffreteux ; lui n'espère plus les ports bilieux, dans le pacage il respire mieux. Dans la glèbe on ne triture plus l'Érèbe.
La fusion vient : il le sent. Sa carcasse solide et enfin reposée retrouvera le terreau des collines. Et tel le pauvre abandonné par les misérables, il cônit en silence, comme une offrande aux pâtures. Il s'éteindra peut-être comme une flamme qui vacille sur la fin de son autodafé, l'âme enfin trempée dans le potron-minet, qui sait ? Et leurs particules seront dès lors réunies.
Comme le dit cet air de dicton : La poussière retourne à la poussière.Bientôt les Moires boiront des déchets de météores.
Et se distilleront à nouveau ses cendres de nébuleuse, pour de nouvelles retrouvailles.○○○
Thème : Les retrouvailles
Contrainte : Personnage principal non-humain et non-humanoïde.
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Les cycles des courtils
PoetryPuisque j'ai l'habitude de souvent fermenter de la gadoue, et que l'on plante de tout dans les jardins cervicaux, autant recycler ses patchwork de ruclons. En clair, la partie cachée de ma marmaille, sans forme, sans raison, à l'orée de l'éclaircie...