L'ennemi

Prologue

Le 27 février 1944,

J'écris cette lettre pour coucher sur papier mes sentiments et mes souffrances, afin d'espérer aller de l'avant et ainsi me sentir mieux.

Ces derniers jours n'ont été que chaos et abomination : ma vie a connu de violents bouleversements irréversibles. Il y a 3 jours, mon père, ma mère puis ma sœur Nathalie seulement quelques minutes plus tard ont été exécutés devant mes yeux sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Les allemands ont fait un véritable carnage en mettant à feu et à sang mon village. Il ne me restait plus qu'à fuir, en espérant rester en vie malgré la douleur qui me ronge. Plusieurs personnes ont fait la même chose que moi, mais nos chemins ont été séparés et je ne sais pas si à l'heure actuelle ils sont toujours en vie.

Finalement, je crois que j'aurais préféré mourir à leurs côtés plutôt que de souffrir de manière atroce, dans un monde horrible qui n'est pas le mien. Ma souffrance est si intense qu'elle est en train de me ronger de l'intérieur. Je me sens si vide, comme si quelqu'un avait emporté un morceau de mon âme avec lui. Mon cœur est si meurtri, je ne crains qu'un bout se soit déchiré et ait été emporté par ma sœur et mes parents dans l'au-delà, ainsi que mon envie de vivre. A quoi bon vivre dans cette guerre sans merci et interminable sans les personnes que nous aimons plus que notre propre vie ? C'est impossible et je ne crains qu'il n'y ai pas de remède miracle. Mon cœur saigne tellement, dire que je ne reverrai jamais mon père fabriquer toute sorte d'objets, ma mère en train de préparer le repas, ou encore ma petite sœur jouant à la poupée... Elle n'aura jamais pu grandir et connaître le bonheur véritable, c'est à dire loin de cette guerre qui n'en finit pas ! Pourquoi la vie est si injuste, qu'avons nous fait pour en arriver là ?!?

Pourtant, quelque chose au fond de moi me dit que tout n'est pas fini, qu'il faut garder espoir. Trouverai-je un jour le bonheur véritable où cette guerre ne sera plus qu'un sombre souvenir ? Je l'espère de tout cœur. Dans tout les cas, si il faut que je me batte pour l'obtenir alors je me battrais. Et j'y mettrais corps et âme pour être heureuse.

L'espoir fait vivre...

Après le massacre, j'ai marché jour et nuit pour m'éloigner le plus possible de ceux qui avaient causé mon malheur. Sur ma route, je suis tombé sur un de leurs semblables qui me paraissait pourtant différent de ceux que j'avais pu croiser : c'est un être brisé comme moi-même. Ayant bon cœur, j'ai décidé d'aider ce soldat allemand blessé. Nous nous sommes donc réfugiés dans une vieille auberge abandonnée ou je l'ai soigné.

Toujours est-il que je ne vais pas pouvoir rester ici bien longtemps. Je repartirai dès que le soldat allemand se sera rétabli. Dès lors, je trouverai un moyen de passer la frontière française afin de me réfugier en Suisse. Seul l'avenir me dira ce qu'il adviendra.

Nelly Bornarel