Chapitre I

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Gerard

Les mains posées sur mon volant, le soleil dans les yeux, je n'avais aucune destination en tête je tournais en rond dans le quartier. La conversation tournée en boucle, les mots d'Eliza tournés en boucle, « notre relation doit rester strictement professionnel ».

J'avais envie de foutre mes dures années de sobriété en l'air, alors je continuais à conduire comme si cela me mènerait autre part que dans un magasin plein d'alcool ou dans un bar. Je ne savais plus quoi faire. J'avais besoin de quelqu'un pour me tenir compagnie si je ne voulais pas replonger.

Doucement, je garai la voiture sur le bord de la route et pris mon téléphone, je ne savais pas qui appeler, je voulais quelqu'un de confiance. J'aurai appelé Ray en temps normal mais il n'était pas en ville, Mikey avait un date ce soir, et Frank, Frank s'en bat probablement les couilles, c'était facile de penser ça. Personne vraiment personne.

La voiture redémarra, je n'avais qu'une seule option finalement, tout foutre en l'air.

✧✧✧

Je ressortis du magasin avec deux bouteilles. Assis dans ma voiture, je débouchai la première délicatement et ingurgita le breuvage qui me brula lentement l'œsophage, huit, neuf, dix gorgées. Les dix premières gorgées de foutage en l'air de sobriété étaient les meilleures, une pointe de nostalgie surgit en toi, un manque se comble. Quand on est addict une fois, on est addict pour la vie c'est bien connu.

Il fallait que je dégage de là, le parking était bondé à une heure pareille et si des gens me voyait j'étais profondément dans la merde, la presse ça apprend tout bien trop rapidement. Le soleil venait juste de se coucher, les phares allumés, je me mis à conduire jusqu'au lac Shawnee pour me bourrée la gueule.

Assis au bord, ma meilleure amie la bouteille de Vodka à côté de moi, je fixais l'eau et prenais quelques gorgées quand j'en sentais le besoin, assez régulièrement pour le coup. J'avais fini par perdre la notion du temps, c'était mauvais signe, les arbres autour du lac commençaient à tourner, c'était très mauvais signe. Deuxième phase du foutage en l'air de sobriété, les conneries, et les messages pas réfléchie comme par exemple celui-ci.

From Gerard to Frank : Mec j'ai merdé, j'ai besoin de toi, même si ton cul a fucking pas envie de ce levé aide moi, please.

Je me faisais marrer tout seul, du coup j'avais envoyé bien sûr.

Et enfin la troisième phase du foutage en l'air de sobriété c'est le regret, le bon gros regret qui te pèse bien sur les épaules, jusqu'à te faire tomber, par terre. J'étais bien là coucher sur l'herbe à moitié inconscients. Mais une douce voix si familière perça le silence qui s'était paisiblement installée.

- Merde, merde, merde, Gee, putain dans qu'elle merde tu t'es foutue. Avait prononcé Frank en arrivant sur la scène de mon crime. 

Without You, Is How I disappear | Frerard |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant