Je me fais réveiller par une main sur le haut de mon bras. Il me faut quelques secondes avant de réaliser et d'hurler.
Un marcheur dans ma maison, ma voisine à dû prévenir pour le fil.
-Pas trop fatigué ? Monsieur qui se couche à pas d'heures.
-Pardon ?
-Tu allumes ta tablette à minuit et tu penses que ça ne se saura pas?
-Je n'ai pas le droit d'allumer ma tablette à minuit ?
-Si, si, mais par contre tu n'as pas le droit de décaler ton heure de sommeil comme ça. Ta voisine nous a dit que tu te levais très tard.
Très tard ? Elle se fou de moi ?
Je regarde la personne avec les sourcils froncés d'incompréhension et de surprise.
-Je ne me lève pas tard car mon heure de sommeil est décalée, je me lève tard car je n'ai pas envie de sortir de mon lit, et je sais que quand je suis éveillé je m'ennuie. Je répond.
-Habille-toi, on va parler un peu.
Iel sort de ma maison et mon cœur palpite. J'imagine qu'iel m'attend dans le jardin. Je ne sais pas ce qu'il va se passer, je vais être privé de mes plantes ? Je vais me faire crier dessus ? Je vais avoir un test spécial ? Quelqu'un qui vérifie mon heure de sommeil ? J'ai peur, et en même temps je suis excité, il se passe enfin quelque chose. Même si j'ai des problèmes, ça sortira un peu de ma routine.
J'ouvre le petit meuble à côté de mon lit. Dedans se trouve des dizaines de t-shirt bleus pâles, avec, à côté, des dizaines de pentalons gris clairs, tous bien rangés, bien repassés, bien pliés.
Je prends le premier t-shirt, le premier pentalon et je les enfile.
Puis, je prend un élastique et me fait une queue de cheval rapide.
J'avance vers la porte et sort, bien habillé. Je regarde la personne et elle me regarde en retour, puis s'assied sur l'herbe.
-Assied-toi.
J'obéis, et lae regarde.
-Tu vas bien ? Me demande-t-iel.
-Oui.
-Sûr?
-Non.
-Je vois.
Iel prend une mini tablette de sa poche et se met à écrire des choses avant de la ranger à nouveau.
-Tu n'aimes pas ta nourriture ?
-Si, si.
-Tes voisins ?
-Ils sont étranges mais cool.
Je regarde à côté de moi. Ma voisine, où est-elle ? Elle est sensée être dehors à cette heure-ci ?
-Lise, el-
-Elle est à l'intérieur. Je lui ai demandé de rester chez elle et de ne pas écouter, le temps qu'on parle, tous les deux.
Ça fait si bizarre que quelqu'un s'intéresse à moi, j'ai des papillons dans le ventre.
-Vous allez me donner un nouveau bac ? Dis-je en souriant.
Iel regarde mon bac.
-Tu n'aimes pas celui là ?
-Si si. Je veux pas qu'on me change mon bac, je me demandais si je pouvais en avoir un nouveau.
-Non.
Clair et précis, c'est déjà bien.
-Si tes voisins et ta nourriture sont bien, où est le problème ?
-Le trou dans ma grille.
C'est sorti tout seul, ce n'est même pas un problème.
-Tu veux qu'on te remplace ta grille ?
-Je veux...? Pas vraiment.
-Et bah alors.
-Ce n'est pas obligatoire ?
-Non, pas un trou aussi petit et haut. M'informe-t-iel.
Ma voisine est donc un poil dans l'exagération.
-Alors ce n'était pas un problème. Me dit-iel
-Effectivement.
-Voyons, Matt, tu nous caches quelque chose ? Tu peux nous dire si tu as un problème. Dans le test, et à moi.
-"Vous" ne m'aiderez pas.
-Alors qu'est-ce que je fais là ?
Iel a un point. Ils ne s'en fichent pas tant que ça de moi, vu qu'ils demandent à quelqu'un de venir dès que je me couche un peu tard.
Des larmes se mettent à couler de mes yeux, sans raisons particulières, je suis juste triste. Iel prend un air surpris, puis pose sa main sur mon épaule.
Iel ouvre la bouche mais je répond avant qu'iel se mette à parler.
-Je suis seul, triste, et je m'ennuie.
Mes yeux piquent, et je peux voir que les siens aussi.
-Tu veux vraiment un nouveau bac ?
-Non, c'est pas ça, j'en ai juste marre.
-Marre de quoi ?
-Je sais pas.
Je vois dans son visage qu'iel se retient de me dire quelque chose qu'iel aimerait beaucoup dire. Quand iel aperçoit que je lae regarde, iel baisse les yeux.
-Tu as des frères et sœurs ?
-Oui.
-Comment ils s'appellent ? Je pourrai demander à te déplacer près de l'un d'eux.
-Je ne sais plus.
Ça fait trop longtemps que je ne les ai pas vu. Et on n'utilisait pas vraiment nos noms, on se criait juste dessus si on voulait s'appeler.
-J'ai besoin d'un câlin. Je dis.
-D'accord, mais je ne peux pas t'en donner.
Je me mets à sangloter, ce qui lae met visiblement très peu à l'aise.
-Tu n'es pas sensé pleurer comme ça, pourquoi tu pleures ?
-Parce que je suis triste.
-Ah... Ouais.
Iel regarde derrière iel, puis à droite. La gauche étant cachée derrière ma maison. Puis, iel regarde au dessus de nous.
Iel s'approche et me prend dans ses bras.
C'est très bizarre, ça fait des années que je n'ai plus eu de calins, alors je lae sert contre moi et iel se décale petit à petit.
-N'en parle pas, s'il te plaît. Me dit-iel
-Je garderai ma parole.
Iel ressort sa petite tablette et écrit de nouvelles choses dedans, je regarde le sol et joue avec l'herbe en attendant.
-Tes plantes sont très jolies. Me dit-iel en écrivant. Comme si c'était quelque chose qu'iel gardait à l'intérieur depuis un moment.
-Ça me fait plaisir. Je répond, même si j'avais plutôt envie de dire quelque chose comme "Toi aussi, tu es joli.e", mais je ne pense pas avoir le droit.
-Heureuse que ça te fasse plaisir.
Donc c'est une fille.
Je la regarde en souriant, puis je passe ma main sur ma joue pour essuier mes larmes.
-Je fais devoir partir. J'ai demandé à ce qu'on te donne un nouveau bac, j'espère que tu t'amuseras bien.
-Tu ne reviendras pas ?
-On verra.
Elle se lève de la plouse et tappe quelque chose sur son téléphone. Après quelques minutes, un gros drone arrive vers nous et se pose sur le sol. Elle monte dessus, me faisant un signe "au revoir" de la main, et s'envole avec lui.
-Au revoir, Matt, j'espère que tu seras heureux.
Je ne répond pas.
