14) La sortie du couloir

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6789 arrive avec une pile de vêtements bleus et gris, comme nos vêtements habituels.
Il les pose sur le sol et soulève une partie de la pile, qui cachait deux uniformes.

-Dépêchez vous. J'ai fais attention à ce que personne ne me voit entrer seul. Si on resort à 3 avec un air naturel, on n'attira pas l'attention, c'est courant d'être plusieurs inspecteurs en même temps dans les chambres. Essayez juste de ne pas paniquer.
-J'ai une question à poser, dis-je en enfilant la chemise, comment tu es arrivé là ? Les sujets comme nous peuvent devenir des patrouilleurs ?

Il rigole.

-Je ne suis pas un patrouilleur ! Je suis inspecteur. Bref, non, ils ne peuvent pas. Mon patrouilleur était trombé amoureux de moi quand j'étais encore enfermé. Il m'a donné un coup de pouce.

J'ai plein de questions qui se bousculent pour savoir comment un patrouilleur peut faire passer un sujet pour un inspecteur sans que personne ne se pose de question.

-Mais où as tu eu un ba...
-Dépêche toi de t'habiller !

J'enfile vite le pentalon, assez gêné de me changer devant des gens.

-Comme je disais, quand on va sortir, aillez l'air naturel. On va devoir se séparer car je dois retourner à un autre endroit, et notifier ma présence avant que des gens s'inquiètent.
-Mais nous, où allons-nous ?
-Tout droit. Je vais rester avec vous jusqu'à un endroit, puis je vous ferai un signe de tête, ça sera le moment où je devrais partir. Vous, vous continuerez tout droit dans le couloir. Et surtout, ne prenez pas à gauche ou à droite, continuez juste tout droit.
-Et après ?
-Vous verrez.

J'échange un regard avec Lise. J'ai mal au ventre. Je n'ai pas pris mes médicaments ni hier, ni ce midi, et je me sens beaucoup plus stressé que d'habitude. Ou alors c'est l'évasion qui me tend, à voir.

-Ouvre la porte, c'est toi qui as le badge.

Je m'avance et déverrouille la porte. 6789 reprend le devant et sort.

J'essaye d'avoir l'air naturel, mais je ne peux pas m'empêcher de regarder autour de moi. Cet endroit est un labyrinthe.

Nous sommes dans un grand couloir où sont plein de portes les unes à côté des autres, numérotées, à gauche. Et à droite, plein d'autres couloirs et de flèches dans tout les sens. 6789 en prend un d'entre eux, à l'interieur, c'est encore plus le bordel. Plein de couloirs se relient entre eux. Certains sont plus fins que d'autres, juste assez pour qu'une personne ne passe, et d'autres sont plus gros, sûrement des couloirs beaucoup empruntés.
On tourne une dizaine de fois jusqu'à arriver à un grand couloir.

6789 nous fait un signe de tête et disparaît dans un des fins couloir. Nous devons donc continuer dans le couloir plus large, encore et encore, puis, "on verra".

J'angoisse à chaque fois que quelqu'un passe à côté de nous. On ne nous regarde pas, personne ne fait attention, mais j'ai toujours peur qu'ils voient que l'on n'a pas de badge.

Ce couloir à l'air sans fin, et pourtant, pas mal de personnes vont dans le même sens que nous. Pourquoi ne nous a-t-il pas dit quoi faire au bout ? Il n'avait pas le temps ? C'était évident ?

Nous avançons encore une vingtaine de minutes et j'arrive à voir la fin. Nous sommes encore assez loin, mais j'ai compris.

Derrière ce couloir se trouve une route. Une route à l'extérieure. La route qui passe entre les grilles des maisons.

Soudains, je reconnais quelqu'un qui sort d'un couloir fin et avance vers moi.

C'est 2782, elle porte une pile de boites, et elle est accompagnée de quelqu'un derrière elle.

Mon corps ne peut s'empêcher de trembler, j'ai l'impression que je vais vomir de peur. J'essaye de masquer mon malaise et continue d'avancer, mais 2782 se rapproche, jusqu'à arriver devant moi.

Sa vision est un peu encombrée par toutes les boites qu'elle porte.

-Je ne trouve pas d'inspecteur. Prend-ça, et amène le a la chambre six-mille-cinq-cent-qu...

Elle me regarde dans les yeux et lâche toutes ses boites, avec une expression affolée sur le visage.

-Qu'est-ce qui se passe ? Lui demande son binôme.
-Rien, rien du tout. Je suis bête, vraiment. Répond-elle en ramassant les boites.
-Pourquoi tu n'as pas ton badge, toi ? Me demande-t-il.

Lise n'a pas le temps de réfléchir qu'elle se met à sprinter le plus vite possible.

Je n'arrive pas à partir, je me recule, baisse la tête et fais de mon mieux pour ne pas pleurer.

-Je suis désolé. Dis-je.

2782 prend ma manche et me pousse dans la direction de la sortie.

-Casse-toi, casse-toi, pars, maintenant, cours, allez!

Je la regarde quelques secondes avant d'avancer avec hésitation.

-Barre-toi !

Je me retourne et cours le plus vite que je peux. Je peux entendre le gars qui était avec elle qui lui demande ce qu'il se passe. Quand je tourne la tête vers eux, 2782 lui fais un croche-pied et il tombe. Elle lui dit des choses que je ne peux pas entendre pendant qu'il est encore sur le sol.

J'arrête de les regarder et fixe la sortie, mon pas se ralenti doucement quand je comprends qu'ils ne vont pas me courir après. Même si tout le monde me regarde bizarrement, personne ne s'arrête vraiment. J'essaye de cacher l'endroit où mon numéro pourrait se trouver avec mon bras.

Quand je reprends un rythme de marche normal, les gens arrêtent de me regarder.
J'ai atteint la sortie du couloir.

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